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20/01/2003
France-Afrique : Le pari du Nepad

(MFI) Principal cheval de bataille du développement africain, le Nepad sera au centre des débats du sommet France-Afrique, placé sous le signe du partenariat politique et économique.

Pour la France, il s’agit de donner une impulsion nouvelle à ce Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, connu sous son sigle anglais de Nepad, afin d’en faire un sujet phare du prochain sommet du G8 à Evian, en juin 2003, qui regroupera les principaux bailleurs de fonds et la Russie. Le pari reste toutefois audacieux et aléatoire, malgré les déclarations publiques en faveur du nouveau plan, en raison des conflits et des violences politiques qui continuent de fragiliser le continent africain, l’empêchent de mobiliser ses propres ressources et d’attirer les investissements privés étrangers.
L’idée des architectes africains du Nepad et de leurs partenaires des pays riches est d’élaborer des projets régionaux, voire inter-continentaux, susceptibles de favoriser le décollage économique de l’Afrique dans le cadre de la mondialisation, tout en respectant les besoins et les priorités de chacun. Mais dans plusieurs zones régionales, ce mouvement est freiné par les soubresauts de tel ou tel pays.

Crise ouest-africaine, rivalité Pretoria-Luanda, souffle d’espoir au Kenya

Ainsi le conflit qui a éclaté, en septembre 2002, en Côte d’Ivoire, ancienne locomotive économique de la zone Franc, a provoqué une onde de choc dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier ceux enclavés comme le Mali ou le Burkina Faso, qui dépendaient pour leurs débouchés des ports ivoiriens. La crise ivoirienne a aussi montré la faiblesse d’une organisation régionale comme la Cedeao, citée jadis en exemple, qui a été incapable de réagir rapidement pour ramener la paix. Elle risque de porter un coup fatal à des projets transnationaux de routes ou de gazoducs pouvant entrer dans le cadre du Nepad.
Dans le sud du continent, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) risque de son côté de pâtir du problème du Zimbabwe, dont la politique de confiscation des terres des fermiers blancs et de répression de l’opposition a été condamnée par la communauté internationale, sans que ses voisins africains ne prennent vraiment de mesures contre le régime de Robert Mugabe. L’Afrique du Sud, qui préside jusqu’en juin prochain l’Union africaine et reste la porte d’entrée des investissements privés étrangers sur le continent, joue les puissances régionales et même continentales, sans pour autant avoir une diplomatie à la mesure de ses ambitions – à l’exception notable d’une influence sur ses petits voisins immédiats ou en République démocratique du Congo (RDC). Pretoria est aussi confrontée à un nouveau rival potentiel, l’Angola, sorti d’une guerre civile de vingt-sept ans, riche en pétrole et en diamants, qui a ses propres ambitions.
En Afrique centrale, la RDC mais aussi le Congo Brazzaville et la RCA connaissent encore des troubles intérieurs qui retardent une véritable coopération régionale. Celle-ci n’a pas non plus véritablement démarré en Afrique du Nord entre l’Algérie et le Maroc. En Afrique de l’Est, les élections démocratiques au Kenya qui ont vu la victoire du leader de l’opposition apportent un souffle d’espoir même si la Somalie est toujours en quête de la reconstruction d’un Etat et le Soudan à la recherche de la paix. Car paix et stabilité sont les conditions de base du Nepad.

Dix thèmes prioritaires

Ce partenariat est le résultat de la fusion du plan du Millénaire présenté par le président sud-africain Thabo Mbeki et les chefs d’Etat du Nigeria et de l’Algérie, Olusegun Obasanjo et Abdelaziz Bouteflika, auxquels s’est joint par la suite l’Egyptien Hosni Moubarak, et du plan Omega du président sénégalais Abdoulaye Wade. Adopté en juin 2001 par le dernier sommet de l’OUA à Lusaka en Zambie puis endossé, en juillet de la même année, par le sommet des huit pays les plus industrialisés (G8) à Gênes en Italie, ce plan a aussi été à l’ordre du jour du G8 à Kananaskis au Canada en juin 2002 et devrait l’être à nouveau à Evian.
Ses promoteurs africains ont identifié dix thèmes prioritaires : la bonne gouvernance publique, la bonne gouvernance de l’économie privée, les infrastructures, l’éducation, la santé, les technologies de l’information et la communication (TIC), l’agriculture, l’environnement, l’énergie et enfin l’accès aux marchés des pays développés et la diversification des produits. Cette nouvelle approche globale implique l’élaboration de projets par les Africains eux-mêmes et un « véritable partenariat » entre riches et pauvres, avec des normes de contrôle définies comme le « contrôle par les pairs ». Les Africains ont décidé de s’organiser en cinq zones régionales – nord, sud, est, ouest et centre – afin de préparer des projets d’importance régionale ou continentale destinés à permettre au continent de bénéficier, dans les meilleurs délais, de conditions de développement similaires à celles qui existent dans les pays développés.

L’évaluation par les pairs

L’Algérie dirige le volet développement humain comprenant la santé et l’éducation, l’Afrique du Sud celui de la bonne gouvernance politique (règlement des conflits, sécurité, démocratie) tandis que l’Egypte s’occupe de l’accès aux marchés et de la diversification des produits et de l’agriculture. Le Nigeria est chargé de la bonne gouvernance économique et le Sénégal des infrastructures, de l’énergie, de l’environnement et des TIC qui ont fait l’objet d’ateliers de travail avec le secteur privé.
Le Nepad traite de la gouvernance politique et des droits humains à travers la Déclaration sur la gouvernance démocratique, politique, économique et des entreprises et le Mécanisme africain d’évaluation entre les pairs (MAEP), officiellement adoptés lors du sommet de l’Union africaine à Durban en juillet 2002. La Déclaration définit une série de règles et de pratiques auxquelles les membres de l’UA devront se conformer dont l’Etat de droit, la liberté d’opinion et d’expression, le droit d’association et de réunion pacifique, ainsi que le droit de vote et d’être élu.
La France, qui préside le G8 en 2003, veut faire de l’Afrique une priorité en agissant selon deux axes : augmenter son aide publique au développement (APD) de 50 % sur cinq ans et mobiliser le secteur privé et encourager les investissements en Afrique. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la Coopération et la francophonie, a souligné que la France soutient l’initiative du Nepad « car elle place sur le devant de la scène la logique du partenariat et intègre le développement dans un contexte : le respect de l’Etat de droit, la transparence financière et la bonne gouvernance. (…) Le dispositif très novateur et même audacieux de l’évaluation par les pairs et le rôle important reconnu au secteur privé dans le financement du développement sont autant d’éléments capables de créer une dynamique pour mobiliser les décideurs politiques et économiques », a-t-il dit.
Son optimisme, malgré les vicissitudes que traverse l’Afrique, est partagé par les représentants personnels des membres du G8 qui, depuis le sommet de Gênes en 2001, travaillent avec les dirigeants africains pour préparer un plan d’action concret. Réunis à la fin de l’année 2002 à Accra au Ghana, ils ont renouvelé l’engagement du G8 en faveur du plan d’action africain. « Nous devons aider nos partenaires africains en apportant des réponses concrètes, mais ils doivent aussi apporter les leurs », souligne-t-on à Paris.

Marie Joannidis

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