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22/05/2003
L’Afrique préoccupée par les conséquences de la guerre en Irak

(MFI) La guerre en Irak et ses conséquences géopolitiques ont suscité de nombreuses inquiétudes en Afrique dont les dirigeants sont avant tout soucieux d’éviter que les querelles entre bailleurs de fonds ne mettent en péril l’aide au continent.

A la fois proche et lointaine pour la plupart des Africains, à l’exception des pays arabes du nord et de ceux de la Corne de l’Afrique situés en face des Etats pétroliers du Golfe, cette guerre n’a généralement pas provoqué des manifestations monstres contre l’intervention américano-britannique à l’instar de l’Europe ou de l’Asie. Mais responsables et opinions publiques se sont dans leur majorité prononcés contre, en commençant par le chef de l’Etat sud-africain Thabo Mbeki, qui préside l’Union africaine et dont le pays constitue pourtant la tête de pont des investissements américains en Afrique.
« Les Africains connaissent les conséquences des conflits en terme de pertes humaines et matérielles et redoutent que la querelle à propos de l’Irak, entre les Etats-Unis et la France notamment, ne porte préjudice à leur nouvelle initiative pour le développement, le Nepad, qui devrait être au centre des discussions du G8 à Evian en juin prochain », soulignent des diplomates européens.

Une préoccupation politique pour les Africains

Autre crainte que les Américains ont pourtant essayé de dissiper: celle de voir des fonds d’aide destinés à l’Afrique détournés vers la reconstruction de l’Irak. L’affaiblissement de l’Onu qui, pour le moment, a été écartée de tout rôle majeur en Irak par la coalition américano-britannique, constitue pour les Africains une préoccupation plus politique.
L’Afrique, qui ne dispose pas de moyens suffisants pour le maintien de la paix, compte beaucoup sur les Nations-unies pour contribuer à l’apaisement de conflits comme celui de la RDC (République démocratique du Congo) où de violents combats se poursuivent dans le nord-est du pays, malgré les accords de cessez-le-feu et de réconciliation politique et la présence de la Monuc (Mission des Nations-unies en RDC) qu’elle souhaite voir renforcée.
« Si l’Onu n’a pas d’importance … pourquoi devrions-nous, les petits pays de l’Afrique qui constituent l’Union africaine, penser que nous avons de l’importance et que nous ne serions pas punis si nous sortons du rang », avait déclaré début avril dernier Thabo Mbeki, à l’ouverture d’une conférence sur la démocratie, les élections et la gouvernance en Afrique.
La détermination de Washington à détruire le régime irakien de Saddam Hussein, considéré par les Américains comme une menace à la paix mondiale et un foyer du terrorisme international en dépit de l’absence de découverte d’armes de destruction massive, n’a pas manqué de provoquer des ondes de choc chez certains dirigeants africains, pointés du doigt par la communauté internationale pour violations des droits de l’homme ou anti-démocratiques, comme le Zimbabwéen Robert Mugabe.

Faire pression sur Mugabe

Américains et Britanniques ont d’ailleurs lancé en mai une offensive diplomatique auprès des voisins du Zimbabwe destinée, selon plusieurs observateurs, à faire pression sur Mugabe pour qu’il quitte le pouvoir. Ainsi, le Secrétaire britannique aux Affaires étrangères Jack Straw et le sous-Secrétaire d’Etat américain pour les affaires africaines Walter Kansteiner devaient se rencontrer à la mi-mai au Botswana pour discuter du problème dans le cadre de tournées séparées dans la région.
Mais les observateurs diplomatiques n’envisagent pas d’intervention américaine directe.
« Les Britanniques sont certes intervenus militairement en Sierra Leone, mais c’était officiellement pour venir en aide aux forces de l’Onu malmenées par les rebelles du RUF. Et les Américains ont décidé de ne plus envoyer de soldats en Afrique après la mort de 18 d’entre eux en Somalie en 1993 W», souligne l’un de ces observateurs.
Exception notable toutefois, la Corne de l’Afrique, où les Américains disposent d’alliés en Erythrée et en Ethiopie et rivalisent désormais à Djibouti avec les forces françaises, ayant installé un fort dispositif militaire entrant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Le président américain George W. Bush a affirmé début mai que l’Irak constituait « une victoire dans une guerre contre le terrorisme qui a commencé le 11 septembre 2001 et continue toujours ». Et d’ajouter : « Nous chassons les tueurs d’Al Qaida du Pakistan aux Philippines et jusqu’à la Corne de l’Afrique ».

Des rumeurs émanant de Sao Tomé

Le général américain James Jones, commandant en chef des forces de l’Otan, a de son côté laissé entendre que les Etats-Unis pourraient augmenter leur présence militaire en Afrique en raison « de grandes zones hors contrôle gouvernemental qui, à l’évidence, constituent les nouvelles routes du trafic des stupéfiants, de l’entraînement des terroristes et des sources d’instabilité ». Il a aussi estimé que les corps expéditionnaires aéronavals de l’avenir pourraient « passer la moitié de leur temps le long des côtés ouest de l’Afrique ».
Les Américains, qui sont les plus gros consommateurs d’énergie du monde, ont reconnu après le 11 septembre 2001 la valeur stratégique des réserves de pétrole de l’Afrique, en particulier celles du Golfe de Guinée. Des rumeurs émanant de Sao Tome ont fait état de l’intention de Washington d’établir une base navale sur ce petit territoire afin de protéger de près leurs intérêts stratégiques dans cette région de l’ouest de l’Afrique. Les Américains n’ont toutefois pas encore confirmé ce projet, mais ont marqué leur intérêt pour Sao Tome et ses dirigeants.
La France, écartée pour le moment de la gestion de l’après-guerre en Irak, veut encore croire que les Américains ne vont pas lui faire payer en Afrique son opposition à l’intervention militaire contre l’ancien régime de Bagdad.
Des sources diplomatiques soulignent en effet que rien n’a changé en ce qui concerne le retour de la paix en Côte d’Ivoire ou en RDC, et que l’aide à l’Afrique sera bien au centre des discussions du sommet du G8 dont la France est l’hôte à Evian début juin prochain.

Marie Joannidis

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