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11/04/2002
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Elections 2002 au Mali (4) : Les vétérans dans la course !
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(MFI) Dans la course pour Koulouba, siège de la présidence, ils ont été 24 candidats à se lancer… Or de tous les scrutins similaires que le pays a connus depuis l’instauration de la démocratie, il y a une décennie, la présidentielle de cette année était donnée pour être des plus serrées. Cet article a été réalisé en partenariat avec la Maison de la Presse de Bamako.
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Sur le départ, on compte des vétérans du scrutin présidentiel, ceux qui n’ont jamais manqué de se signaler à l’assaut de Koulouba. Provenant d’un bord à l’autre de l’échiquier politique, ces vétérans des présidentielles sont également issus de différentes couches socio-professionnelles.
Me Mountaga Tall, candidat investi par le CNID, est un jeune loup de la politique malienne. Avocat célèbre, le leader du Congrès national d’initiatives démocratiques (CNID) est un pur produit du mouvement démocratique. Lors des premières consultations présidentielles en 1992, le score plus qu’honorable (Me Tall est venu en troisième position du scrutin avec 12 % des suffrages obtenus), mettra cet opposant intrépide en bonne posture sur la scène politique nationale. Cependant le leader du CNID et ses camarades connaîtront une longue traversée du désert à la suite des élections controversées de 1997, où ils choisiront le boycott actif des échéances politiques. Cette année, déterminé à tourner la parenthèse sombre de la contestation par la « chaise vide », Mountaga Tall, 47 ans, croit pouvoir jouer sa chance. Pour ce faire, ce jeune doyen du barreau, au-delà des alliances traditionnelles forgées dans le feu de la crise politique de 1997, compte tisser autour de lui un faisceau de relations en direction de nouvelles formations politiques.
Il est opposé dans ce scrutin à l’un de ses fidèles compagnons, au sein de l’opposition irréductible au régime du président sortant. Il s’agit du doyen de la classe politique, Almamy Sylla, investi par le RDP et qui, depuis 1992, n’a également jamais manqué le rendez-vous des présidentielles. Comme tous les leaders de l’opposition, il mettra cependant entre parenthèses sa participation à l’élection présidentielle de 1997, après avoir vigoureusement dénoncé les conditions d’organisation de ces élections. Ce presque octogénaire, ancien fonctionnaire international, reconverti aujourd’hui dans les affaires, était pourtant totalement acquis à une candidature unique de l’opposition avant de décider de voler de ses propres ailes. Dans son entourage, on indique que les négociations entre leaders de l’opposition ont capoté sur des divergences d’approche relativement au profil de l’homme providentiel.... Le doyen de la classe politique, qui n’écarte pas une alliance électorale de second tour avec ses amis politiques, est néanmoins acquis à un débat plus apaisé entre acteurs de l’échiquier.
L’un des revenants de la course présidentielle, Me Drissa Traore, avocat de son état, également ancien bâtonnier et Garde des Sceaux, est plus soucieux de la reconstruction du mouvement démocratique. Cet ancien porte-parole du mouvement démocratique pourrait rallier la cause de Amadou Toumani Touré. Le bouillant président du PUDP, Mamadou Batrou Diaby, est également un habitué de la course pour Koulouba. Étiqueté comme « celui qui n’a pas sa langue dans la poche », cet homme d’affaires qui a réussi dans le négoce des peaux a créé la surprise en 1997, après le boycott de l’opposition, en se portant comme unique challenger du président Konare.
Ces quatre revenants auront à affronter des poids lourds de la scène politique, lesquels marquent, pour la première fois, leur intérêt pour la magistrature suprême du pays. Outre le « tombeur » de Moussa Traoré, le général Amadou Toumani Touré, président de la Transition qui se présente pour la première fois devant les urnes, tels sont notamment le candidat investi de l’Adema, le parti au pouvoir, Soumaïla Cisse, ingénieur informaticien ; Ibrahim Boubacar Keita, ancien Premier ministre du président Konaré, transfuge du parti au pouvoir, investi par son parti, le RPM, et l’ingénieur en télécommunication, Choguel Maiga, leader du MPR et héritier du régime de Moussa Traoré. Ils seront les pièces maîtresses d’une élection présidentielle profondément marquée par une croissance exponentielle du nombre de candidats par rapport aux deux précédentes. Dans la rue, les citoyens ont une vision du Mali comme le pays où tout le monde veut devenir président de la République. Malgré la forte participation des candidats, il est peu probable que le menu soit si varié que l’offre ne le suppose. Et on peut s’attendre à d’intéressants scénarios pour le second tour de ces consultations d’autant que, d’entrée en jeu, plusieurs formations politiques ont rallié la cause d'ATT.
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Sékouba Samaké
(Info-Matin)
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