Les dernières études ne sont pas bonnes. Franchement, on s’en doutait. L’audience des matches de la Ligue des champions a chuté dans tous les grands pays européens de football, par rapport à l’année dernière, à l’exception toutefois de l’Italie (voir chiffres ci-joints)… L’explication est simple : après plusieurs saisons de vaches maigres et de rentrée dans le rang, les clubs italiens sont revenus en force avec trois des leurs en quarts de finale, soit autant que leurs frères espagnols.
Saturés de finales, de titres et de couronnes, les téléspectateurs espagnols ont quelque peu boudé leur plaisir, se réservant sans doute pour les rencontres décisives. Les Anglais, eux aussi, ont un peu déserté le poste. Tout comme les Français qui vivent l’Europe surtout à travers leurs héros expatriés, Zidane et Makelele à Madrid, Barthez et Silvestre à Manchester (on ne parle pas des absents d’Arsenal), Thuram et Trézéguet à Turin. C’est ce qu’on pourrait appeler se raccrocher aux branches…Car les clubs de l’hexagone ont décroché du wagon de tête européen, se contentant d’être les leaders de ce qu’il conviendrait d’appeler la deuxième division européenne.
Oui, l’audience télévisée est conditionnée par la présence ou non des clubs de son pays, comme en témoignent les chiffres de l’Allemagne, les plus mauvais du club des cinq. Quand le Bayern de Munich et l’une ou l’autre des formations de la Bundesliga ne sont plus là, les téléspectateurs allemands passent à autre chose. La seconde phase de la Ligue des champions fait de l’Allemagne le seul pays à ne pas atteindre les 10 % de parts d’audience. La faute à qui ?
A tous ceux qui ont privilégié depuis trop longtemps la formule championnat et délaissé la formule Coupe, de loin la plus spectaculaire, où les calculs sont interdits. A cet égard la rencontre entre le Real Madrid et Manchester United, en quart de finale aller à Santiago Bernabeu, a témoigné que les dirigeants de l’Union Européenne avaient fait fausse route. Rien ne saura jamais remplacer ces face-à-face à élimination directe. On nous promettait un festin. Nous avons dégusté un mets de princes entre les deux plus grands clubs du monde : le plus prestigieux, le Real Madrid, dépositaire d’une certaine idée du football et du sport, d’une culture aussi ; le plus riche, Manchester United, que tout un chacun a rêvé imiter. Mais les clubs anglais sont inimitables. Créateur du foot, ils en connaissent toutes les spécificités et le talent de leurs hommes d’affaires fait le reste.
Vous ne me croyez pas ? Eh bien, une petite société du nord de l’Angleterre a décidé de mettre sur le marché des diffuseurs de senteurs : celles de la pelouse, du vestiaire ou de la salle des trophées des plus grands clubs d’outre-Manche. Et même le fumet des traditionnels stands de tourtes à la viande dont on peu inhaler l’odeur âcre pendant la mi-temps des rencontres.
L’argent n’a pas d’odeur.
Mais les idées, a priori fumeuses, peuvent être de très bonnes recettes pour gonfler les finances de clubs qui auraient tendance à se paupériser, en Angleterre comme ailleurs. Le foot est à la baisse, les caisses font grise mine, les téléspectateurs s’ennuient et boudent. La multiplication des rencontres s’est accompagnée d’une forme évidente de saturation.
Un obèse ne courra jamais le cent mètres en moins de dix secondes.
Taux d'audience moyens enregistrés (étude Eurodata TV Worlwide) :
Espagne :
14,6% (saison complète 2001/2002)
12,3% (1re phase 2002/2003)
13,4% (2e phase 2002/2003)
Italie :
9,2%
12,5%
12,6%
Angleterre :
12,4%
10,0%
11,6%
France :
11,5%
11,2%
10,2%
Allemagne :
8,7%
8,9%
7,4%
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