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10/11/2005
Afrique - France : Brigitte Girardin : « Nous nous sommes engagés aux côtés des Etats africains qui le souhaitent »

(MFI) La ministre déléguée à la Coopération, au développement et à la Francophonie revient sur le thème de la XXIIIe Conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France – la jeunesse –, sur la politique française de coopération avec le continent et son inscription dans l’évolution européenne en cours en la matière.

MFI : Quels seront les temps forts du sommet de Bamako, début décembre ?

Brigitte Girardin : Ce XXIIIe sommet Afrique-France aura pour thème central La jeunesse africaine : sa vitalité, sa créativité et ses aspirations. En effet, l’Afrique est un continent jeune, avec une population qui croît de 2,3 % par an et 55 % de moins de vingt ans. Cependant, cette frange de la population est fragile. C’est pourquoi le Comité national d’organisation du sommet a tenu à mettre ce thème en valeur, avec notre total soutien. Il sera décliné en plusieurs sous-thèmes relatifs à la formation et l’emploi, l’insertion socio-économique, les phénomènes migratoires comme facteur d’intégration, les menaces sanitaires et environnementales, le retour au pays des compétences africaines et, enfin, le rôle des jeunes dans la promotion de l’Afrique.
Un des moments-clés de la préparation de ce sommet a d’ailleurs été le Forum de la jeunesse, début novembre à Bamako, qui a donné l’occasion aux jeunes de 53 pays de formuler eux-mêmes des réponses aux défis de l’heure et de délivrer directement un message aux chefs d’Etat et de gouvernement concernés.

Comment comptez-vous rassurer les jeunes Africains, notamment francophones, sur le bien-fondé de la politique africaine de la France, qui est souvent critiquée et mal comprise ?

Nous avons avec l’Afrique une longue histoire qui, comme toute entreprise humaine, comporte ses ombres et ses lumières. Aujourd’hui, nous devons faire face à des reproches parfois contradictoires : soit celui de perpétuer une relation trop étroite avec certains pays d’Afrique, avec l’accusation sous-jacente de « néo-colonialisme », soit celui de nous désintéresser de l’Afrique et de nous « désengager ». Sortons de cette fausse perspective pour dire clairement que nous nous sommes engagés aux côtés des Etats africains qui le souhaitent – en liaison avec nos partenaires européens et les principaux bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux – à consolider les bases du développement économique et humain du continent africain. Je rappellerai que notre pays est le premier contributeur bilatéral au développement de l’Afrique et que les deux tiers de notre aide sont destinés à l’Afrique.
Le message que nous souhaitons faire passer aux jeunes Africains, c’est la conviction que nous – l’Afrique, la France et l’Europe – avons un destin partagé et l’ambition commune de mettre en œuvre des politiques de développement respectueuses des cultures locales et soucieuses de la promotion des droits de l’homme et de la démocratie, sans lesquels rien ne peut s’accomplir. J’insisterai sur la dimension francophone de notre politique : dans le domaine de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’Etat de droit, la communauté francophone s’est dotée d’un texte clair, la déclaration de Bamako adoptée en l’an 2000. Sur cette base, de grands progrès ont été enregistrés.

L’Union européenne (UE) prépare une nouvelle stratégie africaine. Quelles en seront les nouveautés ?

L’Europe, rappelons-le, est le premier bailleur mondial pour l’aide au développement. Elle se devait de donner l’exemple de la mobilisation en faveur de l’Afrique, dont le sort est tellement lié au nôtre. C’est aussi notre intérêt bien compris, car nous sommes maintenant tous conscients que l’on ne peut pas – et que l’on ne doit pas – essayer de « sanctuariser la misère » : les difficultés des pays en développement rejaillissent directement sur nous comme on le voit actuellement avec le problème douloureux des migrations, ou celui des épidémies.
La Commission européenne préconise une approche par étapes, centrée sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) : soutien aux mesures de stabilité (opérations de maintien de la paix et bonne gouvernance), création d’un cadre de développement économique (accords de partenariat économique et infrastructures) et soutien à la réalisation des OMD.
La stratégie de l’UE en Afrique devrait ainsi constituer un cadre de référence pour la coordination de l’aide sur le terrain. Elle associera la communauté et les 25 Etats membres, reprenant à son compte les engagements de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide tout en prévoyant la possibilité de « bailleurs chefs de file » et de « partenariats croisés » qui permettent l’attribution, sur un secteur donné, des moyens d’un Etat membre à un autre Etat membre. L’atlas des donateurs, lui, doit devenir un outil central pour la recherche de complémentarités sectorielles et géographiques entre bailleurs européens. Nous avons même suggéré que soit préparé un Atlas des donateurs par région, plus détaillé que l’atlas actuel, et qui mette en évidence les secteurs de concentration et le partage des tâches entre donateurs…

Comment concevez-vous votre rôle dans le cadre de la réforme de la coopération en cours ?

Je suis amenée à assumer le rôle de chef de file de la politique française d’aide au développement, et donc, à veiller à la mise en œuvre des engagements ambitieux et déterminés du Président de la République dans ce domaine. Sur le plan financier notamment, avec l’objectif de porter notre aide publique au développement à 0,7 % du RNB en 2012. Notre effort global en faveur des pays les plus pauvres est déjà passé de 5 milliards d’euros en 2001 à 8 milliards en 2006.
Mais nous devons aussi renforcer l’efficacité de notre aide. C’est l’objectif de la réforme, qui va permettre une meilleure articulation des acteurs du développement : au ministre en charge de la Coopération de décider des orientations stratégiques, à l’Agence Française de Développement de mettre en œuvre les projets retenus, en accord avec nos ambassades et les autorités des pays concernés.
Elle améliore également le pilotage stratégique de notre aide. En particulier elle a créé un instrument nouveau, le « document cadre de partenariat » (DCP), que nous allons signer avec les principaux pays où se concentre notre aide : il s’agit de mieux la programmer sur le moyen terme, en nous engageant contractuellement sur une « feuille de route », pour une période de trois à cinq ans. Les DCP doivent avoir un véritable caractère opérationnel (et comporter en annexe une liste de projets identifiés et chiffrés) et se conformer à quatre priorités : plus de lisibilité sur le terrain ; plus de cohérence dans les interventions, concentrées sur des secteurs déterminés en fonction de la situation propre à chaque pays bénéficiaire ; une meilleure coordination avec nos partenaires, afin de démultiplier nos efforts ; et enfin, davantage de prévisibilité, afin d’inscrire notre action dans la durée.

Propos recueillis par Marie Joannidis

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