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20/12/2002
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La Francophonie confirme sa dimension politique
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(MFI) La conférence ministérielle de la Francophonie qui s’est tenue à la mi-décembre à Lausanne, en Suisse, a réaffirmé la dimension politique de l’organisation. L’attention avec laquelle la situation en Côte d’Ivoire a été examinée semble illustrer cette orientation.
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Point d’orgue politique de l’année francophone, la récente conférence ministérielle de Lausanne a été marquée par les adieux du secrétaire général de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), l’égyptien Boutros Boutros-Ghali, à qui les participants ont rendu hommage, remplacé à partir du 1er janvier 2003 par l’ancien président sénégalais Abdou Diouf. Au plan politique, et c’est significatif des options actuelles de la Francophonie, le sujet de la Côte d’Ivoire a monopolisé les débats. Les ministres, dont une grande partie d’Africains, ont adopté une résolution affirmant la disponibilité de l’OIF à continuer à apporter sa contribution à un règlement pacifique de la crise actuelle, en appui notamment aux efforts déployés par la Cedeao.
On rappellera que la Francophonie a déjà envoyé sur place l’ancien secrétaire général de cette organisation régionale (CEDEAO), Lansana Kouyate. Elle a aussi invité les gouvernements, les ONG et la société civile dans le monde francophone à fournir l’ assistance urgente, en particulier sur le plan humanitaire, que requiert la situation et s’est félicitée de l’implication de la France. L’OIF a appelé l’ensemble des forces politiques ivoiriennes à conduire « un dialogue politique véritable qui, seul, peut permettre un règlement politique général ».
« Il n’y a pas de solution armée à ce conflit, il faut une solution consensuelle », a souligné devant les journalistes Boutros Boutros-Ghali, affirmant, comme le faisait la résolution « qu’il faut préserver l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire ». L’OIF a toutefois réitéré à Lausanne son refus de toute ingérence ou interférence extérieure et a notamment dénoncé « toutes les atteintes à l’unité, l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la Côte d’Ivoire ». On note à ce propos que, aussi bien dans le cadre de la Déclaration de Bamako sur les pratiques de la démocratie dans l’espace francophone, que lors du sommet de Beyrouth en octobre dernier, l’OIF refuse par principe les coups de force visant à renverser l’ordre constitutionnel démocratique et condamne les violences et les atteintes graves et massives aux droits de l’homme.
Un laboratoire pour de nouvelles relations internationales
Dans ce cadre, l’OIF a entrepris des actions de médiation comme au Burundi au Niger ou aux Comores qui toutes n’ont pas eu les résultats escomptés. « La mobilisation francophone augmente, même si nous n’avons pas toujours les moyens de pression adéquats et devons agir en collaboration avec d’autres organisations », souligne un responsable de l’OIF.
La conférence était la première organisée en Suisse depuis que ce pays, nouveau membre de l’ONU, a adhéré à la Francophonie en 1989 à Dakar, avant d’intégrer l’Agence intergouvernementale de la Francophonie en 1996. Le président de la conférence, le ministre libanais de la Culture, Ghassan Salame, a mis l’accent sur l’importance qu’a revêtu le sommet de Beyrouth pour la Francophonie, désormais devenue « un laboratoire où sont expérimentées des relations internationales nouvelles, moins empreintes de rationalité économique et moins marquées par l’esprit guerrier ».
Le conseiller fédéral suisse chargé des affaires étrangères, Joseph Deiss, a appelé les membres de l’OIF à mettre en œuvre les décisions politiques de Bamako pour renforcer l’efficacité de l’organisation dans le domaine de la gestion des crises et de la prévention des conflits. Boutros Boutros-Ghali a pour sa part fait état de « la vitalité de la coopération engagée entre l’OIF et un grand nombre d’autres organisations internationales, dont le caractère fructueux a fait l’objet d’une résolution adoptée le mois dernier par l’Assemblée générale de l’ONU ».
Illustration de la volonté d’ouverture de la Francophonie, on a noté la présence à Lausanne du secrétaire général de la Cnuced, Rubens Ricupero, du Haut Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Sergio Vieira di Mello, et d’un représentant de l’Union africaine. La conférence a approuvé la tenue d’un symposium sur l’accès au financement pour le développement des PMA (Pays les moins avancés) et d’une réunion spéciale que doit préparer l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, en prélude au Sommet mondial sur la société de l’information en 2003.
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Marie Joannidis
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