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17/02/2006
Ouganda (portrait-pays)

(MFI) La préparation des élections présidentielles du 23 février ont été marquées par des grandes manœuvres politiques autour du principal opposant de Yoweri Museveni, le Dr Kizza Besigye, libéré de prison sous caution alors qu’il restait sous le coup de plusieurs accusations de trahison, terrorisme et viol. Une étape difficile pour l’homme fort de l’Ouganda, cet ancien chef de guérilla qui a su restaurer l’image et la stabilité de son pays.

L’Ouganda – l’ancienne « perle » de l’Afrique de l’Est britannique – est redevenu, après un long chaos, un Etat fréquentable depuis que Yoweri Museveni est arrivé au pouvoir, pour rapidement redonner une stature internationale à ce pays jouant un rôle stratégiquement important dans la crise des Grands Lacs.
Composé d’un plateau central en bordure de la Rift Valley, entouré du massif du Ruwenzori à l’Ouest, et du Mont Elgon (4 321 m) à l’Est, le pays compte de nombreux lacs et bénéficie d’un climat tropical tempéré par l’altitude. A l’origine, plusieurs grands royaumes occupaient le territoire actuel. En 1894, le plus puissant d’entre eux, le Buganda, situé au centre du pays, est le premier à être placé sous protectorat britannique. En 1962, le pays accède à l’indépendance et le roi du Buganda, Mutesa II, en devient le président à vie ; Milton Obote, originaire du Nord, est son Premier ministre. Mais en 1966, il s’empare du pouvoir et instaure un régime présidentiel à parti unique, nationalisant plus de la moitié des entreprises privées. Ce panafricaniste a joué un rôle actif dans la naissance, en 1967, de la Communauté est-africaine.
En 1971, le chef de l’armée, le général Idi Amin Dada, ancien soldat de l’armée britannique qui fut aussi champion de boxe, originaire du West Nile, le chasse et prend sa place. D’abord favorablement accueilli, il instaure un régime nationaliste qui finira sous le signe de la terreur ; il défraye la chronique en expulsant, en 1972, plus de 40 000 Indo-Pakistanais qui contrôlaient l’économie du pays. Sept ans plus tard, après s’être livré à des massacres indiscriminés, le dictateur est contraint à l’exil par une intervention de l’armée tanzanienne. Milton Obote, qui avait été accueilli durant son exil par Julius Nyerere, revient alors au pouvoir. Mais la violence continue de déchirer l’Ouganda, visant particulièrement les populations du sud du pays. En 1985, le général Tito Okello, un nordiste, renverse Obote. Quelques mois plus tard, la National Resistance Army (NRA), mouvement de guérilla qui comporte de nombreux combattants exilés du Rwanda, dirigé par Yoweri Museveni, originaire du Sud, porte son leader au pouvoir.


Faire de l’Ouganda une puissance régionale

Le pays est alors en pleine faillite économique après quinze années de guerre civile. Au cours des années 1990, Museveni souhaite que son pays devienne une puissance régionale : jouissant du soutien des Etats-Unis, qui ne cachent pas leur admiration pour le « Bismarck » des Grands Lacs, Museveni soutient la rébellion au Sud-Soudan, appuie Paul Kagame, ancien chef des services de renseignement de la NRA, dans sa reconquête du Rwanda en 1994, et avec celui-ci aide Laurent-Désiré Kabila à renverser le maréchal Mobutu au Zaïre en 1997. Cependant à partir de 1999 les armées ougandaise et rwandaise s’affrontent en République démocratique du Congo. La pression internationale oblige les anciens alliés à retirer leurs troupes de RDC, toutefois Museveni continue à soutenir des mouvements armés à base ethnique à l’est du Congo – encore en 2005 – permettant aux chefs de son armée d’organiser l’exploitation illégale des ressources congolaises. L’Ouganda est par ailleurs toujours sous la menace d’une rébellion active, menée depuis dix-neuf ans par l’Armée de Résistance du Seigneur (« Lord Resistance Army » LRA), qui a entraîné le déplacement dans les zones de conflit de 1,6 millions de personnes.
En mars 2001, Yoweri Museveni remporte (avec plus de 70 % des voix) l’élection présidentielle, dont les résultats sont contestés, mais maintient un régime sans parti, au nom de la lutte contre le « divisionnisme » politique, religieux et régional : tout Ougandais est réputé membre du Mouvement, qui n’est pas officiellement une formation politique. En 2005, une modification constitutionnelle, adoptée par référendum permet cependant l’instauration du multipartisme. Une concession rendue nécessaire pour amadouer les bailleurs de fonds, alors que le parlement venait de supprimer la limitation à deux mandats présidentiels, ouvrant ainsi la voie à un maintien de Yoweri Museveni à la tête de l’Etat. Le pays a réservé en octobre 2005 des obsèques nationales à Milton Obote, quatrième président ougandais à mourir en exil.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Yoweri Museveni, le pays a réussi à redresser son économie, avec une croissance régulière de 5 à 6 % par an, et un Produit intérieur brut qui retrouve le niveau qu’il avait au début des années 1970. Les biens des Indo-pakistanais leur ont été restitués. Grâce à sa bonne réputation en matière de gouvernance économique, le pays a reçu très tôt un traitement de faveur de la part des institutions financières internationales : il a été le premier pays bénéficiaire de l’initiative de réduction de la dette PPTE (pour un total de près d’un milliard de dollars).
L’agriculture reste le socle de l’économie ougandaise. Elle a assuré 38 % du PIB en 2004. Le café, le coton et le thé sont ses principaux produits d’exportation ; le gouvernement souhaite en assurer de plus en plus la transformation sur place. Si le niveau de pauvreté a baissé – de 56 % en 1992, à 35 % en 2000 – l’économie du nord du pays est déstabilisée par la rébellion de la LRA, qui opère depuis 1986 : il y aurait près de deux millions de personnes déplacées dans le pays.
La Communauté est-africaine, désintégrée de fait en 1977, est en voie de reconstitution ; elle doit être rejointe par le Rwanda et le Burundi, et devrait déboucher d’ici une dizaine d’années sur la création d’une fédération. Pour l’heure, l’Ouganda, un des pays africains les plus touchés par le sida, est au 144ème rang mondial pour l’indice de Développement humain.

Fanny Pigeaud

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