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06/01/2006
Élections au Cap Vert : un modèle de gouvernance en Afrique (portrait-pays)

(MFI) Cinq partis politiques, dont les deux plus grandes formations politiques, le Parti africain pour l`indépendance du Cap-Vert (PAICV) et le Mouvement pour la démocratie (MPD), disputent les élections législatives du 22 janvier prochain au Cap-Vert. Elles sont suivies, le 12 février 2006, des élections présidentielles, où l'actuel président, Pedro Pires, sera de nouveau candidat.

L’archipel du Cap Vert constitue un États africain parmi les plus singuliers : l’héritage portugais y transparaît pour ainsi dire à l’œil nu, ayant entraîné la constitution d’une population très métissée, majoritairement catholique et d’une grande pauvreté, et qui n’a dû sa survie qu’à une émigration massive (Europe et États-Unis). Base arrière de la lutte pour l’indépendance, menée en Guinée portugaise par l’un des héros de l’anti-impérialisme en Afrique, Amilcar Cabral, le pays a été un précurseur en Afrique sur la voie du multipartisme, instauré dès 1990.

Situé dans l’Océan atlantique à environ 450 km des côtes sénégalaises, le Cap-Vert est un archipel qui compte 500 000 habitants, inégalement répartis sur dix îles et huit îlots. Escale sur les routes de la marine à la voile entre l’Amérique du Nord, l’Afrique et l’Europe jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, l’archipel se décline en deux groupes d’îles : le Barlavento (îles au vent), et le Sotavento (îles sous le vent). D’origine volcanique, les îles du Cap-Vert sont des terres au relief escarpé tombant souvent à pic dans l’océan. Le volcan du Pico, toujours actif, qui se dresse dans l’île de Fogo est le point culminant de cette petite République (2829 m).

Probablement occupé par des populations apparentées à celles du Sénégal avant l’arrivée des européens, c’est en 1456 que le Vénitien Alvisa da C’a da Mosto découvre le Cap-Vert pour le compte du Portugal. Les premiers colons s’installent en 1462 sur l’île de Santiago. Le traité de Tordesillas (1494) en fait une colonie portugaise rattachée à la Guinée portugaise. A partir du XVIIème siècle, l’archipel joue le rôle d’une plaque tournante dans la traite des Noirs vers le Brésil. La conférence de Berlin, en 1885, confirme la souveraineté du Portugal sur le Cap-Vert. Créateur avec Amilcar Cabral du PAIGC (Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), Aristides Pereira prend la tête du gouvernement de transition qui est mis en place après la révolution de 1974 au Portugal. Il conserve le pouvoir à l’indépendance du pays, le 5 juillet 1975. En dépit d’une volonté d’union avec la Guinée continentale, le Cap vert va accroître son autonomie, jusqu’à mettre fin au lien historique avec le PAIGC. Sa branche capverdienne devient alors Parti Africain de l’Indépendance du Cap-Vert (PAICV).


Une transition exemplaire, des élections très disputées

Parti unique de fait, le PAICV organise en son sein le débat sur la libéralisation politique à la fin des années 80, et l’adoption du multipartisme s’effectue sans traumatisme. D’opposition, le Mouvement populaire pour la démocratie (MPD) s’impose aux premières élections pluralistes qui portent Carlos Veiga au poste de Premier ministre, et voient l’élection d’Antonio Mascarenhas Monteiro à la présidence. Celui-ci est réélu le 18 février 1996, tandis que les élections de 2001 apportent une nouvelle alternance politique. Après 10 années de pouvoir, le MPD laisse la majorité parlementaire au PAICV, et Pedro Pires pour l’ancien parti unique est élu chef de l’État. En revanche, lors des élections municipales de mars 2004, le MPD s’impose dans 11 des 17 municipalités.

Malgré son nom de Cap-Vert, les terres de l’archipel sont peu fertiles. Le climat est de type subtropical aride avec une saison des pluies qui va de juillet à octobre. Pourtant à l’exception des précipitations catastrophiques de 1984, depuis 1968 la pluie ne tombe pas. La sécheresse et l’aridité frappent l’archipel où seulement 10 % des terres sont cultivés, soit l’équivalent de 42 000 hectares de terres arables. Conséquence de ces conditions climatiques, les résultats agricoles sont très médiocres. Selon la FAO, en 1999 le secteur agricole contribuait pour environ 7 % au PIB et occupait quelques 53 % de la population active de l’archipel. La production de maïs (l’aliment de base), de haricots, de patates douces et de manioc est aléatoire et souvent insuffisante pour nourrir la population. Une large part des importations est destinée à couvrir les besoins alimentaires. En revanche, la pêche est le secteur le plus important de l’économie grâce à une zone économique maritime exclusive de 630 000 km2 et à des ressources prometteuses en thons, homards, langoustes. Même si ce secteur est largement dominé par des compagnies étrangères (coréennes et japonaises), il contribue à près de 50 % de la valeur des exportations.


Le Cap Vert, un exemple à suivre en Afrique…

L’économie capverdienne qui bénéficie d’une inflation maîtrisée et d’une monnaie arrimée à l’euro depuis le 1er janvier 1999, connaît en 2003 une croissance de 5%. La même année, le PIB par habitant, le plus élevé d’Afrique de l’Ouest, est estimé à 5 200 dollars. En dépit de ces bons résultats, plus d’un tiers de la population reste pauvre et un quart de la population active est touchée par le chômage. La balance des paiements, bien que rééquilibrée par les transferts de fonds provenant de la diaspora capverdienne (environ 700 000 personnes), reste très déficitaire. Le pays est donc largement dépendant de l’aide extérieure (environ 17 % de son PIB). Ce qui n’empêchait pas en 2004, Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, d’estimer que le pays représentait « un exemple à suivre en Afrique dans les domaines du développement de la démocratie et de la recherche des solutions aux problèmes de développement ». Conformément à une résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU adoptée le 20 décembre 2004, le pays devrait perdre son statut de Pays Moins Avancé (PMA) à partir de 2008.

Destination touristique appréciée en Europe, le Cap Vert bénéficie donc d’une bonne image à l’extérieur. La reconnaissance internationale de la chanteuse Césaria Evora a constitué un atout incontestable pour ce pays pleinement ancré dans l’ensemble lusophone, auquel il a donné quelques écrivains et des musiciens appréciés.

Olivier Rabaey


Superficie : 4.033 km²
Population : 470 000 habitants
Capitale : Praia
Langue officielle : Portugais
Croissance démographique : 2,6 % par an (Banque Mondiale, 2003)
Espérance de vie : 69 ans (Banque Mondiale, 2003)
Taux d’alphabétisation : 75% (Banque Mondiale, 2003)
Religions : Catholicisme (93%), protestantisme (7%)
Indice de développement humain (2002) : 0,717 / 105ème sur 177 pays (P.N.U.D. 2004)
PIB par habitant : 1.440 dollars (2005)
Taux de chômage : 25% (estimations)
Taux d’inflation : -1,6 % en 2004.




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