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07/11/2002
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Espèces envahissantes : un frein au développement
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(MFI) Elles pullulent et prolifèrent dans leur zone d’habitat naturel, mais peuvent coloniser d’autres territoires. Pucerons, rongeurs ou tiques, ces espèces sont décrites comme une menace pour la biodiversité, l’agriculture et parfois la santé. Depuis quelques années, des chercheurs de l’IRD (France) se penchent sur elles pour tenter de développer des stratégies de lutte adaptées
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Ce n’est pas nouveau. La prolifération des espèces à l’échelle des temps géologiques a contribué à l’évolution. Mais depuis que l’homme est sapiens, il interfère avec ce processus en transférant – volontairement ou non – des végétaux ou des animaux dans de nouveaux territoires. Aujourd’hui, les échanges se sont accélérés, et avec eux les déplacements d’espèces se sont accrus et complexifiés. Ces intrusions sont devenues, à l’échelle de la planète, la troisième cause d’érosion de la biodiversité. En effet, ces invasions exponentielles seraient l’origine de plusieurs centaines d’extinctions d’espèces. Mais ce n’est pas tout : elles sont aussi une menace pour l’agriculture et parfois la santé de l’homme.
Face à l’ampleur du phénomène, l’Organisation des Nations unies a lancé en juin 2002 un programme spécifique nommé GISP : Global Invasive Species Programme. Ce dernier, en collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la Nature, doit mettre en œuvre une banque de données accessible sur Internet qui devrait recenser tous les programmes de recherche et d’action concernant les espèces envahissantes. Parmi ces programmes, on peut citer ceux de l’IRD qui a lancé depuis plusieurs années des études sur les mécanismes qui favorisent les pullulations d’espèces dans les écosystèmes tropicaux, souvent dépourvus des moyens nécessaires pour y faire face.
Fourmis, champignons, tiques : une vraie plaie !
Des « microbes » aux plantes en passant par les algues, les champignons, les insectes ou les vertébrés, ces espèces dites « exotiques » – parce qu’elles se comportent en intruses – appartiennent à tous les domaines du vivant. Les écosystèmes insulaires en font tout particulièrement les frais. Et ce, pour deux raisons : beaucoup des espèces qui les peuplent n’existent pas ailleurs (endémisme fort) et parce que, peu nombreuses, elles sont d’autant plus fragiles. Les nouveaux arrivants y trouvent souvent le champ libre. Les plantes envahissantes en prennent ainsi à leur aise en occupant le terrain à la place des flores autochtones, et se transforment alors en véritable « pestes végétales ».
Tel est le cas de Miconia calvescens, repérée en Polynésie. C’est un des cas plus particulièrement étudiés par les chercheurs de l’IRD. Mais il y en a d’autres, au rang desquels ce petit insecte Tecia solinavora, dont les larves dévorent les pommes de terre en Equateur, la tique du bétail Boophilus microplus ou la fourmi Wasmannia auropuncta introduite accidentellement en Nouvelle-Calédonie et d’une agressivité redoutable envers les autres espèces. Ou encore ces rongeurs qui pullulent dans les zones sahéliennes.
Prolifération de rongeurs et perturbations climatiques
Les chercheurs n’hésitent pas à dire que la prolifération – faute de moyens – des rongeurs constitue un frein au développement de certains pays soudano-sahéliens. Les scientifiques de l’IRD et de l’INRA ont regroupé leurs études sur la pullulation des rongeurs, afin de modéliser les risques et de rendre les méthodes de contrôle plus efficaces, tout en respectant l’environnement. Mais avant d’aiguiser les armes, il s’agit de comprendre les mécanismes. Les travaux menés au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Sénégal montrent que ces pullulations sont liées à des phénomènes majeurs environnementaux, climatiques ou biologiques.
Si, en zone tempérée, la structure du paysage influence la diffusion des proliférations à partir de « milieux sources », il semble qu’en zone tropicale, les pullulations sont souvent corrélées avec des perturbations climatiques telles les pluies précoces. Ces phénomènes dits majeurs agissent plus ou moins directement sur la dynamique des populations, à travers leurs impacts sur la mortalité, la reproduction ou la mobilité. Ces divers impacts dépendent aussi de la structuration génétique et sociale des populations et de l’évolution saisonnière de certains facteurs dits « limitants » comme les activités humaines, les périodes de restriction alimentaire et d’inondation. Reste à comprendre les relations entre ces différents facteurs. C’est un des objectifs des recherches réalisées au Mali, en collaboration avec des généticiens, et qui visent tout particulièrement les pullulations dans les plaines inondables où se trouve une bonne part des ressources renouvelables.
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Isabelle Santos
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