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04/04/2002
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Elections 2002 au Mali (2) : D'une élection à l'autre (1997-2002)
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(MFI) De 1997 à 2002, le second mandat du président Alpha Oumar Konaré a évolué en dents de scie. Après une forte crispation politique conséquente à la « débâcle » électorale du 13 avril 1997, le pays a retrouvé cahin caha le chemin du dialogue politique national. Cet article a été réalisé pour MFI en partenariat avec la Maison de la Presse de Bamako.
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Le fiasco de 1997 et ses conséquences
Le 13 avril 1997, les électeurs sont invités à désigner leurs députés. Deux jours avant cet événement, la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) avait convoqué la classe politique au Palais des congrès de Bamako pour lui rendre compte de l’état de préparation des élections. Il s’avérait que les listes électorales étaient en cours de tirage ou en voie d’acheminement sur les lieux de vote, et le président de la commission, Me Kassoum Tapo, avait estimé que les élections pouvaient se tenir à la date prévue. Si les partis politiques proches de la sensibilité présidentielle étaient optimistes, ceux de l’opposition affichaient leur pessimisme, au regard du retard enregistré dans l’organisation du scrutin.
De fait les législatives allaient tourner au fiasco avec des témoignages de fraude massive, et une mauvaise organisation à tous les niveaux. Certaines listes électorales des quartiers de Bamako, la capitale, s'étaient retrouvées convoyées à l’intérieur du pays, et vice versa. Des électeurs n’avaient pas voté, d’autres avaient voté à plusieurs reprises. Au lendemain des élections, l’opposition dépose un recours devant la cour constitutionnelle, qui décide d’annuler tous les résultats. Cependant, la joie de l’opposition (arguant que les irrégularités qui ont nécessité l’annulation du scrutin législatif n’étaient pas réglées pour les présidentielles) est de courte durée : la cour constitutionnelle annonce, peu après, le maintien de l’élection présidentielle à la date du 11 mai 1997. L’opposition crie au scandale, la mouvance présidentielle, qui craignait un vide constitutionnel, exprime son soulagement.
Conséquence : sur les dix candidats déclarés pour l’élection présidentielle, neuf décident de boycotter. Seul le président sortant, Alpha Oumar Konaré, reste en lice. Puis à l’approche du 11 mai, le front du boycott se fissure : un leader de petit parti, Mamadou Maribatrou Diaby du PUDP, annonce son désir de revenir dans le jeu électoral. Il est le seul candidat opposé à Alpha Oumar Konaré, n'obtenant que 4 % des voix, contre plus de 96 % au président candidat qui se succède à lui-même le 8 juin 1997 pour un second et dernier mandat de cinq ans.
A la suite de quoi, la plupart des formations de l’opposition choisissent de ne plus participer au processus électoral, tant que la question des listes électorales n’est pas aplanie. Elles ne participent donc pas aux législatives de juillet 1997 et aux communales partielles de 1998 et 1999, allant jusqu'à refuser de reconnaître les institutions issues de ces différentes élections.
L'atonie de la vie politique entre les deux élections
Les élections de 1997 ont eu de lourdes conséquences sur la vie politique nationale. Le président de la République, durant une bonne partie de la seconde législature (1997-2002), n’est pas reconnu par toute la classe politique. Et les partis de la coalition du Coppo saisissent toutes les occasions à leur portée pour dénoncer sa mauvaise réélection. Ils l’ont fait savoir à plusieurs reprises en rencontrant les personnalités étrangères de passage à Bamako. Une attitude qui trouble le locataire du Palais de Koulouba, obligé de se justifier sur les conditions de sa propre réélection à la magistrature suprême devant ses interlocuteurs.
L’Assemblée nationale n’a pas été épargnée par les troubles post-électoraux. Elle fonctionne presque sans opposition, car les députés se réclamant de l’opposition parlementaire appartiennent à des petites formations. Beaucoup d’entre eux ont été élus sur la liste du parti au pouvoir, l’Adema-PASJ. Le vide est plutôt comblé par le Parti de la Renaissance Nationale (PARENA) qui, bien qu’étant dans la mouvance présidentielle, oppose parfois une vive résistance à certaines décisions du pouvoir. C’est ainsi qu’il s’est opposé, en 2001, à l’adoption par l’Assemblée du projet de loi électorale et du projet constitutionnel, au motif que l’ensemble de la classe politique n’a pas pris part au débat ayant abouti à ces textes.
La nouvelle lancée et les élections de 2002
Dans ce contexte, le pouvoir se résout à reporter provisoirement le référendum constitutionnel de décembre 2001. Suite aux observations de la Cour Constitutionnelle, les autorités abrogent la loi électorale de juillet 2000, qui préconise le scrutin mixte aux législatives, pour revenir à l’esprit de la loi électorale adoptée en 1992 qui prévoit le système majoritaire à deux tours pour les législatives et les présidentielles, et le système proportionnel pour les élections municipales.
Aujourd’hui, la classe politique malienne affiche une grande sérénité. Tous les partis sont déterminés à prendre part aux élections. Le recensement électoral de l’année dernière a abouti à la confection de listes électorales fiables et d’un fichier actualisé. Toutes choses qui motivent les formations de l’opposition à prendre part aux différents scrutins de cette année. Peut être que les leçons du boycott de 97 sont passées par là.
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Ibrahima Labass Kéita
(Le Scorpion)
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