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22/12/2005
L’Onu et l’Afrique : la révolution remise à plus tard

(MFI) L’Onu consacre une bonne part de son activité à l’Afrique, notamment en matière de maintien de la paix. Elle n’a toutefois pas réussi à mener à bien la réforme promise, qui aurait pu voir des Etats africains entrer au Conseil de sécurité.

Dès leur accession à l’indépendance, les 52 Etats du continent ont investi l’Organisation des Nations unies, qui avait servi de chambre d’écho aux combats anti-coloniaux, leur fournissant une tribune plus égalitaire (un pays, une voix) que la plupart des autres instances internationales, notamment économiques. Soixante pour cent de l’activité de l’organisation, et notamment de ses grandes agences (réfugiés, santé, agriculture, alimentation, culture, etc.), est tournée vers l’Afrique. Et le dernier secrétaire général de l’Onu est lui-même un Africain, le Ghanéen Kofi Annan, dont le second mandat s’achève fin 2006.
« Si l’Afrique unie dit oui, ça passe. Si elle dit non, ça ne passe pas », résume Jean Ping, ministre gabonais des Affaires étrangères, qui présidait l’Assemblée générale en septembre 2005 – le sommet du soixantième anniversaire, où devait être adoptée une réforme du Conseil de sécurité. « Le problème, reconnaît le diplomate gabonais, c’est qu’elle n’est pas plus unie que les autres continents ».
L’Afrique l’a encore prouvé en échouant à se mettre d’accord sur le choix des deux pays qui pourraient être appelés à représenter le continent, dans le cadre d’un élargissement du Conseil de sécurité, l’instance-clé de l’organisation. L’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Egypte sont parmi les pays les plus souvent cités ; mais d’autres en ont manifesté l’ambition, comme le Cameroun, le Sénégal, le Kenya, l’Algérie…
Sur le fond, après avoir tenté d’adopter une position commune lors d’un sommet à Syrte (juillet 2005), le groupe africain n’a pas voulu renoncer, lors de l’Assemblée de septembre à New York, à l’octroi pour les nouveaux membres du Conseil d’un droit de veto, comme les cinq actuels membres permanents. Aucune des propositions en lice n’a pu prétendre à la majorité des deux tiers.
La « révolution géopolitique » annoncée – mais combattue notamment par les Américains – a été renvoyée à plus tard, les Africains n’obtenant, en échange d’un ralliement à une résolution sur la lutte contre le terrorisme d’inspiration essentiellement américaine, qu’un engagement du Conseil à renforcer les capacités de prévention des conflits, notamment sur le continent africain : appui à des mécanismes régionaux d’alerte, analyse permanente des risques, soutien aux structures régionales de gestion des conflits et des programmes de désarmement, aide au développement d’une « force africaine d’intervention » sous les auspices de l’Union africaine.

L’Onu, combien de divisions ?

Les trois quarts des crédits du département des Opérations de paix de l’Onu – environ 5 milliards de dollars pour l’exercice 2005-2006 – et une proportion équivalente de ses 80 000 Casques bleus, policiers et agents civils, sont mobilisés par des interventions en Afrique. La principale, la Mission de l’Onu au Congo (Monuc), comptait près de 20 000 hommes en juillet 2005. D’autres opérations importantes ont été menées ces dernières années en Sierra-Leone et au Liberia ; l’Onuci, en Côte d’Ivoire, a mis en œuvre jusqu’à 8 000 Casques bleus.
Critiquée pour n’avoir pu empêcher l’explosion de la Somalie (1992-1995), ou pour avoir été impuissante face au génocide rwandais (1994) ou dans le règlement du conflit du Sahara occidental (où elle est présente depuis 1991), l’organisation a cependant accompagné la Namibie jusqu’à son accession à l’indépendance et contribué à relever l’Angola (1989-1999) et le Mozambique (1992-1994). Elle s’est impliquée dans la recherche d’une paix au Sud-Soudan, au risque de délaisser la crise plus récente du Darfour.
L’Onu, qui avait déjà perdu un Secrétaire général au Congo, Dag Hammarsköld, lors de sa première intervention armée dans ce pays (Onuc, 1960-1964), a été accusée de n’avoir pas empêché les massacres de ces dernières années à Kisangani, Bukavu, Bunia. On lui reproche en général de sonner l’alerte trop tard, de s’en remettre aux Ong, de ne pas être capable d’évaluer le niveau de gravité d’une crise et de ne pas être en mesure de monter des opérations avant plusieurs mois, en raison de ses pesanteurs politiques, financières et logistiques.
Les Etats fournisseurs de troupes sont rarement prêts à risquer la vie de leurs soldats pour protéger les civils locaux. Les contingents, prélevés sur des armées africaines ou asiatiques dont c’est devenu une spécialité, restent souvent mal intégrés, coupés des réalités du pays où ils interviennent. Parfois, ils sont accusés d’abus sexuels (comme au Congo, où une force de police prêtée par le Nigeria a dû être retirée). Sans aller jusqu’à une « imposition de la paix » – dont les Casques bleus n’ont jamais reçu le mandat – le Secrétariat général de l’organisation défend désormais un type d’intervention plus robuste, impliquant la légitime défense et l’usage de moyens militaires dissuasifs, comme des hélicoptères d’attaque.

Philippe Leymarie

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