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31/10/2001

La coopération française en mutation (2) : Une nouvelle chance pour l'Afrique

(MFI) Les grands acteurs de la coopération internationale et du commerce mondial, Américains et Européens notamment, montrent un intérêt renouvelé pour l'Afrique. Aux Africains de savoir saisir cette chance pour établir un partenariat plus favorable à leurs intérêts. Ceci alors que s'esquisse un changement de philosophie directement lié à la prise de conscience des dangers que constitue la pauvreté dans le monde.

Les attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis et les incertitudes qu'elles ont créées sur le plan planétaire, ont suscité un intérêt accru pour l'Afrique, voisine de l'Europe ainsi que du Proche-Orient et des pays du Golfe. Aussi bien le président américain George W. Bush que le Premier ministre britannique Tony Blair, aux premières loges dans la coalition anti-terroriste qu'ils essayaient de mettre sur pied, que les responsables français engagés dans la préparation du budget de la coopération internationale pour l'année 2002, se sont montrés spécialement soucieux d'éviter que le fossé entre le nord et le sud ne se creuse.
Tous redoutent en effet que la pauvreté et l'insécurité ne favorisent les extrémismes de tout genre, en particulier l'intégrisme musulman tel qu'il est illustré par le régime des Taliban en Afghanistan et par leur allié, le saoudien Oussama Bin Laden et sa nébuleuse terroriste d'Al Qaida (la base). En privé, responsables américains, français et britanniques soulignent la nouvelle importance stratégique de l'Afrique qui avait perdu de son attrait après la fin de la guerre froide et l'affrontement Est-Ouest.
L'inexistence de contrôles adéquats dans les transferts de fonds, la porosité des frontières, les trafics nombreux – drogue, armes, pierres précieuses – qui se sont multipliés dans les zones de conflits en Afrique sont autant de facteurs préoccupants. Sans compter les réserves stratégiques en pétrole du Golfe de Guinée dont les fonds marins regorgent de brut, même si elles ne concurrencent pas encore celles des pays du Golfe, en commençant par l'Arabie Saoudite. Des experts pétroliers estiment que les États-Unis importeront dans la prochaine décennie 25% de leurs besoins en gaz et en pétrole d'Afrique et les grandes compagnies pétrolières se disputent déjà les concessions en eaux profondes.

Des besoins insuffisamment pris en compte

Le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, présentant en octobre 2001 le projet de budget de la coopération internationale devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, a souligné la volonté de faire plus pour les pays pauvres, tout en déplorant l'insuffisance des moyens mis à disposition, face aux besoins énormes des pays en développement, en particulier africains. « Si un pays n'a pas attendu le 11 septembre pour dénoncer les maux du monde et constater qu'il fallait s'attaquer aux questions qui divisent le Nord et le Sud, les riches et les pauvres, ou aux problèmes du Proche-Orient, c'est bien le nôtre. Nous avons mené une action de fond avec ténacité, malgré les grandes difficultés que nous avons rencontrées. Nous avons constamment pris la mesure des situations intolérables que l'on rencontre dans le monde, qui n'ont pas créé l'extrémisme mais qui le nourrissent », a indiqué Hubert Védrine. Et de regretter que son budget soit « manifestement insuffisant », soulignant que « les crédits ne correspondent pas à tout ce qui est attendu du ministère, de la représentation diplomatique – classique mais nécessaire – aux actions de coopération totalement novatrices », tout en indiquant que cette tendance à la baisse avait été légèrement enrayée depuis trois ans.
La France, tout comme ses autres partenaires du G7, est encore loin de l'objectif de 0,7% du PNB fixé par les Nations-Unies pour l'Aide publique au développement (APD). « Nous sommes descendus à 0,32 %, mais à la fin de cette année nous en serons à 0,33 % ou 0,34 %, compte tenu de l'aménagement de la dette et des fonds SIDA et environnement. Si nous sommes toujours au premier rang du G7 en pourcentage pour l'APD, certains pays se rapprochent, comme la Grande-Bretagne et la Belgique alors que les Etats-Unis, eux, sont encore un peu loin », a précisé Charles Josselin, ministre délégué à la Coopération. Celui-ci estime que l'APD a son rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme, soulignant que de nombreux pays africains sont conscients de leur fragilité en matière de capitaux sales et que Paris leur propose une expertise bancaire, financière et policière pour les aider dans la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment de l'argent sale.

Soutenir la Nouvelle initiative africaine

De son côté le Premier ministre britannique Tony Blair, qui avait reçu le 18 septembre dernier six chefs d'État africains venus lui présenter la nouvelle initiative pour le développement économique du continent, a tenu à marquer son intérêt pour l'Afrique. Il n'a pas hésité à souligner dans son discours, début octobre à la conférence annuelle du parti travailliste, que l'état de pauvreté en Afrique « est une cicatrice sur la conscience mondiale ». Il a appelé la communauté internationale à appuyer un partenariat pour l'Afrique basé sur la nouvelle initiative africaine, soulignant qu'il s'agissait « d'un marché » entre partenaires.
D'un côté les riches s'engageraient à fournir davantage d'aide, qui ne serait pas liée au commerce, davantage d'investissement et à poursuivre l'allègement de la dette. De l'autre côté, l'Afrique respecterait un certain nombre de principes : démocratie véritable, moins de tolérance pour les formes de dictature et les abus contre les droits de l'homme, pas de compromis face à la mauvaise gouvernance et la corruption, ainsi que des systèmes commerciaux, légaux et financiers corrects.
Le président américain George W. Bush a pris le relais en participant lui-même fin octobre à Washington au premier forum ministériel relatif à la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), qui a été suivi par un sommet américano-africain des affaires à Philadelphie. Dans son discours, il a tenu à remercier les pays d'Afrique pour l'appui qu'ils ont offert à la suite des attaques du 11 septembre et a affirmé que la loi sur l'AGOA montrait le chemin à suivre pour que les États-Unis et l'Afrique « puissent exploiter la puissance des marchés afin d'améliorer le sort de leurs populations ». Il a notamment annoncé la création d'un « guichet spécial » de 200 millions de dollars, afin de permettre aux entreprises américaines d'avoir accès à des prêts, à des garanties, et à des assurances contre les risques politiques pour des projets d'investissement en Afrique subsaharienne.
Tout en prêchant pour la libéralisation du commerce, dont les excès sont critiqués par les Africains, le président américain s'est engagé à appuyer « un allégement responsable » de la dette, de façon que les États puissent consacrer davantage de ressources à l'éducation et à la santé, secteurs d'aide prioritaires pour les États-Unis. Il a également indiqué qu'il recommanderait aux banques multilatérales de développement de dispenser une part plus large de leur assistance sous forme de dons, plutôt que de prêts. Lui aussi a cependant estimé que la liberté économique et la liberté politique doivent aller de pair, se félicitant toutefois des avancées démocratiques en Afrique. « Dans les malheurs du 11 septembre j'entrevois des possibilités, une occasion pour les États de renforcer, de repenser, de revigorer leurs relations. Nous avons un ennemi commun mais, plus que cela, nous partageons un même objectif : raffermir nos liens en matière de commerce et de culture, renouveler notre attachement au développement et à la démocratie », a-t-il enfin souligné.

Marie Joannidis





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