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19/06/2003
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Union africaine: le temps de l’action
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(MFI) Officiellement lancée en juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud, l’Union Africaine (UA), successeur de l’OUA, doit à présent faire ses preuves et agir tant sur le plan politique qu’économique à la fois pour tenter de mettre fin aux conflits et pour relancer le développement du continent. Premier grand rendez-vous en juillet au sommet de Maputo.
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Les chefs d’Etat et de gouvernement africains qui se réunissent du 10 au 12 juillet à Maputo au Mozambique pour le sommet annuel de l’organisation auront donc fort à faire pour surmonter leurs divergences et mettre sur les rails le Nepad, le nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique, qui a reçu à nouveau l’appui des grands bailleurs de fonds en juin dernier au sommet du G8 d’Evian. Ils doivent compléter les institutions prévues par la nouvelle organisation et choisir un président de la Commission africaine chargé de gérer l’UA.
A Durban, malgré l’opposition de la Libye et de son dirigeant, le bouillant colonel Mouamar Kadhafi, et les réticences du sud-africain Thabo Mbeki, devenu le premier président de la nouvelle union, l’Ivoirien Amara Essy, dernier secrétaire général de l’OUA est devenu le « président par interim » de la Commission pour un an avant l’élection d’un président en titre. Il avait bénéficié notamment du soutien de nombreux pays francophones.
Ancien ministre des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, Amara Essy est en lice pour ce poste aux côtés de l’ancien chef d’Etat malien Alpha Oumar Konaré et l’ex président de Sao Tomé et Principe Miguel Trovoada, qui semble le candidat le moins bien placé dans cette course.
« Les jeux restent ouverts », estiment des diplomates africains qui regrettent que les pays d’Afrique de l’ouest n’aient pas réussi à imposer une seule candidature comme le font d’habitude les autres régions et notamment les anglophones.
Profil bas sur le conflit en Côte d’Ivoire
Des sources informées à Paris soulignent que les deux principaux candidats, Amara Essy et Konaré, ont tous les deux des points à la fois en leur faveur et en leur défaveur.
L’ivoirien est considéré comme un homme sérieux, ayant une bonne connaissance de la diplomatie africaine et internationale, même s’il a gardé un profil bas concernant le conflit en Côte d’Ivoire.
L’ancien président malien jouit du prestige d’un homme intelligent et volontaire qui a ouvert son pays à la démocratie avant de se retirer. « Il faut toutefois savoir si on veut pour ce poste un ancien chef d’Etat qui risquerait de se poser en donneur de leçon », commente un diplomate à Paris. Pour le moment tous font campagne aussi bien auprès des dirigeants africains que dans les capitales occidentales, en particulier à Paris. Mais la France se refuse à prendre partie.
Quel que soit le candidat élu, il devra faire face aux problèmes financiers de la nouvelle Union pour ne pas retomber dans les faiblesses de l’OUA, qui a souvent été dans l’incapacité d’agir efficacement faute de moyens adéquats, en raison notamment des arriérés impayés de ses membres.
L’Union africaine a été dotée d’institutions analogues à celles de l’Union européenne (UE), notamment une Conférence de l’Union, organe suprême au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi qu’un Conseil exécutif au niveau ministériel, une Commission exécutive, un Conseil de sécurité et une Cour de justice. Un parlement est également envisagé mais il n’aura qu’un rôle consultatif. Le texte constitutif prévoit aussi la création de nouvelles institutions financières y compris un Fonds monétaire africain et une Banque africaine d’investissements.
Les agissements du président Robert Mugabe
Les conflits en Afrique de l’ouest – Côte d’Ivoire, Libéria –, en Afrique de l’est et dans la Corne de l’Afrique – Soudan et Somalie – ainsi qu’en Afrique centrale – RDC et Burundi – seront au centre des débats qui devraient aussi se pencher sur le cas du Zimbabwe.
Si la communauté internationale a vivement critiqué les agissements du président Robert Mugabe et pris un certain nombre de mesures à l’encontre de son régime, les dirigeants africains ne l’ont jamais ouvertement mis au pilori. Même s’ils sont mal à l’aise avec les violences contre l’opposition et regrettent que le sommet prévu à Lisbonne entre l’Union européenne et l’Union africaine ait été reporté à cause d’un blocage concernant la participation du Zimbabwe.
Les présidents d’Afrique du Sud, du Nigeria et du Malawi se sont rendus en mai à Harare pour inciter Mugabe à entamer le dialogue avec son opposition. A la suite de cette visite, Thabo Mbeki a indiqué en juin, à l’occasion du « sommet de l’Afrique » du Forum économique mondial organisé à Durban, qu’un règlement politique pourrait se matérialiser au Zimbabwe d’ici un an.
Cette réunion a surtout permis aux représentants des Etats africains et du secteur privé de réaffirmer leur attachement au Nepad fondé sur une bonne gestion politique et économique.
Le principe de « contrôle par les pairs », officiellement appelé Mécanisme africain d’évaluation entre les pairs (MAEP) est considéré comme un élément essentiel du dispositif destiné à mobiliser les financements publics et privés tant étrangers qu’africains. Jusqu’à présent, seuls une quinzaine de pays sur les 53 membres de l’Union africaine y ont adhéré mais on s’attend à un soutien plus important à Maputo, d’autant plus que les principaux bailleurs de fonds qui sont les membres du G8 se sont félicités de cette approche favorable à la transparence et à la lutte contre la corruption.
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Marie Joannidis
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