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26/05/2003
La chronique de Gérard Dreyfus : A visage découvert

(MFI) Cinq mois avant la date-limite de dépôt de candidature, deux candidats se sont mis sur les rangs pour succéder au Camerounais Issa Hayatou à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF).

Le premier à s’être déclaré a été le Botswanais Ismael Bhamjee ; fin mai, il a été rejoint par Essaidi Kadhafi, fils du chef de l’Etat libyen, en attendant d’éventuels autres postulants. La campagne s’annonce rude, âpre et difficile pour ces candidats et les autres qui, en ce moment, ont des fourmis dans les jambes. Faut-il se déclarer tôt et avancer à visage découvert ou bien attendre le dernier moment pour entrer en scène sans avoir usé ses meilleures cartes ? Faut-il être lièvre ou tortue ? Les élections présidentielles à la CAF sont loin d’être jouées.
Plus encore que la compétition elle-même – on a le temps de s’en inquiéter – c’est cette élection qui mobilise aujourd’hui toutes les attentions. Il y a ceux qui ont toujours eu l’ambition bien naturelle de devenir puissant parmi les puissants. Il y a ceux qui se disent : « Pourquoi pas moi ? ». Il y a ceux qui ne disent rien mais qui piaffent d’impatience, guettant le faux-pas ou l’épuisement d’un candidat ayant présumé de ses forces ou de sa véritable audience parmi les futurs électeurs. Les candidats officiels ont-ils cherché à devancer ceux qui temporisaient pour les prendre de court ? Deux hommes ont révélé au grand jour leurs intentions, choisissant de cristalliser sur leur nom louanges ou opprobres.
Leur argument premier est un peu identique : il faut changer. L’un des prétendants s’est un peu piégé lui-même, oubliant qu’il est confortablement installé au comité exécutif depuis presque seize ans et qu’il a accompagné l’actuel président dans ses choix. Cette stratégie est une stratégie-boomerang, qui a de fortes chances de lui revenir dans le visage. Le deuxième prétendant, homme-protée du football libyen, affirme qu’il a toujours épousé les causes victorieuses et qu’il n’y a pas de raison que le vent tourne. Il se flatte, en particulier, d’avoir été un des instruments de l’échec d’un Africain dans la course à la présidence de la FIFA. Par ailleurs, ses investissements dans le football ont d’abord été effectués en Italie. A chacun sa stratégie. De toute façon, tôt ou tard, les deux candidats connus vont se retrouver face à face. Au-delà de ces deux hommes, on peut voir poindre l’horizon 2010 et la première Coupe du monde jamais organisée par le continent africain.
Ismael Bhamjee, dit-on, est le candidat soutenu par l’Afrique du Sud, favori dans la course au Mondial ; Essaidi Khadafi, et pour cause, est l’une des chevilles ouvrières de la candidature libyenne. Sans l’avouer, chacun estime que son élection favoriserait ses desseins. Le Botswanais aura son mot à dire puisque, dans un an, il siègera au sein du comité exécutif de la FIFA lorsqu’il fera son choix parmi les pays d’Afrique, ce qui, quoi qu’il advienne, ne sera pas le cas du Libyen, président ou non de la CAF à ce moment-là. L’enjeu du pouvoir à la CAF dissimule l’intention initiale : faire gagner son camp dans la grande bataille de 2010. En coulisses, chacun revendique les faveurs du patron actuel du football mondial, Sepp Blatter, laissant entendre que ce dernier n’aurait jamais pardonné à Issa Hayatou d’avoir soutenu Johannson en 1998, puis de s’être présenté contre lui à Séoul et qu’il serait déterminé à sa perte. Le grand mystère demeure toutefois la position du président sortant, qui n’a jamais annoncé ni qu’il se retirait, ni qu’il postulerait aux faveurs de ses pairs. Comme on l’imagine en pareilles circonstances, les rumeurs concernant l’une ou l’autre hypothèse alimentent les conversations. Soit ! Mais n’est-on pas en droit aujourd’hui de demander aux uns comme aux autres : avez-vous un programme et quel est-il ?
En réalité, le football africain ne va pas trop mal. Il réussit des miracles permanents. Et la seule et unique question qui mérite d’être débattue est la suivante : quelles sont les voies et moyens pour trouver de nouvelles ressources au football du continent ? Comment attirer des partenaires économiques dans des pays délaissés par une partie des investisseurs ? Le problème n’est pas celui du football, mais celui du continent. Des initiatives ont été prises, mais dans la plupart des pays, c’est toujours l’Etat qui finance le football et plus largement le sport, naturellement.
De l’agitation, des rumeurs, des règlements de comptes, c’est le lot de toutes les élections. Si on agite le drapeau du fair-play, c’est sur le terrain avant un match, rarement dans les coulisses où se dessinent les grandes orientations. Et observons qu’une fois encore on élude les vraies questions en ne parlant que des individus, ceux qui se sont découverts et ceux qui le feront « en temps voulu ».


Gérard Dreyfus

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