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31/10/2001

La miniaturisation explore le corps humain

(MFI) Les spécialistes des nanotechnologies mettent au point de minuscules dispositifs propres à mieux explorer les parties inaccessibles du corps et à y libérer précisément les traitements.

Il y a plus de trente ans, Otto Clement et Lewis Bixby écrivaient Le voyage fantastique. Best-seller de la science-fiction, porté à l’écran par Isaac Asimov, ce livre entraînait à l’intérieur du corps humain grâce à un sous-marin et son équipage réduit à l’échelle microscopique. Aujourd’hui, les spécialistes des nanotechnologies – des technologies tendant vers l’infiniment petit, notamment dans l’informatique – approchent pas à pas du fantastique. En effet, une nouvelle génération de dispositifs miniatures, déjà communément surnommés « pilules intelligentes », prétend entrer dans la compétition médicale. Objectifs : explorer l’intérieur du corps humain et y libérer les traitements de façon sélective. Si la plupart de ces pilules intelligentes n’en sont qu’au stade de l’expérimentation, l’une d’elles a été autorisée, par les services américains et européens, à faire son entrée sur le marché.
Son nom de code est M2A. Mise au point par la société israélienne Given Imaging, première à être commercialisée, la M2A est conçue pour explorer le tube digestif. Elle détecte des maladies jusque-là difficiles à visualiser, comme celles qui affectent l’intestin grêle. Les essais menés, durant deux ans, sur des volontaires ont même permis de revoir les objectifs à la hausse. Non seulement cette technique se révèle totalement indolore, mais la qualité des images qu’elle renvoie du tube digestif dépasse les espérances. Cette pilule ouvre des perspectives énormes dans le domaine du diagnostic : elle apporte une information beaucoup plus précise que les examens traditionnels.

Un œil dans le tube digestif

Pour la majeure partie des désordres gastro-intestinaux, on recourt actuellement à l’endoscopie, c’est-à-dire à l’introduction dans le tube digestif d’une caméra connectée à un système externe de visualisation. L’examen, qui dure en général trente minutes, offre de bons résultats mais occasionne des gênes et des douleurs chez les patients. La première « vidéo-pilule M2A » devrait, selon les experts de la Food and Drug Administration (FDA/Etats-Unis), résoudre ces problèmes.
La M2A mesure 2,6 cm de long et 1,1 cm de diamètre. Son fonctionnement est basé sur une minuscule caméra vidéo, une petite lampe froide pour éclairer l’intérieur du tube digestif et de minuscules batteries d’une autonomie d’environ huit heures. La caméra émet 2 à 4 images par seconde qui sont transférées via un système de radiofréquence à une unité externe, fixée à la ceinture du patient. Elle se meut grâce aux impulsions produites par la nourriture au cours de la digestion (mouvements dus aux contractions musculaires des parois du tube digestif et permettant la progression des aliments). Des capteurs situés sur l’abdomen permettent de suivre la position du minuscule engin à l’intérieur du corps.
Une fois les batteries épuisées, la micro caméra est excrétée. La vidéo-pilule n’est donc utilisable qu’une seule et unique fois. Les données transmises et stockées par l’unité externe sont ensuite transférées dans un système informatique où l’on pourra revoir en image toute la trajectoire de la vidéo-pilule. Pendant que la caméra explore l’intestin du patient, celui-ci peut vivre une vie tout à fait normale. Il ne ressent rien, absolument rien.

Des limites et un usage au compte-goutte

Pour sophistiquée qu’elle soit, la technique devra encore s’améliorer. Lors de sa présentation à San Diego, en Californie, les chercheurs ont mentionné quelques-unes de ses limites. Tout d’abord son autonomie, initialement prévue de douze heures, n’est que de huit heures. Deuxièmement, l’absence de pilotage externe sur une cible précise. On doit s’en remettre au hasard, ce qui n’est pas sans conséquences. Par exemple, on n’obtient quasiment aucune image de l’œsophage à cause de la vitesse du transit, tandis que dans l’estomac, la vidéo-pilule peut rester plus de deux heures. Les meilleurs résultats sont obtenus dans l’intestin grêle où la caméra s’attarde longuement. Elle peut révéler de petites lésions, des ulcères, des tumeurs. S’il ne faut pas en faire un miracle miniature, elle représente une alternative très prometteuse en cas de « haute suspicion ». En effet, son usage reste sélectif car son prix demeure une limite de taille. Une vidéo-pilule coûte environ 4 000 FF et chaque exploration aux alentours de 8 000 FF !

Un micro-robot pour déboucher les artères ?

Beaucoup de pilules intelligentes visent à optimiser les traitements, en les distribuant là où il faut, et à éviter ainsi les effets secondaires. Certains imaginent de traiter des tumeurs au moyen de lasers incorporés dans les gélules, qui se libèreraient au contact des tissus endommagés. D’autres projets, proposés par l’Institut national du cancer aux Etats-Unis associé à la Nasa, prévoient de développer des dispositifs qui pourraient circuler dans le sang. L’un d’eux se base sur un engin déjà mis au point par le centre spatial pour mesurer en permanence la température interne des astronautes. Un autre prévoit d’intégrer un système GPS pour localiser une pilule de 15 millimètres tout au long de son trajet. Enfin, le programme qui suscite le plus d’enthousiasme, est celui de micro-robots qui exploreraient les veines et les artères. Les engins pourraient effectuer des prélèvements ou prendre en charge de déboucher des artères.

Isabelle Santos





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