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17/06/2005
L’irrésistible ascension de Hillary « Rodham » Clinton
(ou : quand les femmes s’en mêlent)


(MFI) Issue de la classe moyenne du Midwest, Hillary Rodham est douée d’une intelligence qui lui permet d’intégrer une université prestigieuse. Elle y brille, y milite, y fait la connaissance d’un étudiant nommé Bill Clinton, qui lui semble promis à un avenir exceptionnel. Biographie sans complaisance de l’ex-Première Dame des Etats-Unis, qui en deviendra peut-être – en 2008 – la première présidente.

C’est l’histoire d’un couple qui part en voyage. Sur la route, ils s’arrêtent dans une petite station service. La femme s’appelle Hillary, l’homme Bill. Hillary, montrant le pompiste à son mari : « Je suis sortie avec ce type, dans le temps ». Bill, amusé : « Si tu l’avais épousé, tu serais coincée ici, au lieu d’être mariée au président des Etats-Unis ». Hillary, vipérine : « Non, si je l’avais épousé, c’est lui qui serait président ! » Anecdote apocryphe ? Peu importe. Se non è vero, è bene trovato : « Non seulement Hillary servit de stratège à son mari, mais elle joua aussi le rôle de sauveteur. Maintes fois, elle se jeta dans les vagues pour secourir un époux qui sortait la tête de l’eau pour aspirer une dernière goulée d’air », note le biographe Christopher Andersen dans l’introduction de cette épaisse et incisive biographie consacrée à l’ex-First Lady américaine.
Drôle d’endroit pour une rencontre : quand, en 1970, sur le campus de l’université de Yale, elle pose pour la première fois ses yeux sur Bill Clinton, issu d’une famille de pauvres Blancs du Sud, Hillary Rodham n’est qu’une petite étudiante en droit qui milite contre la guerre du Vietnam et se soucie comme d’une guigne de sa tenue. Les photos de l’époque montrent un bas-bleu ingrat et grassouillet, fagoté dans d’informes tuniques indiennes. La même, trente ans plus tard : nouvelle couleur de cheveux, nouvelle coupe, époustouflantes tenues de soirée griffées Balmain ou Oscar de la Renta, tailleurs pastels aux impeccables coupes made in Italy. Entre les deux, que s’est-il passé ? Justement, rien, note Christopher Andersen. Et de le prouver en 400 pages : pour ce biographe qui s’est déjà frotté à ce que l’on nomme poliment outre-Atlantique « de fortes personnalités » (Jane Fonda, Jackie Kennedy), au début des années 1970, déjà Hillary avait fixé ses objectifs sur la Maison-Blanche.

Chèques de cinq chiffres

By any means necessary ? Forcément. Ce n’est donc pas à la naissance d’une ambition que l’on assiste dans ces pages, mais à la mise en œuvre des moyens de la réaliser : précise, méthodique, sans pitié ni scrupules. De toutes les First Ladies américaines, nul doute que Hillary Rodham Clinton est celle qui a le plus contribué à la carrière de son turbulent, cavaleur, velléitaire de mari (« Chaque matin, je dois lui botter les fesses »). Nulle n’a tenu une place aussi importante à la Maison-Blanche : « On affecta plus de collaborateurs à Hillary qu’à Al Gore, et à juste titre. Elle participait aux réunions, gérait l’emploi du temps du président et recevait en entretien les candidats à un poste. Dans de nombreux cas, la First Lady jouait le rôle de chef de cabinet en terme de responsabilité et de discipline ».
Il apparaît très vite qu’elle est très douée pour la collecte de fonds, toujours prête à prendre son bâton de pèlerin pour aller cajoler, flatter, au besoin menacer personnalités du show-biz ou richissimes hommes d’affaires pour les convaincre de signer leur chèque de cinq chiffres au Parti démocrate. Cela ne lui suffit pas. Normal, derrière le plan A (amener Bill à la Maison-Blanche) se trame un plan B : devenir la première présidente des Etats-Unis d’Amérique.
D’où un déploiement de charme tous azimuts en destination de l’Amérique des minorités : tandis qu’elle flatte d’une main la communauté noire, Hillary cajole de l’autre la cause palestinienne, délivrant à intervalles régulier des propos antisionistes, pour ne pas dire franchement antisémites qui lui vaudront l’amitié de Yasser Arafat [lire encadré] mais manqueront lui griller de quelques milliers de voix, quelque temps plus tard, l’accession au poste de sénateur de l’Etat de New York.
Dès la nomination de son mari, elle dévoile des appétits sans commune mesure avec celui des First Ladies précédentes (traditionnellement dévolues aux inaugurations d’orphelinats et autres dîners de charité). Souvent au grand dam des proches de Clinton, qui supportent avec un stoïcisme de plus en plus las son interventionnite aiguë : « Au fil des ans, d’innombrables collaborateurs s’étaient raidis dès que Clinton commençait une phrase par les mots familiers « Hillary dit » ou « Hillary pense ». Il était entendu que, quel que soit le sujet, il fallait prendre au sérieux l’opinion de la Première Dame ».

Puis vint le Monicagate…

En mars 1995, elle rentre d’un voyage de quelques jours dans le sud de l’Asie avec à ses trousses l’indispensable meute de photographes (Hillary sur le dos d’un éléphant au Népal, Hillary devant le Taj Mahal, Hillary visitant l’orphelinat de mère Teresa à Calcutta…). Elle ne sait pas que pendant son absence, Bill a entamé son « flirt » fatal avec une jeune stagiaire de 22 ans, Monica. Pour Hillary, devoir couvrir les frasques de son mari n’est certes pas une première : avant Monica, il y eut Elizabeth, Patricia, Lisa, et « ces centaines de prostituées » que Bill, alors Gouverneur de l’Arkansas, faisait recruter par ses troopers [policiers chargés de sa protection]. Et avant elles Susan, Sally, Lencola, une ancienne miss Arkansas. Et Paula Jones, encombrante secrétaire que 850 000 dollars discrètement versés par les Clinton ne suffirent à faire taire. Liste interminable, où les petites putains des trottoirs de Little Rock côtoient la star Barbra Streisand. La « nouveauté » Monica n’est pas qu’un président entame une liaison extra-conjugale (la vie politique américaine regorge d’histoires similaires), ni que celle-ci ne soit que la dernière ligne (en date) d’une interminable liste de conquêtes tendant à accréditer cette confidence sur l’oreiller livrée par Clinton, se présentant à l’une de ses groupies comme un drogué « du sexe et de la bouffe ». Mais qu’elle ait conduit un président des Etats-Unis à faire sous serment des déclarations qu’une simple petite robe bleue de chez Gap vint brutalement démentir. Si tous les efforts d’Hillary ne suffirent pas à barrer la voie à l’implacable machine judiciaire menée par le procureur Kenneth Clark, la conduite qu’elle tint dans la tourmente prouva que l’heure du plan B avait pour elle sonné. « Elle fit clairement comprendre qu’elle avait été manipulée par Bill et qu’en le défendant auparavant, elle n’avait jamais sciemment menti au peuple américain. C’était une position qu’elle devait adopter, ne fut-ce que pour préserver sa propre crédibilité. Il y avait quelque ironie à ce que l’indigne conduite de son mari ait eu pour conséquence de faire grimper en flèche la popularité de Hillary dans les sondages. Elle était l’exemple même de la femme injustement traitée, montrant dans l’adversité une grâce qui étonna jusqu’à ses critiques les plus durs. » Comme tout le reste, cette « grâce » ne fut bien sûr qu’une pierre de plus, jetée à point nommé sur le sentier de la Maison-Blanche. Comme elle le confia à une amie : « En ce moment, je ne sais pas s’il a un avenir, mais j’ai bien l’intention d’en avoir un. » Dont acte.

Hillary Clinton, objectif Maison-Blanche, Christopher Andersen, presses de la Cité, 360 pages.

Elisabeth Lequeret


Extrait
Hillary et Yasser Arafat


(MFI) La First Lady était sûre de bénéficier d’une avance importante dans les communautés noire et hispanique. Mais à cause des tensions entre Noirs et Juifs, du baiser qu’elle avait donné à l’épouse d’Arafat, de son soutien à un Etat palestinien et des mots de « sale Juif » qu’elle aurait prononcés, elle craignait de perdre les voix de l’important électorat juif de New York.
Pour plus de sécurité, elle s’efforça de ne pas être vue dans une situation qui pourrait la faire apparaître comme favorable à la cause arabe. Cela s’annonçait difficile car plusieurs organisations et personnes liées à Arafat, à l’OLP et à d’autres groupes anti-israéliens avait déjà promis de faire d’importantes contributions financières à sa campagne.
Une semaine exactement après le retrait de Giuliani, Hillary demanda à Hani Masri, ami de Yasser Arafat, d’organiser discrètement chez lui à Washington une collecte de fonds. La famille Masri versa des centaines de milliers de dollars dans les coffres du Parti démocrate au moment où le gouvernement Clinton accordait un prêt de 60 millions à la société d’investissements. La réception de deux heures chez les Masri rapporta la coquette somme de 50 000 dollars à la campagne de Hillary.
Le mois suivant, elle participa à une autre initiative au cours de laquelle 50 000 dollars furent collectés par l’Alliance musulmane américaine, organisation prônant le recours à la force contre l’Etat d’Israël. Hillary affirma par la suite qu’elle ignorait que l’alliance était à l’origine de cette collecte de fonds. Mais on retrouva une lettre de remerciements écrite sur papier à en-tête de la Maison-Blanche et portant la signature d’Hillary, ainsi qu’une photo d’elle tout sourire, posant avec une plaque que l’organisation lui avait remise. Les choses empirèrent quand on révéla qu’un don d’un autre groupe contestable, le Conseil musulman américain, avait été transformé sur les registres de la campagne en contribution du Conseil muséal américain. « Faute de frappe », commenta Hillary avec un haussement d’épaules. La seule, s’avéra-t-il, dans la liste des donateurs soumise à la commission électorale.



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