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11/01/2001

Trafic d'armes légères : mobilisation internationale

(MFI) La lutte contre le trafic des armes légères, qui attise les conflits, en particulier en Afrique, est devenue le nouveau cheval de bataille des organisations internationales et humanitaires qui ont fait campagne pour la suppression des mines anti-personnel, autre fléau des pays pauvres.

Les Nations unies préparent activement une conférence internationale sur le commerce illicite des armes légères, la première du genre, prévue du 9 au 20 juillet prochains au siège de l'organisation à New York, alors que plusieurs ONG comparent ce trafic à une nouvelle « peste ». Car les chiffres avancés sont terrifiants : quelque 500 millions d'armes légères, dont plus de 100 millions en Afrique, sont en circulation à travers le monde, soit une pour chaque 10 ou 12 habitants de la planète. Les civils en sont les principales victimes et les enfants-soldats, estimés à plus de 300 000 en 1999, de grands utilisateurs.
Pour les experts d'ONG comme la norvégienne Initiative sur les transferts d'armes légères (NISAT), l'américano-britannique Conseil d'information sur la sécurité (BASIC) et l'Institut international de recherche sur la paix d'Oslo (PRIO), les millions de civils victimes des conflits armés pendant la dernière décennie ont été pour la plupart tués par des armes légères comme des fusils automatiques, des mitraillettes ou des grenades, qu'une seule personne peut facilement transporter et manier.

La prolifération d'armes peut transformer un incident mineur en massacre

Ils considèrent aussi qu'il est très difficile de faire la part entre les commerces licite et illicite de ce genre d'armes, en raison des intermédiaires et des trafiquants qui ont pu disposer des surplus disponibles après la fin de la guerre froide marquée par la chute du Mur de Berlin en 1989. La globalisation du commerce, des communications et des finances leur ont permis de profiter des disparités entre les systèmes juridiques et des lacunes à l'intérieur de certains pays, transférant leurs activités là où les lois sont plus laxistes. « Ces surplus transforment les tensions entre groupes en conflits, les incidents mineurs en massacres et les sociétés tranquilles en champs de bataille de gangs criminels », a déclaré l'un de ces experts, soulignant qu'on ne pourra éviter les guerres et catastrophes humanitaires s'il n'y a pas un effort concerté pour limiter les transferts de telles armes.
Les ONG déplorent aussi l'existence de groupes de pression aux Etats-Unis qui, au nom de la liberté individuelle, s'opposent à une réglementation stricte des armes à feu qui font de nombreuses victimes, y compris dans les écoles et les campus universitaires, et « donnent ainsi le mauvais exemple ». L'appel de ces organisations, qui se sont regroupées pour lancer cette nouvelle campagne humanitaire après celle sur les mines, trouve un écho officiel au sein des Nations-Unies.

Réprimer les « courtiers de la mort »

Mais des divergences sont apparues, au cours de la réunion, en janvier, du comité préparatoire à la conférence présidé par le Mozambicain Carlos dos Santos, entre ceux qui veulent des contrôles très stricts, estimant que les armes tuent qu'elles soient illicites ou non et ceux qui invoquent le respect de la souveraineté des Etats. Certains se sont inquiétés des mesures portant sur les échanges d'information concernant la fabrication et le commerce licite d'armes légères, ou la limitation des stocks étatiques, alors que d'autres ont même fait remarquer que, si les armes légères nourrissent des conflits armés, les causes principales de ces derniers sont souvent des problèmes socio-économiques issus de l'époque coloniale. D'autres, enfin, veulent absolument lier terrorisme et trafic d'armes.
L'objectif premier de la conférence de juillet est l'élaboration de règles internationales permettant de maîtriser la prolifération illicite des armes légères, à travers une coordination internationale et l'adoption de mesures concrètes de lutte contre le trafic et la fabrication de telles armes. La répression des trafiquants et des intermédiaires, qualifiés de « courtiers de la mort », figure au centre des préoccupations et entre dans le cadre de la campagne internationale menée contre la corruption et le crime organisé, qui commence à porter ses fruits sans pourtant tarir ni diminuer de manière considérable les flux d'armes légères vers l'Afrique ou d'autres continents.

Marquage des armes, moratoire sur la fabrication et embargos

Parmi les mesures envisagées par l'Onu, on trouve le marquage des armes, la tenue de registres des stocks, l'échange d'informations, le contrôle aux frontières, la coopération entre les douanes, la création de partenariats régionaux et internationaux et enfin des moratoires sur la fabrication, l'exportation et l'importation d'armes légères ou encore l'application d'embargos. D'autres propositions portent sur l'élaboration de règles universelles d'exportation, le renforcement de la sécurité des stocks licites ou encore sur le rassemblement et la destruction des armes légères illicites ou en excédent. Au cours de la session de janvier, le représentant du Burundi, l'un des pays d'Afrique centrale en proie à un conflit meurtrier, a souhaité que le programme d'action de la conférence de l'Onu accorde une place importante à une coopération internationale renforcée qui permette de maîtriser la chaîne de prolifération des armes légères, depuis leur fabrication jusqu'à leur utilisateur final, en passant par les activités de courtage.
Plusieurs initiatives régionales ont déjà été prises : Déclaration de Bamako, adoptée par la Conférence ministérielle de l'OUA, Déclaration de Brasilia des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes ou document adopté par l'Organisation de sécurité et de coopération européenne (OSCE). Lors de la première réunion du Comité préparatoire de l'Onu en février 2000, la France et la Suisse avaient fait circuler un document traitant du marquage et du suivi des armes légères ainsi que de registres de suivi de telles armes, texte que les deux pays cherchent à renforcer.

Marie Joannidis





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