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07/02/2002
Corne de l’Afrique : importance stratégique accrue

(MFI) La lutte anti-terroriste menée par les Etats-Unis à travers le globe, tout comme l’évolution en Afrique orientale et centrale, ont redoré le blason de l’Ethiopie, sortie victorieuse de sa guerre avec l’Erythrée, et redonné à la Corne de l’Afrique une nouvelle importance stratégique.

Cette région, à la lisière du monde arabe et africain, mais aussi de la Mer Rouge et de l’Océan indien et à proximité des pays pétroliers du Golfe, avait déjà été un enjeu entre Soviétiques et Américains au moment de la guerre froide. L’Ethiopie, voisine de la Somalie et du Soudan, soupçonnés d’abriter des islamistes intégristes, a toujours été vue par les Occidentaux comme un facteur fort, susceptible de mettre de l’ordre dans la zone, sauf quand elle s’est lancée dans le conflit avec son voisin du nord, l'Erythrée. Ceci d’autant plus que les accusations de pillage de la RDC mettant en cause l’Ouganda, proférées par une commission de l’ONU, ont quelque peu terni l’image du président Yoweri Museveni, considéré il n’y a pas encore longtemps par les Américains comme le principal rempart contre la poussée islamiste au Soudan.

La Somalie, entre menaces directes et tentatives de réconciliation

La Somalie, toujours en proie aux luttes de chefs armés, est spécialement dans le collimateur des Américains qui redoutent des complicités avec al Qaïda, la nébuleuse terroriste du saoudien Bin Laden, accusée d’être à l’origine des attentats du 11 septembre. Il ne semble pas toutefois que les Etats-Unis soient prêts à bombarder ce pays comme ils l’ont fait en Afghanistan, et ce malgré les souvenirs qui les hantent, depuis que 18 militaires américains ont été tués par des miliciens armés somaliens en 1993, les corps de certains d’entre eux ayant été traînés dénudés à travers le marché de Mogadiscio...
C’est du moins le sentiment qui prévaut à Paris, à l'issue d' une rencontre à Washington entre responsables français et américains de la politique africaine - qui ont décidé de se retrouver tous les six mois pour parler du continent. « Ils (les Américains) sont déterminés à détruire les terroristes et leurs complices s’ils les détectent en Somalie, mais ils ne parlent pas de bombardements massifs », souligne une source informée. Aussi bien la France que Djibouti ont lancé des appels au calme, mettant en garde contre une éventuelle attaque américaine contre la Somalie.
Le ministre français délégué à la Coopération Charles Josselin, qui s’est rendu à la mi-janvier à Addis Abeba, a souligné à cette occasion que les bombardiers américains B52 n’étaient pas la réponse aux problèmes somaliens. Il a préconisé une aide à la Somalie pour permettre à ce pays de se reconstruire, estimant que l’absence d’un Etat fort était une des raisons qui pouvait favoriser le terrorisme. Pour Paris également, l’Éthiopie qui fait partie des zones d’aide prioritaire françaises est un acteur important dans la Corne de l’Afrique, d’autant plus que Djibouti où sont stationnées des troupes françaises constitue son principal débouché vers la mer. Ce petit état enclavé entre l’Erythrée, l’Ethiopie et la Somalie a accueilli la conférence de réconciliation somalienne, laquelle a abouti à la formation d’un gouvernement de transition, officiellement en place à Mogadiscio malgré la persistance de factions armées.
Djibouti a tenu à faire la différence entre la Somalie et l’Afghanistan, soulignant qu’il fallait combattre le terrorisme là où il se trouvait, mais aussi aider les Somaliens qui veulent sortir de la spirale de la violence. Les Djiboutiens restent prudents et refusent de se prononcer sur les rumeurs selon lesquelles les Ethiopiens qui se sont déjà battus contre la Somalie dans le passé forment des troupes somaliennes pour combattre les islamistes sous l’égide des Américains.


Dialogue « critique » avec le Soudan

L’attitude des Etats-Unis est plus ambiguë envers le Soudan, pays riche en pétrole, qui s’est empressé de donner informations et gages de bonne foi au lendemain du 11 septembre pour écarter tout danger. Le président George Bush a nommé un envoyé spécial à Khartoum, John Danforth, et ne s’est pas opposé à la levée des sanctions de l’ONU contre ce pays. Washington, avec l’aide des Suisses, a aussi favorisé un cessez-le-feu partiel conclu fin janvier entre Khartoum et les rebelles du sud. George Bush a toutefois renouvelé pour un an les sanctions bilatérales appliquées à Khartoum pour manquement au respect des droits de l’homme et envisage de fournir une aide de 13 millions de dollars à l’Alliance nationale démocratique (NDA) qui regroupe l’opposition du nord et du sud, y compris le SPLA de John Garang qui se bat depuis 19 ans contre les forces armées soudanaises… ce qui a provoqué de vives protestations de la part des autorités de Khartoum, bien que cette aide soit officiellement destinée à préparer le NDA à la lutte politique.
La France s’était prononcée depuis quelque temps pour une politique de dialogue « critique » envers le Soudan, position qui a été adoptée par l’Union européenne, afin d’encourager les changements au sein d'un régime qui a déjà écarté les intégristes les plus voyants, comme Hassan al Tourabi, un des maîtres à penser de Bin Laden (celui-ci avait séjourné à Khartoum dans les années 90). Charles Josselin s’était lui-même rendu à Khartoum l’année dernière dans le cadre d’un voyage qui l’avait également mené en Libye.


Marie Joannidis

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