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10/11/2005
Afrique - France : « l’africanisation » du maintien de la paix en Afrique

(MFI) La communauté internationale poursuit sa mobilisation en faveur de la prévention des conflits et du maintien de la paix en Afrique, facteurs indispensables au développement, afin de permettre aux Africains d’assurer eux-mêmes, à terme, la sécurité de leur continent.

Si certaines guerres civiles comme en Angola ou au Soudan (entre le Nord et le Sud) ont finalement pris fin, si le Liberia, longtemps frappé par des affrontements sanglants, a connu en 2005 des élections démocratiques, des violences perdurent ailleurs tant sur le plan interne que régional. Le maintien de la paix paraît ainsi bien difficile sur le continent, d’autant que la plupart des pays africains qui entendent jouer un rôle en la matière manquent de moyens et comptent sur l’aide extérieure pour pouvoir le mener à bien.
Les Nations unies, le G8, l’Union européenne et, au plan bilatéral, des pays comme la France ou les Etats-Unis ont décidé d’accompagner les efforts africains en matière de sécurité, à la fois pour rendre la lutte contre la pauvreté dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) plus efficace et pour des raisons de sécurité internationale. L’Organisation internationale de la Francophonie, qui compte parmi ses membres une majorité d’Africains et des pays donateurs comme la France, la Belgique ou le Canada, s’occupe, elle, davantage de médiations et de formation à la bonne gouvernance, à la fois pour prévenir les violences et aider les pays qui sortent de conflit.


Une Force africaine en attente à l’horizon 2010

L’Union africaine (UA) a officiellement inauguré, en mai 2004, son Conseil de paix et de sécurité et le président de la Commission africaine, l’ancien chef d’Etat malien Alpha Oumar Konaré, qui a fait du maintien de la paix une des priorités de son mandat, s’est fixé comme objectif de constituer à l’horizon 2010 une Force africaine en attente (Standby Force). Cette force d’intervention doit s’appuyer sur des brigades régionales, à mettre en place dans chacune des cinq régions du continent – Afrique du Nord, de l’Ouest, de l’Est, centrale et australe. Ces brigades seront en principe liées aux organisations régionales, là où elles existent et sont opérationnelles, comme la Cedeao, la SADC, la CEEAC ou l’IGAD.
Le choix du siège de chaque brigade pose toutefois encore problème. En Afrique de l’Ouest, il se fera en liaison avec la Cedeao ; en Afrique de l’Est, le Kenya est le favori ; le Botswana, siège de la SADC, a recueilli l’assentiment de la plupart des pays d’Afrique australe, dont l’Afrique du Sud, sa locomotive. Les choses paraissent plus difficiles en Afrique du Nord et centrale. Ainsi l’Angola, qui dispose d’une forte armée bien équipée après des années de guerre civile et se pose en rivale de l’Afrique du Sud, a posé sa candidature auprès de la SADC mais également en Afrique centrale où elle peut jouer à la grande puissance.
Pour le moment, la sécurité reste principalement l’apanage des Nations unies et de ses casques bleus. La moitié des seize opérations de maintien de la paix de l’Onu en cours dans le monde ont lieu en Afrique : Burundi, Côte d’Ivoire, Liberia, Ethiopie et Erythrée, République démocratique du Congo (RDC), Sahara occidental, Sierra Leone et Soudan. L’Onu travaille en liaison avec l’UA et a décidé de renforcer ses relations avec les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix. Pour le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le succès de la mission de maintien de la paix de l’Onu en Sierra Leone – qui a mis fin à des années de guerre civile – « a représenté un tournant » en rendant à l’Organisation la confiance dont elle avait besoin pour soutenir à nouveau le déploiement d’opérations de paix complexes en Afrique, après les échecs des années quatre-vingt-dix (Somalie, Rwanda, tentatives en Angola). Pour lui, la plupart des nouvelles missions sont « pluridisciplinaires » car elles ne se contentent pas d’observer et d’assurer l’application des accords de paix qui ont été signés. Elles ont aussi pour objet de s’attaquer aux « causes profondes » des conflits, d’où l’importance à la fois de la prévention et de l’aide post-conflit.


Jacques Chirac : « La France n’a nulle vocation à jouer les gendarmes de l’Afrique »

Le G8, qui regroupe les sept pays les plus industrialisés et la Russie, s’est engagé depuis quelques années à aider les pays africains à renforcer leurs capacités à promouvoir paix et stabilité sur le continent en formant, et le cas échéant en équipant, d’ici 2010 plusieurs milliers de soldats chargés du maintien de la paix. Parmi les engagements les plus récents pris au sommet de Gleneagles (Ecosse), figure une assistance technique coordonnée à la Force africaine en attente, une aide à la mise en place des éléments au QG de l’UA et dans les brigades régionales ainsi qu’une aide, notamment sous forme de financement flexible, aux opérations africaines incluant transport, logistique et capacité de gestion financière. L’aide post-conflit n’est pas oubliée : le G8 s’est également engagé à accorder aux pays qui sortent d’un conflit un allégement rapide et flexible de leur dette multilatérale et bilatérale et à contribuer à financer la reconstruction.
L’Union européenne (UE) qui, pour la première fois, a lancé une opération autonome ponctuelle en 2003, dans l’Ituri (RDC), avec l’aval du Conseil de sécurité de l’Onu et sous commandement français (opération Artémis), a elle aussi fait du maintien de la paix une des priorités de sa politique africaine. Louis Michel, commissaire européen au Développement et à l’aide humanitaire, a souligné en septembre 2005 qu’il fallait aider l’Afrique à faire face elle-même au défi de la paix durable. Il a évoqué la Facilité pour la Paix mise en place en 2004 par l’UE et dotée de 250 millions d’euros provenant des fonds du FED, et qui a notamment servi à financer l’opération de l’Union africaine au Darfour (Soudan) et la Force de paix régionale en République Centrafricaine. Partageant les préoccupations de la France, il s’est prononcé pour une pérennisation de cette facilité qui risque d’être bientôt épuisée.
De son côté, la France a lancé depuis 1997 le programme RECAMP pour former, entraîner et soutenir les pays africains à assumer la responsabilité de la sécurité de leur continent. Paris a conclu des accords avec l’UE et l’UA qui sont devenues des partenaires à part entière de RECAMP. « La France n’a nulle vocation à jouer les gendarmes de l’Afrique. Elle s’engage pour la paix à la demande de l’Onu, de l’Union africaine ou des pays africains eux-mêmes », avait déclaré en juin 2005 le président français Jacques Chirac. Avis partagé par Alpha O. Konaré qui, de passage à Paris en octobre 2005, s’est félicité de cette position et du soutien français à l’Union africaine et aux organisations régionales du continent.

Marie Joannidis




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