Le 13 avril restera une date importante dans l’histoire du marathon. En réalisant un temps de deux heures, quinze minutes et vingt-cinq secondes, la Britannique Paula Radcliffe – qui ne courait que pour la troisième fois sur cette distance – a approché de moins de dix minutes le record des messieurs. Un exploit qui tient à la qualité exceptionnelle de Radcliffe, amis qui témoigne également des progrès considérables des athlètes féminines longtemps interdites de pratique sportive.
Les femmes n’en finissent pas de nous épater. Dans le domaine du sport, et je pense en particulier à l’athlétisme, où elles réalisent, depuis une quinzaine d’années, prouesses sur prouesses. Elles gagnent des centimètres, parfois des mètres. Elles gagnent des secondes, parfois des minutes.
C’est vrai que, pendant longtemps, elles sont restées à l’écart des stades d’athlétisme, car la société les astreignait à d’autres tâches, sinon missions. La démocratisation, l’égalité hommes/femmes ont transformé la pratique sportive. Voilà le tabou du sexe dit faible et de ses interdits battu spectaculairement en brèche, même si du chemin reste encore à parcourir.
La Britannique Paula Radcliffe est entrée dans l’histoire en améliorant de près de deux minutes sa meilleure performance mondiale sur les 42 km 195 du marathon. Meilleure performance mondiale, car sur cette distance – c’est vrai pour les hommes aussi – les parcours ne sont pas identiques. Certains sont plus rapides, en raison d’un tracé bien plat, et d’un itinéraire rarement balayé par le vent, par exemple. Meilleure performance mondiale et pas record. Mais cela revient presque au même.
Paula Radcliffe a ainsi rapproché les femmes des hommes sur la distance : moins de dix minutes désormais les séparent. Sur l’échelle statistique de la fédération internationale, le bond chronométrique de Radcliffe place la performance à la hauteur de celle du sauteur en longueur Bob Beamon, à Mexico en 1968. Certains, mal intentionnés, ont cherché à minimiser l’exploit, soutenant que Paula Radcliffe avait bénéficié du concours de deux lièvres masculins, l’un des deux l’accompagnant, la tirant, argumentent ses détracteurs, jusqu’à la ligne d’arrivée. Ils n’étaient là que dans ce but, la course des hommes ne prenant le départ que quarante-cinq minutes après celle des femmes.
Une fois cette remarque posée, il faut se rendre à l’évidence : les femmes n’ont plus grand chose à redouter des hommes. A Londres, dimanche dernier, la Britannique aurait terminé quinzième d’une épreuve mixte.
Le marathon est une épreuve particulière qui fait davantage appel aux ressources psychologiques qu’aux seules qualités physiques. Les femmes, il faut en convenir, sont plus tenaces et plus courageuses que bien des hommes. La course-poursuite ne fait que commencer. On attend, avec intérêt, la montée en puissance du continent africain. Chez les femmes – encore peu nombreuses à pratiquer le sport – si les Ethiopiennes et les Kenyanes imitent les garçons, elles exerceront d’ici cinq ans une hégémonie qu’il sera difficile de leur contester.
A travers l’athlétisme, il est possible de mesurer les mutations d’une société planétaire qui a, depuis plusieurs millénaires, réservé sa place spécifique à la femme : à la maison. La parité fait ses petits pas qui, pour certaines, sont déjà des pas de géantes.
|