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24/07/2003
Afrique: le retour des grandes puissances

(MFI) La lutte mondiale contre le terrorisme lancée depuis les attentats du 11 septembre 2001, la guerre en Irak et les réserves pétrolières africaines ont suscité parmi les grandes puissances un regain d'intérêt pour l'Afrique qui avait perdu de son importance stratégique après la fin de la guerre froide.

La France, échaudée par l'affaire du Rwanda et les accusations d'avoir soutenu un régime d'où étaient issus les auteurs du génocide de 1994, n'a plus voulu intervenir en Afrique en dehors du cadre de l'Onu, sauf pour l'évacuation de ses ressortissants en cas de menace directe.
De leur côté, les Etats-Unis, traumatisés par la perte de 18 militaires tués en 1993 en Somalie, avaient refusé depuis cette date d'envoyer des soldats sur le sol africain.
La Grande-Bretagne a rompu la première ce cercle isolationniste en intervenant en 1999 au Sierra Leone en appui aux forces des Nations-Unies qui n'arrivaient pas à juguler les rebelles du RUF.
La multiplication des conflits locaux ou régionaux, la campagne internationale contre la contrebande des diamants finançant les rebellions et les guerres civiles et le scandale des enfants soldats recrutés par les milices ou les factions armées ont modifié le climat international, rendant à nouveau possible l'intervention de troupes occidentales à la demande d'ailleurs des Nations-unies et des organisations régionales africaines.
Paris a ainsi pu envoyer des troupes en Côte d'Ivoire l'année dernière, d'abord pour l'évacuation de Français et d'étrangers du nord du pays, puis pour consolider le cessez-le-feu entre forces gouvernementales et rebelles. Aujourd'hui, un contingent de 4.000 hommes surveille ce cessez-le-feu aux côtés d'une force de maintien de la paix de la Cedeao.
La France, à la tête d'une force de l'Union européenne est aussi intervenue à Bunia dans l'Ituri, dans le nord est de la République démocratique du Congo (RDC), à la demande de l'Onu dont les soldats de la Monuc sur place n'arrivaient pas à empêcher les massacres de civils perpétrés par des factions rivales, soutenues par l'Ouganda et le Rwanda voisins.

Le terrorisme intégriste d'Al-Qaida

De son côté, l'Union africaine qui a tenu début juillet à Maputo au Mozambique son deuxième sommet annuel, a officiellement demandé la participation de militaires américains à la force de la Cedeao menée par le Nigeria prête à intervenir au Libéria pour mettre fin à la guerre civile et assurer le départ du président Charles Taylor.
Si les Etats-Unis ont pris leur temps pour bien étudier cette requête qui répond aux souhaits des civils et de factions libériennes, ils ont quand même dépêché sur place un détachement militaire pour évaluer les besoins de la population durement frappée par les combats.
Washington n'a pas eu les mêmes hésitations pour mettre en place, avant son intervention militaire en Irak, un dispositif militaire important dans la Corne de l'Afrique, proche des pays pétroliers du Golfe et du Moyen-Orient.
Les Américains ont ainsi fait de Djibouti un maillon important dans leur lutte contre le terrorisme intégriste d'Al-Qaida et les complicités qu'il peut avoir au Soudan, en Somalie, au Kenya ou au Yémen. Leur dispositif comprend notamment 1300 hommes basés à Djibouti et plusieurs centaines d'hommes à bord de navires de l'US Navy faisant partie du corps expéditionnaire « allié », (Combined joint task force – Horn of Africa, CJTF) sous commandement américain, créé en décembre 2002 pour combattre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique en surveillant l'espace aérien, terrestre et maritime d'une zone comprenant Djibouti, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Djibouti constitue également un point d'appui important pour les forces françaises aussi bien en Afrique que dans la région de l'océan Indien et du Golfe. Ce petit pays à l'entrée de la mer Rouge abrite une des cinq bases militaires encore maintenues par la France en Afrique avec celles de la Côte d'Ivoire, du Gabon, du Sénégal et du Tchad.
La crise entre Américains et Français qui a précédé le déclenchement des hostilités en Irak, s'est aussi traduite par une cour effrénée faite par des diplomates des deux côtés, sur place et à l'Onu, auprès des membres africains du Conseil de sécurité.

Bush lui a « volé la vedette »

« Ils nous ont redécouvert et ont réalisé que l'Afrique peut avoir encore une importance stratégique et qu'il faut essayer d'éviter sa marginalisation politique et économique », a commenté non sans ironie, un ministre africain en marge du sommet de l'UA.
Il s'est félicité du fait que le président américain George W Bush « se soit finalement décidé à effectuer sa tournée africaine plusieurs fois remise », même s'il a regretté qu'elle ait coïncidé avec le sommet de Maputo et lui ait « volé la vedette ».
De même les chefs de la diplomatie française, britannique et américaine ont multiplié ces derniers mois les voyages en Afrique, liés au règlement des conflits mais aussi aux questions économiques. Il reste à présent aux grandes puissances à faire les gestes nécessaires pour aider le continent à se développer afin d'éviter qu'il ne tombe dans le piège de l'insécurité qui alimente l'extrémisme. Mais les observateurs restent sceptiques à l'égard des perspectives de concessions significatives aux demandes africaines d'un meilleur accès de leurs produits aux marchés des pays riches, question qui sera soulevée à l'occasion de la conférence ministérielle de l'OMC qui se tiendra début septembre à Cancun au Mexique.

Marie Joannidis

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