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04/07/2002
Réfugiés des Grands Lacs en Afrique australe

(MFI) Alors que les négociations politiques sur l’avenir des Grands Lacs piétinent et que les combats se poursuivent dans la zone de guerre, des réfugiés en provenance du Rwanda, du Burundi et de la République Démocratique du Congo (RDC) continuent d’affluer vers l’Afrique australe. Au delà des pays limitrophes et de l’Afrique du sud, toute la région est désormais concernée.

Eric Mukuba a quitté son pays, la RDC, en mars 2000. Etudiant, il était menacé par les militaires rwandais et les milices Mai-Mai. Fuyant Bukavu, sa ville natale, il s’est d’abord réfugié en Zambie, aux portes de la RDC, puis au Malawi. Il se retrouve aujourd’hui dans un camp du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) à Maputo, la capitale mozambicaine, à 4 000 km de son pays. Comme lui, les ressortissants des pays des Grands Lacs sont de plus en plus nombreux à trouver refuge dans des pays éloignés de leur région d’origine. Les pays limitrophes, la Tanzanie et la Zambie, terres d’accueil traditionnelles, sont engorgés. La vie dans les camps tanzaniens qui regroupent plus de 500 000 réfugiés reste extrêmement difficile et la proximité avec les pays en guerre ne garantit pas la sécurité des déplacés. En Zambie, parmi les 300 000 réfugiés recensés, 55 000 sont originaires des Grands Lacs et le HCR enregistre 250 nouvelles arrivées par semaine.
Au delà de ces pays frontaliers vers lesquels fuient en premier lieu tous les réfugiés, la Namibie, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, sont devenus de nouveaux pays d’accueil. Dans le camp d’Osire, à 200 km au nord de Windhoek, 30 000 Angolais réfugiés côtoient désormais 2 000 ressortissants des Grands Lacs. Au Mozambique, le HCR prévoyait de fermer son bureau en janvier 2000 alors que le rapatriement des deux millions de Mozambicains victimes de la guerre civile prenait fin. L’arrivée quotidienne de réfugiés des Grands Lacs, dont le nombre officiel atteint aujourd’hui 5 000, a poussé le HCR à maintenir son bureau ouvert. Aujourd’hui, une centaine de nouvelles arrivées par mois sont comptabilisées.


Vers l’eldorado sud-africain

« Aller au sud » est l’expression la plus en vogue chez ces réfugiés francophones. En d’autres termes, tout faire pour parvenir à entrer en Afrique du Sud. Du moins pour ceux qui ont un certain niveau d’éducation et qui pensent pouvoir trouver un emploi ou continuer leurs études. Près de 8 000 réfugiés des Grands Lacs sont déjà présents en Afrique du Sud. La Namibie, le Swaziland, le Mozambique, qui ont tous trois des frontières communes avec ce pays, sont donc devenus, aux yeux de nombreux réfugiés, les antichambres du rêve sud-africain.
C’est le cas de Noëlle, qui a quitté Bukavu en 1999 avec son mari. Du Mozambique où ils sont arrivés, ce dernier est parti tenter sa chance en Afrique du Sud. De son côté, Noëlle est retournée en RDC pour aller chercher ses sept enfants. Elle a ensuite passé plusieurs mois dans un camp en Tanzanie avant d’être transférée à nouveau au Mozambique pour se rapprocher de l’Afrique du Sud et de son mari. Aujourd’hui, installée dans un camp temporaire, elle attend d’avoir les moyens d’aller le rejoindre avec toute sa famille.
Mais le pays le plus riche d’Afrique australe, qui doit faire face à un double afflux de réfugiés et d’immigrants clandestins, tente de réduire l’effet d’attraction. Aucun camp de réfugiés n’a été installé sur le territoire sud-africain. A peine 20 000 statuts nationaux de réfugiés ont été attribués sur 95 000 demandes depuis 1994 et peu d’efforts sont faits en faveur de l’intégration. En 2001, le contrôle des frontières a été renforcé et les camps de réfugiés mozambicains situés à quelques centaines de kilomètres de la frontière sud-africaine sont en voie de fermeture, remplacés par un camp unique au nord du Mozambique. Malgré ces mesures et en dépit des graves problèmes de violence et de racisme entre communautés en Afrique du Sud, le géant économique de l’Afrique australe reste pour beaucoup l’espoir d’une nouvelle vie.


L’intégration ou le retour ?

Les premiers réfugiés des Grands Lacs sont arrivés en Afrique australe il y a presque dix ans, poussés à l’exil par les événements du Burundi de 1993, puis par les conséquences du génocide rwandais en 1994 et, depuis 1998, par la guerre en RDC. Au bout de dix années de crise, 650 000 réfugiés de cette région sont recensés par le HCR dans les pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et l’intégration reste très variable d’un pays à l’autre.
En Zambie, pays soumis au poids des déplacés depuis plus de 25 ans, les réfugiés sont désormais considérés par les autorités comme des éléments productifs, à intégrer dans l’économie nationale. Pour la première fois, en 2002, la question des réfugiés a été prise en compte dans le programme de planification nationale. En Namibie, les réfugiés bénéficient de programmes de formation, mais la sortie des camps reste très contrôlée et difficile du fait de leur isolement. Au Mozambique, le gouvernement a émis des réserves sur les articles de la Convention de Genève (convention qui définit le statut des réfugiés) consacrés à l’intégration. Il a souligné les immenses difficultés auxquelles le pays doit déjà faire face avec sa propre population. De nombreux Rwandais et Burundais sont néanmoins parvenus à se lancer dans le petit commerce ou dans des professions libérales. Derniers arrivés, les Congolais tentent leur chance comme professeurs de français. Les besoins du Mozambique en matière de cadres, du fait des quinze années de guerre qui ont ravagé le pays, facilitent l’intégration des réfugiés formés. Le retour, pour le moment, très peu de réfugiés l’évoquent. Et la recrudescence des exactions à l’encontre des civils dans leur pays ne les encourage pas à l’optimisme. Ils savent qu’une partie de leur vie est désormais en Afrique australe et craignent un syndrome angolais qui les contraindrait à rester éloignés de chez eux pendant encore de longues années.


Jordane Bertrand

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