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06/01/2006
Décolonisation : la conférence de Brazzaville

(MFI) La conférence de Brazzaville, convoquée le 30 décembre 1944 par le chef de la France Libre, le général de Gaulle, est considérée à juste titre comme l’une des étapes majeures – voire la première étape – d’une évolution qui devait conduire à la décolonisation de l’Afrique noire française en 1960, date de l‘accession à l’indépendance des anciens territoire d’outre-mer. Elle s’est tenue, un an avant la défaite de l’Allemagne nazie, dans un contexte qu’il est indispensable de rappeler.

En 1940, dans son célèbre appel du 18 juin, lancé à Londres, le général de Gaulle appelle la France à poursuivre le combat aux côtés de l’Angleterre, et préconise pour ce faire un repli sur l’Empire (colonial) français : mais les Anglais ont coulé la flotte française, mouillée à Mers El Kebir, et il échoue en Afrique Occidentale Française (l’A.O.F.), dont le gouverneur général reste fidèle au maréchal Pétain et inflige un cinglant revers à l’escadre franco-britannique devant Dakar. Cependant, l’Afrique Équatoriale Française (l’A .E .F.) et le Cameroun (territoire sous tutelle française) se rangent du côté du général, à l’initiative du gouverneur du Tchad, Félix-Eboué, un noir originaire de Guyane, franc-maçon, qui sait qu’il n’a rien à attendre du régime de Vichy. Dès lors, De Gaulle dispose d’une base arrière à partir de laquelle il va pouvoir contribuer au combat des Alliés, et c’est du Tchad que partira la célèbre colonne Leclerc vers la Libye pour y contribuer à la défaite du corps expéditionnaire allemand commandé par le général Rommel.
Or, dès 1941 le Premier ministre britannique, Winston Churchill, et le président américain, Franklin Roosevelt, promulguent une Charte de l’Atlantique, par laquelle ils promettent à tous les peuples coloniaux – essentiellement ceux des colonies britanniques et françaises d’Afrique noire – le droit de choisir leur forme de gouvernement, une fois gagnée la guerre contre les puissances de l’Axe (l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler et l’Italie fasciste de Benito Mussolini) : il s’agissait bien sûr de rallier les Africains à la cause des Alliés.
Pour ne pas être en retrait par rapport aux promesses anglo-saxonnes, il est indispensable pour la France libre de se montrer elle aussi attentive aux aspirations des populations africaines. La part que les tirailleurs sénégalais et autres tabors marocains ont prise dans les combats, entre autres durant la campagne d’Italie, le justifiait amplement. A leur égard, la France a contracté « une dette de sang ». Aussi de Gaulle décide de réformer les structures de l’Afrique noire française, et d’y remplacer l’administration directe par des institutions qui conduiraient à une nouvelle communauté, l’Union française, qui lui succédant remplacerait l’Empire français.
Ce sont les bases de cette nouvelle communauté qui sont esquissées lors de la conférence de Brazzaville. « Après cette guerre, dit-il dans son discours d’ouverture, la France (...) a choisi de conduire par la route des temps nouveaux les 60 millions d’hommes qui se trouvent associés à ses 42 millions d’enfants. Pourquoi ? En premier lieu parce qu’elle est la France (…) Ensuite parce que c’est dans les terres d’outre-mer et dans leur fidélité qu’elle a trouvé son recours et sa base de départ pour sa libération. »

Quand on écartait l’idée d’autonomie…

Le général de Gaulle souligne la nécessité d’amener les Africains à participer à la gestion de leurs propres affaires, mais avec une restriction importante : « Les fins de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans les colonies, dit-il, écartent toute idée d’autonomie, toute idée d’évolution hors du bloc français de l’Empire ; la constitution éventuelle – même lointaine – de self-governments dans les colonies est à écarter ». On connaît la suite : l’Union française est crée en 1946, après que le général de Gaulle a décidé de se retirer de la vie politique pour entamer à Colombey les Deux Eglises « une longue traversée du désert ». En 1958, après son retour au pouvoir, de Gaulle amorce le processus de l’indépendance de l’Afrique noire française, par la création d’une Communauté franco-africaine, qui sera éphémère. En 1960, les anciens territoires d’outre-mer accèdent à l’indépendance, dernier épisode d’une évolution dont la conférence de Brazzaville avait été le point de départ.

Claude Wauthier

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