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21/03/2002
Réfugiés écologiques : ou pourquoi il faut freiner la dégradation des terres arides

(MFI) Les nouvelles technologies peuvent contribuer à repousser l’avancée du désert. Mais la science ne pourra pas lutter seule : les communautés doivent participer à la recherche de solutions. Tel est le message sur lequel se sont quittés les participants à la dernière réunion du projet Lada, destiné à évaluer le degré de dégradation des zones arides et examiner comment les populations y font face.

Deux milliards de personnes dans le monde seraient concernées par la dégradation des sols, dont plus de 100 millions pourraient faire partie, demain, de la catégorie désignée depuis 1996 déjà sous le terme de « réfugiés écologiques ». Côté superficie, cela représente 70 % des zones arides et semi-arides de la planète. L’évaluation que mène le projet Lada – lancé en décembre 2001 (1) – se concentre sur ces terres, productives mais fragiles, qui ne reçoivent que 100 à 1 000 mm de précipitations annuelles et qu’une utilisation inappropriée peut anéantir.
La dégradation des terres est généralement définie comme une baisse temporaire ou permanente de la productivité des terres. Elle peut résulter du changement climatique ou de phénomènes naturels, mais il est plus vraisemblable qu’elle dérive des activités humaines. Une irrigation peu rationnelle entraîne une salinisation des sols, donc une baisse des rendements, voire une mise des terres hors production. Ce phénomène frappe, à des degrés divers, 25 % des terres irriguées et menace ainsi 10 % de la récolte céréalière mondiale. D’autres terres, qui comme les steppes se trouvent en bas de l’échelle des précipitations, servent de pâturage aux moutons ou chameaux et d’abri à une partie de la biodiversité végétale. Mais l’augmentation des troupeaux peut donner lieu à un surpâturage qui favorise la désertification avant de laisser place au désert.

Sous le regard des technologies

Les systèmes de télédétection permettent aujourd’hui aux experts de suivre la progression du processus, de préciser la cartographie des sols et le taux de couverture végétale, de dresser un état des ressources en eaux souterraines ou de surface, etc. L’analyse des données montre par exemple que la frontière végétale (point où la végétation s’arrête de pousser) au sud du Sahara peut reculer jusqu’à 200 km une année de sécheresse. Elle peut se rétablir tout aussi vite lors de la reprise du régime normal des pluies. Depuis l’espace, on obtient des indicateurs de l’état de désertification et de son évolution : composition des sols, rugosité…
Ainsi, la couleur et la brillance des surfaces enregistrées par les images satellites constituent un bon indice de l’extension des sables mobiles. Elles peuvent également révéler la quantité et la qualité de la végétation. La télédétection associée à des modélisations par ordinateur et des données de terrain peut amener à anticiper la baisse des rendements. Toutes ces technologies de surveillance et d’analyse concourent à définir des bases scientifiques pour la restauration des terres dégradées, à proposer des scénarios d’aménagement et de réhabilitation des zones désertifiées. Mais cela ne suffit pas.


Du régime foncier à la gestion des bois sacrés

Il est nécessaire de pouvoir corréler les données avec une multitude de facteurs humains. Une grande partie des travaux du Lada sera axée sur les pratiques et les paramètres socio-économiques qui peuvent provoquer la désertification. Si la végétation est en recul, ce peut être par exemple parce que trop de moutons paissent sur une terre fragile. Mais pourquoi ? Les accords traditionnels des clans sur le pâturage ont-ils été rompus ? Quand les rendements diminuent, on l’impute à la salinité des sols. Mais les subventions gouvernementales incitent-elles les agriculteurs à une culture irriguée là où les terres ne sont guère adaptées ? L’irrigation serait-elle soutenable si les paysans recevaient une assistance technique ? Si les agriculteurs n’investissent plus dans la conservation des terres , est-ce dû à la perturbation du régime foncier ?
Des études sur l’impact des facteurs culturels vont ainsi rapidement être entreprises pour déterminer leur influence sur la gestion de l’environnement. En tenant compte des diversités et des particularités régionales, on observera les pratiques culturelles à travers les activités de santé, les habitudes alimentaires, la gestion des bois sacrés... À l’échelle locale, là où sols et végétation se dégradent, sont stables ou s’améliorent, il s’agit de comprendre dans le détail les relations entre ces changements et les usages humains. Sachant que l’homme joue tour à tour le rôle de destructeur et de protecteur des écosystèmes.


(1) Le projet Lada d’évaluation de la dégradation des terres dans les zones arides est un partenariat entre la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les centres internationaux de recherche agronomique, les organisations paysannes, les universités et autres partenaires de la société civile.

Isabelle Santos

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