accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Politique Diplomatie Liste des articles

11/04/2002
Elections 2002 au Mali (5) : Les enjeux d’un scrutin

(MFI) Le samedi 8 juin prochain, le Mali aura un nouveau président qui succédera à Alpha Oumar Konaré. Cette élection importante constitue un test pour le système politique malien, confronté à plusieurs grands enjeux. Cet article a été réalisé en partenariat avec la Maison de la Presse de Bamako.

L’élection présidentielle au Mali comporte un triple enjeu : redonner son crédit à la démocratie malienne fortement écornée par la mauvaise organisation du scrutin de 1997 ; tester la capacité de l’ opposition, absente la fois passée, à réaliser l’alternance aux dépens de l’ADEMA affaiblie par la guerre de succession au président Alpha Oumar Konaré ; évaluer enfin l’attachement des Maliens au système des partis, dont les faiblesses expliqueraient la tentative de l’ancien chef de la transition, le Général Amadou Toumani Touré ( ATT), de reprendre les rênes du pays.

Un contexte économique morose

L ‘élection présidentielle se passera dans une situation économique difficile, avec un taux de croissance tombé à 1,2 % et un déficit budgétaire de plus de 60 milliards de francs CFA. C’est notamment la conséquence de la crise de la filière cotonnière en 2001-2002, due à la fois à l’effondrement des cours mondiaux et au refus des paysans maliens de cultiver l’or blanc. Ceux-ci revendiquaient l’augmentation du prix du kilogramme du coton graine. Aujourd’hui, le gouvernement s’est engagé à acheter le kg à 200 F CFA contre 160 F CFA par le passé, malgré la baisse de prix sur le marché mondial, aggravant le déficit de la société de coton (CMDT). Le coton alimentant à lui seul le trésor public à hauteur de 60 %, le gouvernement s’est vu dans l’incapacité de satisfaire les revendications catégorielles, notamment celle des enseignants, des élèves et étudiants, des policiers, des magistrats… C’est donc dans un contexte morose que les Maliens vont devoir élire leur président.

Une élection à trois inconnues

Tout le monde en convient : il faut remettre la démocratie malienne, qui a vacillé en 1997, sur ses deux jambes, avec l’organisation d’élections transparentes et crédibles, acceptées par toutes les parties. Déjà les préparatifs laissent entrevoir que ces élections seront effectivement différentes et le ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, qui assure la tutelle du scrutin, a mis les bouchées doubles pour réussir l’événement. Le ministre, Ousmane Sy, a jusque-là évité toute suspicion. C’est ainsi qu’à la demande de la Commission Électorale Indépendante (CENI), il a accepté l’annulation des cartes d’électeurs, qui ont coûté plus de 100 millions de FCFA aux contribuables maliens.
Avec l’accord de cette même CENI chargée de superviser les élections, le ministre a lancé une nouvelle commande dont la gestion relève, cette fois-ci, de la Délégation Générale aux Élections (DGE), autre structure chargée de veiller à la transparence des listes électorales et au financement public des partis politiques. L’espoir d’élections mieux organisées est donc permis.
Le deuxième enjeu porte sur l’alternance. Le président Konaré lui-même est apparemment favorable à ce que le pouvoir change de direction. « Pas de démocratie sans alternance » avait-il lancé au Colloque de Dakar, en 2000, en fustigeant les chefs d’État qui s’éternisent au pouvoir. Mais du même coup, Alpha Oumar Konaré est accusé d’affaiblir l’ADEMA, la formation qui l’a porté au pouvoir et l’a soutenu durant son double mandat de cinq ans, en vue disent certains de propulser Amadou Toumani Touré, l’ancien chef d’État de la Transition, à sa place à Koulouba.
En tout état de cause, l’opposition est résolument engagée à chasser le parti présidentiel du pouvoir. Déjà, deux grands regroupements se positionnent dans cette perspective. Il s’agit du Mouvement pour le Changement et la Démocratie (MDC) composé des partis suivants : le SADI du Dr Oumar Mariko, l’US RDA de Mamadou Bamou Touré, le BDIA de Ibrahim Boubacar Bah, le PMPS de Moriba Samaké. Et du pôle d’alliance, dit « Espoir 2002 », comprenant 15 partis dont le RPM de l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Kéïta, le CNID de Me Mountaga Tall, le MPR de Choguel Maïga, héritier de l’ex parti unique.
Face à cette coalition, l’ADEMA semblait elle-même menacée de désagrégation. Pourtant une dynamique de recomposition du parti au pouvoir paraît se dessiner à la faveur de trois facteurs : le départ de Mandé Sidibé (candidat sans avoir été désigné par le parti) de la Primature, perçu par certains comme un désaveu du président Konaré, qui met fin ainsi à son activisme déstabilisateur ; l’assurance donnée par le président Konaré à une commission du parti qui lui a rendu visite que « ni Mandé ni ATT » ne sont ses candidats, et que le moment opportun il apportera son soutien à Soumaïla Cissé, le seul candidat investi par le Parti.


ATT ou le désaveu infligé à la classe politique

La dernière inconnue relève de la volonté exprimée d’Amadou Toumani Touré de revenir au pouvoir. Favorisée par l’affaiblissement des formations politiques, cette tentative d’ATT constitue un test pour l’attachement des Maliens au système des partis. Si le Général-candidat remporte les élections, cela signifierait aussi un certain échec de la classe politique… même si ce dernier réussit, comme il a commencé à le faire, à rallier à lui un bon nombre de partis.

Chahana Takiou
(L’Indépendant)


retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia