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16/08/2002
Le 11 septembre, vu d’Afrique (5) : Le pouvoir algérien renforcé, l’opposition affaiblie

Une année après, le choc du 11 septembre 2001 paraît bien loin déjà. La crise nationale chaque jour plus dure et compliquée, les échos persistants de la tragédie palestinienne et les rumeurs d’une attaque américaine contre l’Irak en ont fait, aux yeux de l’opinion populaire algérienne, un vague sujet de conversation, davantage imposé par les médias étrangers, qu’une préoccupation particulière.
Il faut sans doute rappeler que, contrairement à d’autres pays arabes, l’opinion algérienne n’a guère montré d’enthousiasme en faveur des auteurs des attentats-suicide du 11 septembre. Ben Laden ! Le nom a été scandé fréquemment par quelques turbulents supporters de clubs de football, mais il n’a jamais atteint, en Algérie, la stature d’un héros ou d’un mythe. Un an après les attentats effroyables, il n’est pas non plus le salaud absolu que l’Amérique veut capturer « mort ou vif », selon l’expression du président George Bush.
Ben Laden est, pour beaucoup, un homme à la foi sans doute sincère, mais sans le moindre projet politique susceptible d’enflammer les conversations politiques qui animent Alger et les autres villes algériennes. Pour d’autres, il serait tout simplement mort, même si les militaires américains veulent leur faire croire le contraire pour faire ce qu’ils ont envie de faire en Afghanistan, au Pakistan ou dans le monde arabe.


« On vous l’avait bien dit »

Le gros de la population algérienne n’a pas, non plus, fait preuve de compassion excessive à l’égard des Américains. Le regard porté sur l’Amérique contient une certaine fascination – chez les jeunes du moins - mais l’attrait du modèle décline devant les nombreux drames qui secouent les pays arabes, de la Palestine à l’Irak. Chez le quidam de la rue, les excès de l’Amérique dans ces deux dossiers en particulier ont projeté d’elle l’image d’une puissance arrogante, impopulaire et profondément injuste « qui veut faire payer la note à tous les musulmans ».
Ce sentiment populaire offre un contraste saisissant par rapport à la réaction des officiels algériens. Confrontés depuis dix ans à une rébellion islamiste armée, le gouvernement et une partie des élites modernistes ont, dès le début, et par un sens très aigu de l’intérêt politique, développé un discours clair en direction des Occidentaux. Sur le mode du « on vous l’avait bien dit », ils ont saisi à fond la nouvelle donne occidentale qui place la lutte contre l’islamisme et ses versions terroristes en tête des priorités.
«Nous vous le disions depuis dix ans » répètent les responsables algériens à leurs interlocuteurs occidentaux qui, de George « W » Bush à Jacques Chirac, accordent leur satisfecit au pouvoir algérien. Depuis l’effondrement des Twin Towers à New York et la guerre lancée par l’armada américaine et occidentale contre Al Qaida, le président Bouteflika a été accueilli à deux reprises à la Maison blanche. Le président Chirac, lui, effectuera une visite d’Etat début 2003.


Un lointain souvenir

Par contre coup, les critiques des ONG de défense des droits humains, qui ont été particulièrement attentives aux efforts de guerre déployés par le régime contre les maquis et les réseaux urbains de l’islamisme, ont alors considérablement faibli. L’opposition, qui trouvait en ces ONG un appui non négligeable, constate partout le recul de ses soutiens traditionnels, en Europe et aux Etats-Unis également. Car entre temps, le 11 septembre, qui avait apporté enfin la confirmation de la thèse officielle algérienne du « caractère indissociable de l’islamisme et du terrorisme », s’était transformé en facteur structurant de politique interne en Algérie.
Que reste-t-il de l’onde du choc du 11 septembre, un an après ? Un pouvoir assuré de son crédit à l’étranger et qui souhaite davantage faire passer ses relations avec les puissances occidentales par le prisme sécuritaire et de la lutte contre le terrorisme islamiste et international. Et corrélativement, une opposition démocratique inefficace et déstabilisée qui attend elle aussi son « 11 septembre ».
Loin des arrangements politiques et stratégiques du pouvoir, vaguement préoccupée par les réactions modestes de l’opposition, la population algérienne, en proie à des problèmes de survie, ne s’en soucie guère. Les tours jumelles à terre ne sont plus, pour elle, qu’un lointain souvenir.


Par Noureddine Azzouz,
Journaliste au Quotidien d’Oran (Algérie)


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