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24/01/2003
France-Afrique : Les nouveaux axes de la coopération

(MFI) Le président Jacques Chirac, débarrassé des contraintes de la cohabitation, et son gouvernement de droite dirigé par Jean-Pierre Raffarin ont décidé de relancer la politique de coopération de la France, désormais axée sur l’augmentation de l’aide publique au développement, une plus grande présence au plan international et une attention particulière à l’Afrique. Le tout dans un climat d’austérité budgétaire due à la stagnation de la croissance.

Le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, qui a multiplié ces derniers mois les voyages en Afrique qu’il connaît bien, a affirmé à plusieurs reprises que l’action internationale de la France ne sera forte que si elle est unie, cohérente et modernisée, mettant l’accent sur la volonté de réforme du ministère des Affaires étrangères, qui coiffe celui de la Coopération et de la francophonie. « Nous devons avoir l’ambition d’un nouvel ordre international fondé sur les trois principes complémentaires que sont la responsabilité collective, la légitimité et l’efficacité », a-t-il affirmé au moment de la discussion du budget 2003, soulignant l’importance des instruments de l’influence de la France dans le monde, c’est-à-dire l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE), l’audiovisuel extérieur et les mesures visant à assurer la sécurité des ressortissants français à l’extérieur.
Ce dernier point a été illustré en Côte d’Ivoire après les violences qui ont éclaté en septembre dernier. Des militaires français, dont des renforts venus d’ailleurs, assuraient à la fin de l’année 2002 non seulement la protection des ressortissants de leur pays mais aussi le respect du cessez-le-feu entre forces ivoiriennes gouvernementales et rebelles, en attendant l’envoi de troupes de l’Afrique de l’Ouest, dans le cadre de la Cedeao.

Renouer avec la tradition gaulliste de soutien à l’Afrique

La France, qui paraît désormais débarrassée du syndrome du Rwanda où elle a été accusée d’avoir soutenu un régime dont sont issus les auteurs du génocide de 1994, renoue ainsi avec une tradition gaulliste de soutien à l’Afrique tout en se défendant de retomber dans les travers d’une politique de « réseaux » parallèles. Elle a aussi décidé, depuis la réélection de Jacques Chirac, de faire de la défense une des priorités de sa politique, sans pour le moment préciser si elle comptait augmenter sa présence militaire en Afrique.
La Côte d’Ivoire abrite une des cinq bases militaires françaises du continent. Avec ceux basés au Tchad, à Djibouti, au Sénégal et au Gabon, on arrive à un total de 6 000 hommes. Djibouti, qui sert également de point d’appui pour les forces françaises mais aussi américaines vers le Golfe, est la plus importante avec 2 700 soldats. Paris avait réduit depuis plus de cinq ans les effectifs tout en considérant ses bases comme des points d’appui essentiels à sa stratégie d’aide pour les opérations de maintien de la paix, notamment dans le cadre du programme Recamp, destiné à renforcer les capacités africaines.

Vers une loi de programmation de l’aide au développement

Dominique de Villepin et le ministre délégué à la Coopération Pierre-André Wiltzer ont affirmé à plusieurs reprises que l’engagement pris par Jacques Chirac d’augmenter l’aide au développement (APD) de 50 % en cinq ans pour atteindre à terme l’objectif de 0,7 % du PIB préconisé par l’Onu, serait respecté. L’APD française s’élevait à 0,57 % du PIB en 1994 mais a chuté à 0,32 % en 2000 avant de se redresser légèrement à partir de 2001. Selon le nouveau budget, elle devrait atteindre 0,39 % en 2003. L’augmentation prévue se traduit surtout par une contribution accrue au Fonds européen de développement (FED), qui bénéficiera d’un financement supplémentaire de 277 millions d’euros, répondant aux engagements pris à l’égard des États ACP dans le cadre des accords de Cotonou.
Dans le cadre bilatéral, la France favorisera la conclusion de contrats désendettement-développement (C2D) pour les pays pauvres très endettés (PPTE), qui représenteront 91 millions d’euros. Les autorisations de programme du Fonds de solidarité prioritaire (FSP) et de l’Agence française de développement (AFD) devront aussi augmenter : + 25 %, soit 190 millions d’euros pour chacun.
Pierre-André Wiltzer a mis l’accent au cours du débat budgétaire sur la réduction de la pauvreté : « La lutte contre la pauvreté a été la toile de fond des grands rendez-vous internationaux depuis le début 2002. Chaque fois, la France, par la voix du président de la République, a pris des engagements pour répondre à la situation angoissante des nombreux pays confrontés à la grande pauvreté. » Il a aussi indiqué que le gouvernement était prêt à réfléchir à une loi de programmation permettant une vision prospective à moyen terme de l’aide au développement, comme l’ont réclamé de nombreux députés.
Concernant la dette, Pierre-André Wiltzer a affirmé que la France est le premier contributeur bilatéral en matière d’annulation des dettes, avec 10 milliards d’euros à ce jour. Le président Chirac qui présidera le sommet franco-africain en février à Paris et celui du G8 en juin à Evian, a proposé à ses partenaires du Nord une réflexion commune sur la dette des pays à revenu intermédiaire, généralement négligée au profit de celle des pays les plus pauvres.

L’accent est mis sur la « vérité des crédits »

Les crédits alloués à certains secteurs, dont le partenariat avec la société civile ou la coopération militaire, sont en diminution constante depuis quelques années. « Nous considérons, a dit Pierre-André Wiltzer, la coopération militaire comme plus nécessaire que jamais. Former des armées républicaines est essentiel au renforcement de l’état de droit. Le contexte actuel accroît l’urgence de renforcer les moyens militaires de maintien ou de rétablissement de la paix, notamment en Afrique », a-t-il dit sans donner d’autres précisions.
Le projet de budget du ministère des Affaires étrangères – qui a fusionné avec celui de la Coopération en 1998 – s’élève globalement à 4,11 milliards d’euros, en augmentation de 484 millions d’euros par rapport à la loi de finances 2002 (+ 13,4 %) et passe ainsi à 1,5 % du budget de l’État, contre 1,3 % en 2002. Selon Dominique de Villepin, la première caractéristique de ce « budget de transition » est la « sincérité » avec l’accent mis sur la « vérité des crédits », qui ont souvent été ajustés en cours d’année ou purement et simplement gelés. Il a précisé que cette augmentation de 13,4 % du budget se répartit entre 7,8 % dans le cadre de la « vérité » des crédits et 5,6 % pour les mesures nouvelles. « L’action extérieure de la France s’inscrit dans un monde complexe, dangereux et instable, qui doit, d’une part, répondre, politiquement et globalement, aux défis de l’après-11-septembre, et, d’autre part, faire face dans l’urgence à des problèmes complexes, en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique », a-t-il souligné.

Marie Joannidis

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