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25/01/2001

L’origine de l’homme moderne : polycentriste ou africaine ?

(MFI) D’où venait Sapiens Sapiens, notre ancêtre qui a vaincu Néandertal ? De l’Afrique à la Chine, les chercheurs déterrent des fossiles, multipliant ainsi les ancêtres possibles. La plupart des spécialistes s’accordent pour admettre que l’homme moderne est issu d’une population qui a évolué en Afrique et aurait quitté ce continent il y a moins de 100 000 ans. Cependant une seconde hypothèse, dite polycentriste, suggère que les hommes seraient issus de diverses lignées ayant évolué dans différents lieux.

Des analyses rendues publiques au début du mois de janvier et faites sur celui que l’on nomme l’Homme de Mungo sont venues, une fois de plus, bouleverser le savoir sur nos origines. Ce fossile vieux de 60 000 ans, retrouvé en 1974 en Australie, commence seulement à livrer ses secrets. Ainsi, il aurait eu un ancêtre chinois. L’équipe dirigée par l’anthropologue Alain Thorne, de l’Université nationale d’Australie, suggère que les premiers migrants chinois sont arrivés en Australie il y a 70 000 ans, après être passés par les Philippines et le Timor. Selon ces spécialistes, ces migrants appartenaient à une race d’Homo Sapiens connus sous le nom de Graciles. Ces derniers possédaient un gène spécifique aujourd’hui disparu.

L’Homme de Mungo crédite l’origine multirégionale

Cette affirmation se base sur les ultimes analyses de l’ADN de l’Homme de Mungo qui, grâce aux techniques de datation, s’est révélé être le plus ancien échantillon d’ADN humain et montrerait que ce dernier est un descendant des Graciles. Ceux-ci se seraient mélangés, 40 000 ans plus tard, avec les Robustes venus de Java, dont les descendants actuels sont les aborigènes d’Australie. Selon l’équipe de recherche, l’Homme de Mungo était évolué, capable d’utiliser des outils de pierre, d’aiguiser des lances pour la chasse et la pêche. Il brûlait les corps des morts selon certains rites.
Ces résultats plaident en faveur de la thèse selon laquelle l’humanité moderne a évolué vers une espèce unique simultanément à plusieurs endroits, à partir d’un ancêtre commun, Homo Erectus. Ce dernier est originaire du continent africain, qu’il aurait quitté il y a 1,5 million d’années. N’est pas contesté, donc, le fait que l’évolution du singe à Homo Erectus a bien eu lieu en Afrique. Par contre, l’idée que l’homme moderne est apparu uniquement sur ce continent est remise en cause.

Une preuve de plus pour l’origine africaine

Dans le même temps, d’autres chercheurs publiaient des résultats (revue Nature, décembre 2000) confirmant que l’espèce humaine actuelle aurait pris résolument ses racines en Afrique. Une équipe de l’université d’Uppsala (Suède) a étudié l’ADN mitochondrial (transmis par la mère) de 53 individus de différentes ethnies, allant des Inuits aux Kikuyus. Ceci leur a permis d’élaborer une sorte d’arbre généalogique, qui montre que leur ancêtre commun a vécu en Afrique pendant une période comprise entre 221 500 ans et 121 500 ans. Il y eut ensuite séparation entre Africains et non Africains, entre 79 500 et 24 500 ans. Ces travaux suggèrent donc que l’homme moderne serait sorti du continent africain plus récemment que l’on ne croyait (100 000 ans). Cette équipe suédoise croit pouvoir, dans un futur proche, disposer de données dérivées du génome humain, encore plus précises. L’ADN mitochondrial étant en effet un élément qui ne reflète que l’histoire génétique des femmes.

Une quête inachevée

Les paléontologues disposent de technologies chaque jour plus pointues : imagerie médicale pour fouiller crânes et squelettes, analyses moléculaires pour l’ADN, méthodes de datation de plus en plus affinées. Mais c’est aussi cette sophistication qui entraîne des révisions de l’histoire humaine. Il semble même que plus les chercheurs déterrent d’os, plus notre arbre généalogique fourmille de détours. Certains esprits malins vont jusqu’à dire qu’il y a autant de théories que de spécialistes. Ceci souligne en fait simplement que le schéma de l’hominisation n’a rien de linéaire. Finie la vision de silhouettes se redressant peu à peu pour aboutir au triomphe de l’homme moderne. Elle laisse place à une image mosaïque, peuplée d’individus ni tout à fait semblables ni tout à fait différents. Un buisson d’espèces aux caractéristiques variables, plus ou moins bipèdes, plus ou moins arboricoles, où se dissimulent encore nos ancêtres possibles. L’enquête se poursuit. Et la recherche continue à s’interroger pour tenter de résoudre une des plus grandes énigmes : qu’est-ce que l’homme ?

Isabelle Santos



Encadré : Célèbres fossiles

Le plus connu de tous reste sans doute l’australopithèque Lucy, retrouvé en 1974 dans la dépression de l’Afar en Ethiopie. Ce petit bout d’être, muni de longs bras et qui vécut il y a 3 millions d’années, fut longtemps considéré (à tort) comme la grand-mère de l’humanité.
En 1994, toujours en Ethiopie, le professeur Tim White déterre les restes d’Ardipithecus Ramidus, datant de 4,4 millions d’années (soit 1,25 MA de plus que Lucy) et venant grossir les rangs des ancêtres possibles de l’homme. Le détail des dents de Ramidus montre qu’il n’est l’ancêtre d’aucun singe, ce qui signifie qu’il possède déjà des traits spécifiques qui le relient aux futurs hominidés. Mais rien n’est affirmé. Des analyses plus profondes sont en cours.
En 1995, en fouillant le sol kényan, des paléontologues mettent au jour, sur les bords du lac Turkana, un nouvel australopithèque, Anamensis, qu’on date de 4,1 MA. Il tient mieux sur ses jambes que les australopithèques de l’Afar qui lui sont postérieurs, mais, son crâne semble plus archaïque.
La même année, on exhume la mâchoire d’Abel, un australopithèque à la fois arboricole et un peu bipède. Cette découverte faite au Tchad, soit à 2 500 km du Rift (fossé qui déchire l’Afrique de l’Est), vient remettre en question la théorie de l’East Side Story qui expliquait le passage à la bipédie et au développement du cerveau par les conditions climatiques spécifiques de l’Afrique de l’Est.
En 1997, la surprise arrive d’Afrique du Sud. Ron Clarke, célèbre chercheur britannique, découvre le pied d’un hominidé dans une caisse qui porte l’étiquette « grands singes ». Ouvrant d’autres caisses, il débusque de nouveaux os (tibia, crâne...) appartenant à ce même individu que l’on surnomme déjà Little Foot. Au total, c’est presque un squelette complet d’australopithèque datant de 3,5 MA que Ron Clarke vient offrir au grand livre des origines de l’homme.

I. S.





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