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04/04/2002
France/élections : France-Afrique : des relations moins « particulières »

(MFI) Les élections présidentielles françaises, axées principalement sur des problèmes intérieurs comme l'insécurité ou le chômage, passionnent moins que par le passé l'Afrique francophone. Les enjeux aussi y sont moins sensibles pour le continent, à l'heure où la mondialisation ouvre des horizons nouveaux aux Africains, et où se confirment les grands glissements historiques des relations franco-africaines : tel l'élargissement du champ de la coopération française et la primauté actuelle du multilatéral sur les relations bilatérales.

En 1981, les élections présidentielles en France qui devaient porter au pouvoir le socialiste François Mitterrand suscitaient intérêt et préoccupations dans ces mêmes pays dont la plupart des dirigeants avaient peur de l'inconnu et de la démocratisation forcée qu'on leur lançait au visage. Mais les Africains devaient très rapidement apprendre à apprécier « Mitterrand l'Africain », avocat des pauvres auprès des riches, comme ils avaient auparavant adopté « Giscard l'Africain », sans oublier bien sûr « Papa de Gaulle »… « Aujourd'hui les choses sont bien différentes : on n'envisage plus de voir un Bongo (le président gabonais) financer les campagnes électorales des candidats de droite comme de gauche, comme il en a fait l'aveu lui-même, ni une intervention de troupes françaises pour sauver tel ou tel régime africain », souligne un proche conseiller d'un des principaux candidats.
La fin de la guerre froide et des affrontements idéologiques entre Est et Ouest – qui n'a pas empêché la prolifération de conflits locaux ou régionaux - tout comme la moralisation officielle de la vie internationale ont progressivement modifié les relations parfois houleuses entre la France et ses anciennes colonies. D'autant plus que tout le monde, y compris les deux principaux candidats, le président sortant Jacques Chirac (RPR, droite) et le premier ministre Lionel Jospin (socialiste), ont déjà affiché leur volonté de rompre avec les « mauvaises habitudes du passé » et de s'ouvrir à l’ensemble de l’Afrique et non plus au seul carré des francophones.


Jacques Chirac a-t-il évolué ?

Fier de son surnom, là encore, de « Chirac l'africain », le président sortant s'est rendu à plusieurs reprises en Afrique qu'il connaissait déjà bien quand il était premier ministre, d'abord dans les années 70 puis 80. « Il a beaucoup évolué depuis qu'il est président », souligne-t-on dans son entourage, en indiquant qu'il a tourné la page depuis l'époque où il avait pris Jacques Foccart comme son conseiller pour les affaires africaines (première cohabitation avec Mitterrand en 1986), ou lorsque Charles Pasqua, lui aussi candidat aux élections d'avril 2002, essayait de prendre la succession de ce dernier en Afrique.
En effet, remarquent les observateurs, Jacques Chirac s'est adapté à l'air du temps dans les relations avec l'Afrique. Il a ainsi accordé un soutien solennel à la nouvelle initiative africaine pour relancer l'économie du continent, en organisant début février à Paris un mini-sommet sur le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) et s'est rendu, en pleine campagne, en mars à Monterrey au Mexique pour la conférence sur le financement du développement pour y « faire entendre la voix de la France ».
« S'il est élu, estime un proche, il cherchera à favoriser les relations bilatérales avec l'Afrique, sans laisser tomber bien sûr le côté multilatéral et fera tout pour que la France joue un rôle plus actif sur le continent, sans pour autant revenir aux interventions du passé ». Il pourrait aussi, selon ces mêmes sources, revoir le fonctionnement des structures de la coopération qui « ne marchent pas très bien » , indique-t-on depuis l'intégration du ministère de la Coopération au sein de celui des Affaires étrangères.


Lionel Jospin, ou la rupture avec le passé

Pour le candidat socialiste, il n'est pas question de revenir sur la réforme de la coopération mais de rendre les nouvelles structures plus efficaces. Jugé trop timide vis-à-vis de l'Afrique, Jospin a été probablement prisonnier de plusieurs facteurs : une majorité plurielle avec plusieurs sensibilités, y compris des « Verts » très pointilleux sur le respect des droits de l'homme, et sa volonté de rompre avec une politique africaine du passé marquée par des « affaires ». Pendant la campagne électorale, Jospin n'a pas hésité à critiquer Chirac sur sa politique africaine, et notamment son soutien à l'ancien dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko . Il a ainsi affirmé que le gouvernement socialiste avait « singulièrement infléchi » cette politique, ayant « rompu avec la politique des réseaux d'influence ».
La France, critiquée pour son rôle au moment du génocide au Rwanda en 1994, s'est depuis lors gardée d'intervenir en Afrique, que ce soit en Côte d’Ivoire au moment du coup d'État militaire de Noël 1999, au Congo Brazzaville au moment de la guerre civile, ou encore en République centrafricaine. Elle joue désormais la carte européenne et soutient les efforts de l'ONU ou des organisations régionales comme la Cedeao en Afrique de l’ouest, tout en participant activement à la formation de militaires africains pour des missions de maintien de la paix.
De plus en plus de cadres africains, surtout parmi les jeunes francophones, lui reprochent toutefois sa politique trop restrictive en matière de visas, même sous un gouvernement socialiste, au moment où d’autres pays comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore les États-Unis se montrent plus ouverts. D'autres critiquent son soutien à des dirigeants contestés (Togo, Burkina Faso notamment) alors que certains pensent qu’elle n'a pas assez fait pour aider le nouveau président ivoirien Laurent Gbagbo (ceci bien que Paris ait plaidé la cause ivoirienne auprès de ses partenaires européens). « Il faudra que Jospin, s'il est élu, soit plus actif », entend-on dire en Afrique, où l'on peut rappeler que la France, puissance moyenne, a aussi besoin du soutien africain dans les instances internationales pour bien faire entendre sa voix, comme elle a besoin des ressources du continent, telles les réserves stratégiques du pétrole du Golfe de Guinée.

Marie Joannidis

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