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10/07/2003
France-Angola : des relations qui restent difficiles

(MFI) L’affaire des ventes d’armes russes à l’Angola qui a éclaté en France fin 2000 et les poursuites judiciaires contre l’homme d’affaires franco-brésilien Pierre Falcone et son associé russe Arkadi Gaydamak réfugié en Israël, pèsent toujours sur les relations entre les deux pays malgré les convergences politiques concernant la RDC, le partenariat important dans le secteur du pétrole et la multiplication des contacts, en particulier à propos de l’Irak.

Dernier épisode dans la querelle franco-angolaise : les autorités de Luanda ont décidé d’accorder fin juin à Pierre Falcone, toujours sous contrôle judiciaire en France, le statut de conseiller diplomatique de leur délégation auprès de l’Unesco dont le siège est à Paris.
« Nous voulons faire bouger les choses tout en protégeant Pierre Falcone qui nous a aidé au moment où nous en avions besoin pour notre survie », souligne un responsable angolais. Il estime aussi que le gouvernement français n’a pas tenu ses promesses concernant cette affaire « qui n’a rien d’un trafic d’armes ».
Connue sous le nom d’Angolagate (en référence au scandale américain du Watergate), elle avait surgi à la suite de l’enquête sur des ventes d’armes russes à l’Angola dans les années 90, en pleine guerre civile, mettant en cause Pierre Falcone et Arkadi Gaydamak, considérés par Luanda comme des « agents officiels » du gouvernement angolais.
Plusieurs personnalités politiques françaises de gauche comme de droite, suspectées d’avoir été les bénéficiaires de commissions occultes, avaient été mises en cause. Le chef de l’Etat angolais José Eduardo dos Santos avait personnellement écrit à l’époque au président français Jacques Chirac, demandant le retrait des plaintes pour fraude fiscale et vente illicite d’armes, boudant depuis lors le sud de la France où il avait l’habitude de passer ses vacances d’été.
Les Angolais veulent notamment que le ministère français de la Défense retire la plainte déposée pour ventes d’armes à l’époque du gouvernement socialiste de Lionel Jospin, n’acceptant pas l’argument maintes fois répété par les autorités françaises, y compris le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif.

Menaces voilées

Les nombreuses visites en 2002 et 2003 à Paris et Luanda des chefs de la diplomatie des deux pays avaient laissé augurer une normalisation des relations, d’autant plus que l’Angola, courtisé par tous pour sa voix en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu avant le déclenchement de la guerre en Irak, avait pris soin de ménager aussi bien la France que les Etats Unis. Il ne s’était pas prononcé avant l’attaque de l’Irak, rejoignant par la suite, une fois les opérations déclenchées, la coalition menée par les Américains.
« Le problème (de l’Angolagate) nous gêne toujours, d’autant plus que les responsables français n’ont pas fait de gestes visibles envers nous », nous confie un officiel angolais, tout en reconnaissant les difficultés que peut avoir Paris. Il souligne par ailleurs les convergences de vues entre les deux capitales concernant la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la RDC et le retour de la paix dans cette région d’Afrique centrale.
Luanda a multiplié officieusement les menaces voilées concernant la poursuite du partenariat en matière de pétrole sans pour autant prendre pour le moment des meures de rétorsion. Mais les négociations courantes restent parfois difficiles, comme celles qui portent actuellement sur le renouvellement du permis de recherche du bloc 32, situé dans l’offshore ultra-profond angolais où le groupe français Total est opérateur.

Le FMI réclame une plus grande transparence

Total reste le deuxième partenaire de l’Angola en ce qui concerne le pétrole après l’américain ChevronTexaco, et plusieurs entreprises françaises travaillent dans le secteur pétrolier et para-pétrolier.
Une délégation d’hommes d’affaires français, dirigée par l’ancien ministre de la Coopération Michel Roussin, chargé de l’Afrique au Medef, s’était rendue à Luanda en mars dernier, au moment où Dominique de Villepin faisait la tournée des membres africains du Conseil de sécurité à propos de l’Irak. Les contacts ont été plus fructueux sur le plan économique que politique.
Du côté français, on se refuse à polémiquer avec les dirigeants angolais, mettant l’accent sur la volonté de Paris de soutenir, avec les autres membres de l’Union européenne, le processus de paix en cours depuis la fin de la guerre civile en avril 2002.
L’année dernière, Paris avait accordé à l’Angola une aide humanitaire d’urgence exceptionnelle de 14,17 millions de dollars pour 2002-2003, même si l’aide au développement bute toujours sur le problème des arriérés dus par l’Angola à l’Agence française de développement (AFD). Selon les estimations, ceux-ci s’élèvent à un peu moins de 100 millions d’euros, ayant beaucoup augmenté en raison des intérêts de retard. L’absence d’un accord avec le FMI qui réclame une plus grande transparence dans les comptes de l’Etat angolais, en particulier ceux qui concernent le pétrole, freine les ardeurs des bailleurs de fonds.
Paris fournit toutefois une aide à la santé publique, l’éducation et le retour à la production agricole ainsi qu’un appui au secteur social et à l’action culturelle, contribuant également aux instances multilatérales comme les organismes de l’ONU, le Fonds européen de développement (FED) et la Banque mondiale.
Toutes ces aides, destinées avant tout à la population angolaise, représentent plus de 40 millions d’euros engagés entre 2000 et 2003 et sont appelées à augmenter si les restrictions budgétaires françaises le permettent.

Marie Joannidis

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