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28/10/2005
Tanzanie : élections au pays du Mwalimu (Portrait pays)

(MFI) Les élections générales du 30 octobre 2005 marquent une fin de règne pour Benjamin Mkapa, au pouvoir depuis 1995. Son successeur devrait être le ministre des affaires étrangères, Jakaya Mrisho Kikwete, candidat du Chama Cha Mapinduzi (CCM, parti révolutionnaire au pouvoir).

Les seules véritables incertitudes de ce scrutin auront concerné la situation à Zanzibar, fief de l’opposition (Front Civique Uni – CUF), qui dispose depuis l’indépendance, grâce à un statut de semi-autonomie, de son propre exécutif, et où les dernières élections avaient fait, en octobre 2000, plusieurs dizaines de morts. De nouveau, depuis le début de l’année, la tension marquée par des affrontements violents a poussé les leaders politiques à l’approche des élections à appeler leurs concitoyens au calme.
Considérée comme l’un des Etats les plus stables en Afrique de l’Est, la Tanzanie - qui accueille sur son sol un grand nombre de réfugiés des pays voisins - développe une diplomatie active, en particulier dans la résolution des conflits des Grands Lacs. Le pays du « Mwalimu » (maître d’école), Julius Nyerere, l’un des pères des indépendances africaines qui fut au pouvoir de 1963 à 1985, a tourné le dos dans les années 80 à une double décennie de dirigisme économique et de monopartisme politique.
Membre du Commonwealth, entourée de huit pays et bordée par l’Océan Indien, la République unie de Tanzanie s’étend sur 945 090 km2 et compte environ 36 millions habitants. Mais la Tanzanie (nom donné en 1964) n’est « une » que depuis l’indépendance, qui a vu la réunion de la République du Tanganyika et de l’archipel de Zanzibar, ce dernier ayant conservé un statut d’autonomie. A partir de 1990, Dodoma est devenue la nouvelle capitale, au détriment de Dar Es-Salaam, la ville portuaire, qui reste le principal pôle administratif et économique du pays. La Tanzanie est enfin connue pour ses grands atouts touristiques : les lacs Victoria, Tanganyika et Malawi, qui comptent parmi les plus grands d’Afrique, et sa partie montagneuse, avec au nord le pic Uhuru (anciennement Kilimandjaro), point culminant, à 5895 mètres, du continent africain.
C’est au Xe siècle que la région entre dans la sphère d’influence de la civilisation musulmane. Puis les Portugais, attirés par les richesses (or, ivoire et esclaves) qui s’échangent à partir des comptoirs zanzibarites, s’imposent de 1498 à 1698. Cette période est marquée par une résistance des cités-Etat qui, à partir de 1660, font appel au sultanat d’Oman afin de lutter contre l’envahisseur. Le sultan Sayyid Saïd s’installe définitivement en 1840 sur l’île de Zanzibar. En 1890, le traité d’Héligoland, conclu entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, reconnaît la souveraineté britannique sur Zanzibar et celle de l’Allemagne sur la partie continentale du pays. Après la Première Guerre mondiale, l’Allemagne est contrainte de céder ses possessions aux Britanniques. En 1947, le Tanganyika est placé sous la tutelle de l’Onu.


La voie socialiste de Nyerere

Julius Nyerere, leader de la TANU (Union nationale africaine du Tanganyika), mouvement nationaliste créé en 1954, conduit le pays vers l’indépendance, proclamée le 9 décembre 1961. Il devient président de la République du Tanganyika en 1962. Sous l’égide de cet ancien enseignant, le pays s’engage sur une voie socialiste originale, où l’accent est mis sur le développement rural (création, sous forme coopérative, des villages ujamaa), l’autosuffisance alimentaire et l’éducation. Si au plan économique sa politique aboutit à une impasse, le chef de l’Etat tanzanien, figure respectée de sage en Afrique, est loué pour son œuvre d’unification nationale et pour l’ampleur de ses vues. Il abandonne ses fonctions en novembre 1985 et remet le pouvoir à Ali Hassan Mwinyi. Benjamin Mkapa lui succède en remportant les premières élections démocratiques organisées en 1995, puis les élections générales du 29 octobre 2000, marquées par des irrégularités à Zanzibar, qui entraînent des manifestations durement réprimées à Pemba (34 morts, 400 arrestations). La tension est progressivement apaisée par le compromis signé en octobre 2001 entre le Chama Cha Mapinduzi (CCM, parti révolutionnaire au pouvoir) et le Front Civique Uni (CUF, principal parti d’opposition).
L’économie de la Tanzanie est essentiellement rurale (45 % du PIB), ses principaux postes d’exportations étant le café, le coton, le thé et le tabac. Soutenue par la bonne santé du secteur minier (la Tanzanie est le 3e producteur africain d’or) et du secteur touristique (16 % du PIB), le pays connaît une croissance notable (6,3 % en 2004). Celle-ci s’explique aussi par les réformes macroéconomiques (privatisations et libéralisation des échanges) impulsées par le Président Mkapa, le FMI jugeant qu’elles ont conduit à diminuer l’inflation et favorisé l’investissement étranger. Toutefois ces bonnes performances sont atténuées par le poids de la bureaucratie et de la corruption, et ne profitent pas au plus grand nombre. De grandes inégalités demeurent entre les zones urbaines et rurales, et dans son rapport 2004 sur le développement, le PNUD estimait que près de 59,7 % de la population vivaient avec moins de 2 dollars par jour. Conformément aux décisions du G8 en juillet 2005, la Tanzanie, déjà éligible à l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) renforcée, faisait partie des 18 pays devant bénéficier d’une annulation totale du stock de leur dette auprès du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement.


Une diplomatie active dans la région

Au plan extérieur, la Tanzanie a contribué à la renaissance de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) : une union douanière a été instaurée le 1er janvier 2005. Mais la Tanzanie ne se limite pas à jouer un rôle moteur en matière d’intégration économique régionale. Elle est un acteur politique majeur dans le conflit de la région des Grands Lacs depuis 1990 (accord d’Arusha en août 1993), et elle est à l’origine de plusieurs médiations visant à résoudre le conflit armé opposant le Burundi et le Rwanda, ses deux voisins. Il est vrai qu’elle accueille sur son sol nombre de réfugiés chassés par les conflits régionaux : 500 000 réfugiés se trouvaient dans des camps frontaliers, dont 116 000 Congolais et 348 000 Burundais, pour lesquels un processus de retour volontaire s’amorce (1). Autre signe de son implication régionale, c’est à Arusha qu’a été érigé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Et c’est à Dar Es-Salam que fut organisée, en novembre 2004, la grande Conférence internationale des Nations unies sur les Grands Lacs.

Olivier Rabaey


(1) Le rapatriement des réfugiés congolais résidant en Tanzanie a été officiellement entamé le 15 octobre dernier. Il doit s’effectuer conformément à l’Accord tripartite entre la RDC, la Tanzanie et le HCR (Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés), signé le 20 janvier 2005 à Dar es-Salaam.



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