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20/03/2003
Grands lacs : la difficile quête de la paix

(MFI) La situation reste précaire dans la région des Grands lacs d’Afrique centrale et de l’Est malgré les accords de paix, signés en République démocratique du Congo (RDC) et au Burundi, qui ont marqué des avancées vers un règlement pacifique des conflits qui déchirent cette région.

« La poursuite de la guerre dans l’est de la RDC, dans le nord de l’Ouganda et au Burundi sont des facteurs extrêmement préoccupants », estiment des experts des Nations unies (Onu) qui mettent l’accent sur l’augmentation du nombre des personnes affectées par les combats – plus de 500 000 entre juin et décembre 2002. Ils redoutent aussi une baisse de l’aide humanitaire en raison de la crise irakienne et une désaffection des grands bailleurs de fonds comme les Etats-Unis ou le Japon. D’autant plus que le coup d’Etat en République centrafricaine vient rappeler la fragilité des régimes africains et la nécessité d’agir en faveur de la paix et de la bonne gouvernance économique et politique.
Le président français Jacques Chirac a estimé, le 18 mars, au lendemain de l’ultimatum adressé par le président américain George W. Bush à l’Irak, qu’il fallait maintenir l’autorité de l’Onu. « S’affranchir de la légitimité des Nations unies, privilégier la force sur le droit, ce serait prendre une lourde responsabilité », a-t-il dit, appelant au respect de « la légalité internationale ».

Les seigneurs de la guerre africains encouragés ?

« La désunion au sein du Conseil de sécurité à propos de l’Irak ne peut qu’encourager les seigneurs de la guerre africains, qui auront moins peur des pressions internationales », souligne pour sa part un observateur diplomatique à Paris. Il se refuse toutefois à concevoir que la querelle qui oppose les Etats-Unis et ses alliés britanniques à la France à propos d’une intervention armée contre l’Irak puisse se transposer en Afrique. « Personne ne peut se permettre de changer de position à propos du retour à la paix en RDC ou au Burundi et s’en désintéresser », souligne-t-il.
Mais des diplomates en poste à Kinshasa se demandent à présent si les effectifs supplémentaires prévus pour renforcer la Mission de l’Onu au Congo (Monuc) afin de contrôler le cessez-le-feu et le désarmement des groupes armés, pourront effectivement être mis en place. « Ce déploiement a déjà été retardé faute de moyens suffisants, avant même la crise à propos de l’Irak », constate l’un d’eux.
Les différentes composantes politiques devaient se réunir fin mars en Afrique du Sud pour conclure officiellement le dialogue inter-congolais sous la présidence de l’ancien chef d’Etat du Botswana, Ketumile Masire, ce qui devait en principe ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement de transition sous la présidence du président Joseph Kabila. Mais tout n’est pas réglé et les combats continuent dans l’Est, alors que la tension monte entre le Rwanda et l’Ouganda, qui soutiennent chacun des factions rebelles, les alliances changeant au gré du moment et des combats.

Intrication croisée de rébellions

Un projet de constitution de la transition a été mis au point le 7 mars à Pretoria grâce aux efforts du médiateur sénégalais Moustapha Niasse. Des arrangements de sécurité ont également été adoptés, définissant les contours d’un accord sur l’intégration des rebelles dans la future armée de la République. Cependant, des négociations sur la structure de l’armée intégrée ont échoué à la mi-mars à la suite d’un désaccord sur la composition du commandement. Des mouvements rebelles comme celui de Jean-Pierre Bemba, chef du MLC, avaient réclamé des dispositions pour assurer leur sécurité à Kinshasa, ce qui doit être fait par des militaires africains sous la houlette de la Monuc. Les troupes de Kigali se sont officiellement retirées même si des doutes subsistent quant à leur départ effectif alors que les militaires de Kampala, présents dans le nord-est à Bunia, ont annoncé leur retrait total de cette ville frontalière avec l’Ouganda pour la fin mars.
L’Ouganda est en proie lui-même à une rébellion dans le nord du pays, voisin du Soudan, celle de la Lord’s Resistance Army (LRA) qui aggrave le nombre des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Quant au Rwanda, il redoute toujours des incursions à partir de la RDC des milices Hutus Interahamwe responsables du génocide de 1994 contre la minorité tutsi au pouvoir depuis cette époque. Aussi bien Kampala que Kigali ont été épinglés par des experts de l’Onu qui enquêtent sur le pillage des ressources naturelles de la RDC. Le mandat des experts a été prolongé fin janvier par le Conseil de sécurité pour six mois et leur rapport final est attendu pour le 20 juin.
Le bureau de coordination de l’action humanitaire de l’Onu (OCHA) estime que 20 millions de personnes restent toujours « vulnérables » dans l’est de la RDC. Environ 950 000 personnes ont été déplacées par les combats dans le district de l’Ituri dans la province Orientale et dans les deux Kivu depuis le mois d’août dernier.
Fin novembre, les organisations humanitaires ont réclamé une aide de 270 millions de dollars pour 2003, soulignant qu’il existait un décalage flagrant entre les niveaux de souffrance humaine visible et le manque constant de fonds pour l’action humanitaire. Fin janvier 2003, les pays donateurs n’avaient contribué qu’à hauteur de 2,7 millions de dollars, soit un centième des financements requis.

Burundi : l’échéance de mai prochain

Au Burundi, la situation reste très tendue entre Tutsis et Hutus malgré l’engagement pris, début mars, par le gouvernement national transitoire (GNT) du président Pierre Buyoya et le principal mouvement rebelle CNDD-FDD dirigé par Pierre Nkurunziza de mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu signé le 3 décembre 2002. Le GNT a été formé à la suite de l’accord d’Arusha (2000) parrainé par Nelson Mandela. Il prévoyait notamment que Buyoya, tutsi comme les cadres de l’armée, remette la présidence à son vice-président hutu au terme d’une période de dix-huit mois qui arrive à échéance en mai prochain.
En dépit de l’arrivée sur place d’une mission africaine d’observation du cessez-le-feu, des affrontements sporadiques se sont poursuivis. Un des mouvements de la rébellion hutu, les Forces nationales de libération d’Agathon Rwasa, n’a pas signé et est accusé d’attaques contre l’armée. Selon des observateurs humanitaires, les hauts cadres militaires ne paraissent pas non plus prêts à céder leurs prérogatives alors que l’accord de décembre 2002 prévoit l’intégration d’anciens rebelles dans une nouvelle armée nationale composée d’un nombre égal de Tutsis et Hutus à tous les niveaux.
Le Burundi reste un parent pauvre de l’aide internationale. L’Onu a demandé pour 2003 une aide de 69,7 millions de dollars mais les pays donateurs n’ont pour l’instant débloqué que 2 millions de dollars.

Marie Joannidis

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