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17/05/2001

Lutte contre la corruption (4) : Un combat de longue haleine

(MFI) Les récents scandales en France, en Allemagne, au Pérou, aux Philippines montrent que la corruption étend ses tentacules aussi bien dans les pays riches que pauvres. La lutte contre ce fléau nécessite des efforts concertés de la communauté internationale toute entière, estiment les spécialistes.

"La corruption a de nombreux visages, c'est un cancer universel", souligne Peter Eigen, président de Transparency International, l'organisation mondiale de lutte contre la corruption, dont le siège est en Allemagne, et qui publie depuis 1995 un Indice de la corruption dans le monde. Dans les pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, la corruption n'est plus un sujet tabou même si les moyens manquent pour la combattre efficacement. Pour Peter Eigen, "la pression de l'opinion publique est un élément capital de succès, et dans un nombre croissant de pays, le grand public se montre de moins en moins tolérant envers les dirigeants qui abusent de leur fonction officielle pour s'enrichir personnellement". Il note cependant que dans certains cas, comme par exemple le Nigeria, arrivé en dernière position pour l'indice de corruption 2000, il faut du temps pour changer les mentalités.
Le président nigérian Olusegun Obasanjo, lui-même un des anciens dirigeants de Transparency, a entrepris de grands efforts pour promouvoir des changements à une grande échelle dans un pays où la population a été victime de la corruption de ses précédents dirigeants. Mais les choses avancent encore trop lentement, même si Lagos a bénéficié de la bienveillance de nombreux bailleurs de fonds –également intéressés par son pétrole– et d'institutions internationales comme le FMI ou la Banque Mondiale.

En Russie, aux Philippines, au Pérou : la chasse à la corruption fait trembler les gouvernements

Les experts soulignent d'ailleurs que les conflits et des richesses comme le pétrole ou les diamants favorisent une corruption endémique, en Afrique notamment. Mais la palme en la matière est détenue par les économies en transition de l'ex-Union soviétique, y compris la Russie où l'éclatement de l'appareil de l'État a favorisé les trafics de tous genres. L'entourage et la famille de l'ancien président russe Boris Eltsine ont toutefois réussi à échapper à toute poursuite malgré les accusations de blanchiment d'argent et de corruption proférées notamment par les autorités judiciaires suisses.
En Asie –où pendant longtemps le "réalisme économique" et la corruption ont prévalu sur les principes moraux– des points ont été marqués avec la démission du président corrompu philippin Joseph Estrada, qui a fini par céder à la pression populaire qui réclamait son départ. "Ce qui est arrivé à Manille fait partie des changements qui interviennent en Asie" a estimé à ce propos un responsable de la section de Transparency International en Indonésie, autre pays frappé par le fléau. Le vent du changement a aussi soufflé en Amérique latine avec la démission du gouvernement péruvien d'Alberto Fujimori qui a fui le pays. Les nouvelles autorités ont lancé depuis plusieurs mois une enquête sur la corruption du régime avec l'aide de la Banque Mondiale. Au sein même de l'Union européenne, après les scandales financiers en Italie, où de "petits juges" ont ébranlé le pouvoir politique, l'Allemagne et la France ont à leur tour été épinglées dans des "affaires". Les commissions occultes liées à l'achat par le groupe pétrolier français Elf d'une raffinerie dans l'ancienne Allemagne de l'Est ont provoqué la déchéance de l'ex-chancelier Helmut Kohl, l'architecte de la réunification allemande, au sein de son parti démocrate-chrétien.
En France, plusieurs affaires ont éclaté, dont certaines liées à l'Afrique, éclaboussant la droite comme la gauche. La dernière en date concerne des ventes d'armes russes à l'Angola, qui mettent en cause non seulement les trafiquants eux-mêmes mais aussi des personnalités politiques de tous bords dont l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, ainsi que Jean-Christophe Mitterrand, fils de l'ancien président socialiste François Mitterrand et responsable, à une époque, de la cellule africaine de l'Elysée, ou encore Jacques Attali, ancien conseiller du même président.
Tous les jours, la presse internationale fait état de scandales liés à la corruption, aussi bien dans le secteur privé que dans les appareils d'Etat. Pour y mettre un terme, comme l'aura souligné le Forum global anti-corruption, fin mai à la Haye, il faut d'abord "moraliser la vie publique". C'est le seul moyen d'éviter la prolifération d'États mafieux qui accaparent les richesses dans les pays pauvres, permettant ainsi à la corruption de gangrener toute la société. Autre priorité, toute aussi importante : mettre de l'ordre chez les riches et dans les grandes societes multinationales qui donnent le mauvais exemple.

Marie Joannidis





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