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09/12/2005
Afrique-France : des liens inévitables, des intérêts partagés

(MFI) Parfois critiquée pour sa politique africaine jugée dépassée, la France reste un partenaire inévitable d’un continent en pleine mutation, à la recherche d’alliés fiables pour consolider sa place dans le train de la mondialisation. Car Paris demeure le principal bailleur de fonds de l’Afrique subsaharienne, malgré des difficultés financières qui l’incitent à favoriser l’aide multilatérale, surtout européenne, et la concurrence grandissante des Chinois, Indiens ou Américains. Le sommet Afrique-France, tenu début décembre à Bamako au Mali, a illustré ces liens inévitables qui traduisent en fait des intérêts partagés.

« La France a besoin non seulement de certaines ressources africaines comme le pétrole, mais aussi du soutien de l’Afrique pour maintenir son poids politique au sein de la communauté internationale. Les Africains, de leur côté, restent hostiles à un monde bi-polaire exclusivement placé sous la houlette des Etats-Unis, même s’ils jouent sur la concurrence comme ils l’avaient fait au moment de la guerre froide », a souligné un participant au sommet. Paris, qui reconnaît les changements en cours en Afrique, cherche, malgré les pesanteurs d’une coopération en pleine réforme et les relents d’une « France-Afrique » basée sur le « copinage », à moderniser son image dans tous les secteurs, d’où son intérêt affiché pour la jeunesse africaine, thème du sommet de Bamako.
« La France sera toujours fidèle aux liens qui l’unissent à l’Afrique, des liens qui sont d’abord ceux du cœur et des sentiments partagés. Ce qui nous rassemble, c’est la foi dans l’Afrique… Une Afrique résolument moderne et débarrassée des idéologies et des archaïsmes », a déclaré le président français Jacques Chirac. « Notre relation ne sera jamais banale », a-t-il ajouté. « Depuis les indépendances, vous avez changé, et nous aussi. Mais ce qui n’a pas changé et ce qui ne changera pas, c’est l’engagement déterminé de la France en faveur et au côté de l’Afrique. La jeunesse nous jugera sur nos actes. Sachons répondre à son appel », a-t-il dit.

Soutenir les efforts africains en faveur du maintien de la paix

L’examen des crises qui déchirent encore l’Afrique a figuré au menu du sommet de Bamako, en particulier la Côte d’Ivoire, où les efforts africains ont permis d’aboutir à la nomination d’un Premier ministre, Charles Konan Banny. Jacques Chirac a plus généralement évoqué les efforts africains en faveur du maintien de la paix et la volonté de la France – seule puissance étrangère à maintenir quelque 10 000 militaires en Afrique sans compter les 4 000 hommes du dispositif Licorne en Côte d’Ivoire sous mandat des Nations unies (Onu) – de les accompagner. « Grâce à l’engagement sans précédent de l’Union africaine et de l’Onu, la paix et l’état de droit progressent. La démocratie s’installe. La France prend toute sa part à cet effort en soutenant, à la demande des Africains, les opérations menées par ces institutions et par les organisations régionales responsables et compétentes. En adaptant son dispositif militaire et en appuyant Recamp, avec l’Union européenne, elle contribue à désamorcer les crises et à former ces corps africains de maintien de la paix qui constituent la vraie réponse aux menaces de déstabilisation », a-t-il dit.
Paris a décidé de donner une compétence régionale à son dispositif militaire pour accompagner les efforts africains destinés à constituer d’ici 2010 une Force africaine en attente (Standby Force). Ses bases militaires, à Dakar pour l’Afrique de l’Ouest, Djibouti pour l’Afrique de l’Est, Libreville pour l’Afrique centrale et la Réunion pour l’Afrique australe, constitueront ces points d’appui régionaux. Le problème n’est toutefois pas encore réglé pour l’Afrique du Nord pour cause de rivalité entre l’Algérie et le Maroc. La force d’intervention africaine doit s’appuyer sur des brigades régionales à mettre en place dans chacune des cinq régions du continent.

Vers une conférence euro-africaine consacrée aux problèmes d’immigration

L’immigration a aussi constitué un thème-clé du sommet avec une position française partagée entre une politique nationale plus stricte et la volonté de répondre de manière plus généreuse aux aspirations des Africains, dans un contexte de critiques virulentes émises par de jeunes cadres francophones qui se tournent vers les pays anglo-saxons. « La difficulté de travailler et de construire sa vie dans son pays contraint, hélas, des milliers d’Africains à émigrer et ceci dans des conditions généralement indignes. Ensemble, Africains et Européens, nous avons pour devoir de démanteler les réseaux d’immigration clandestine, derrière lesquels se cache, en réalité, un commerce honteux, odieux et mafieux », a souligné le chef de l’Etat français.
Il a annoncé à ce propos la décision de faciliter la délivrance de visas de longue durée et à entrées multiples pour les entrepreneurs, cadres, chercheurs, professeurs et artistes africains, affirmant que la France continuera de plus à accueillir de nombreux étudiants africains – estimés, de source française, à plus de cent mille. La France et ses partenaires africains sont en faveur d’une conférence euro-africaine consacrée aux problèmes d’immigration, d’une coopération accrue entre pays d’origine et d’accueil pour favoriser le retour des cerveaux africains ainsi que le co-développement destiné à améliorer les transferts de l’épargne des migrants vers des projets productifs en Afrique.
Le sommet a, par ailleurs, formulé un appel au président russe Vladimir Poutine, qui accueillera le prochain sommet du G8, afin d’y consacrer un place importante à l’Afrique, comme l’a fait en 2005 le Premier ministre britannique Tony Blair.

Marie Joannidis

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