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09/05/2002
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Sommet de l’Union africaine - Durban 2002 (3) : De l’OUA à l’UA…
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(MFI) Il aura fallu près de 40 ans à l'Afrique pour remplacer l'Organisation de l'unité africaine (OUA), seul forum de dialogue panafricain, par ce qui doit être un jour une véritable union politique et économique, à l'image notamment de l'Union européenne : l'Union africaine.
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Il s'agit aujourd'hui pour les 53 membres de l'OUA (créée en 1963 par une trentaine de pays) de définir précisément les nouvelles institutions de cette Union africaine (UA) qui doit se réunir pour la première fois au sommet à Durban, du 8 au 10 juillet.
A la base de ce changement institutionnel, on évoquera la prise de conscience des Africains de la nécessité de mieux coordonner leurs efforts afin de faire entendre leur voix sur le plan international, mettant d'abord l'accent sur l'intégration régionale. Celle-ci restait cependant tributaire de la volonté des pays concernés et des conflits régionaux ou internes qui les déchiraient. Ainsi l'Afrique de l'ouest et l'Afrique australe avançaient plus vite sur le chemin de l'intégration que d'autres régions du continent.
On se souvient de la décision adoptée par les pays du continent, en 1991 à Abuja, de créer une communauté économique africaine par étapes, et sur une période de 34 ans… délai incompatible au yeux de nombreux observateurs avec le rythme rapide du changement dans le cadre de la mondialisation. Auparavant, dès 1964 ils avaient réaffirmé le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, avant d'adopter en 1981 une charte africaine des droits de l'homme et des peuples entrée en vigueur quelques années plus tard.
L'OUA, affaiblie par les clivages politiques résultant de la guerre froide et de l'affrontement est-ouest, a connu dans les années 80 la plus grave crise de son histoire. Celle-ci avait été provoquée par l'admission, en 1984, de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) qui avait divisé ses membres et suscité le retrait du Maroc de l'organisation. Ayant réussi à surmonter ce défi, l'OUA a continué à pâtir de la faiblesse de ses moyens d'intervention y compris militaires pour le maintien de la paix, face à la multiplication des conflits locaux.
Appels à la prudence
Le projet d'Union africaine a finalement été lancé par le dirigeant libyen Muammar Kadhafi, l'homme qui avait l'ambition de voir un jour la naissance des "États-Unis d'Afrique", sorte de grande fédération regroupant tous les pays africains. Une idée devenue peu à peu réalité, malgré les réticences du début. L'acte constitutif de l'UA a été signé par les chefs d'État et de gouvernement réunis à Lomé au Togo, en l'an 2000, avant que la nouvelle union ne soit solennellement proclamée lors d'un sommet extraordinaire à Syrte en Libye. Son acte constitutif est officiellement entré en vigueur le 25 mai 2001, une naissance célébrée au dernier sommet de l'OUA, à Lusaka (Zambie) en juillet 2001 (1).
Une période de transition ne dépassant pas deux ans avait alors été envisagée pour permettre la mise en œuvre des nouvelles institutions. "Nous espérons que les dirigeants africains ne voudront pas aller trop vite pendant la période de transition, car si l'Union africaine reste formelle et aboutit à un échec, il y aura dix ou vingt ans de perdus", avait souligné à l'époque un observateur de l'Union européenne. Il avait notamment rappelé que l'OUA représente "un bloc de 53 membres alors que l'Europe s'est faite à partir d'un groupe de six pays" avec une forte motivation politique et un effort constant de mobilisation des opinions publiques. Or, d'autres appels à la prudence sont venus d'Afrique même, encore récemment : ainsi le groupe consultatif sur les grandes orientations pour l'Union africaine (UA), réuni début mai à Addis Abeba, a-t-il appelé à une prolongation de la période de transition avant la mise en place de la nouvelle structure panafricaine, décision qui restait toutefois du ressort des chefs d'Etat réunis à Durban.
L'un des enjeux pour l'Afrique reste précisément la mobilisation de l'ensemble de la société civile, et non pas des seuls politiques, en faveur de la nouvelle Union alors qu'une proportion élevée de la populations est victime de la pauvreté, des conflits et de fléaux comme le Sida. Le financement de la nouvelle Union reste aussi un sujet de préoccupation car l'OUA n' jamais réussi à apurer les arriérés dus par ses membres. Ainsi, ceux-ci devaient à la fin de 2001 plus de 50 millions de dollars, soit plus que le budget de la transition de l'OUA à l'UA.
(1) Les principes de l'UA sont fondés sur l'égalité, la souveraineté et l'interdépendance des États mais aussi sur la non ingérence et l'interdiction de l'utilisation de la force ainsi que la condamnation de régimes anti-constitutionnels.
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Marie Joannidis
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