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04/06/2003
La chronique de Gérard Dreyfus : Monsieur Lemerre travaille

(MFI) Un an après sa déculottée monumentale à la Coupe du monde, l’équipe de France de football s’apprête à accueillir la Coupe des Confédérations. La sérénité en partie retrouvée, elle a réappris à gagner et, dans un groupe facile, devrait logiquement défendre– après être passée par les qualifications, comme c’est désormais la règle – son titre européen l’an prochain au Portugal. Jacques Santini est aux manettes. Roger Lemerre, son prédécesseur s’est exilé en Tunisie où il a pris en main, voilà sept mois, la sélection nationale.

Exil volontaire ou départ forcé, Roger Lemerre, cible facile, avait, sitôt l’élimination consommée, été rejeté par la France du football. Si tous étaient responsables de la déshérence des champions du monde en titre, il était confortable pour tous de ne désigner qu’un seul coupable. Oubliées ses années de gloire, aux côtés d’Aimé Jacquet en 1998 ou seul à l’Euro 2000. Il fallait un fautif. Il était naturellement désigné. Mais la carrière d’un entraîneur s’arrête rarement à un échec et Roger Lemerre partit noyer son chagrin, sa tristesse et peut-être aussi sa rancœur de l’autre côté de la Méditerranée. La Tunisie lui ouvrait ses portes, à la surprise générale, gommant les semaines de braise pour ne retenir que le souvenir des années de victoires. Vu de France, ce départ ressemblait à une sorte de retour en arrière. Le double champion du monde et d’Europe se trouvait, en quelque sorte, relégué en deuxième division. Pour autant, il demeurait entraîneur d’une équipe nationale qui venait de disputer sa troisième Coupe du monde (78, 98, 02) sans parvenir à conquérir le moindre galon. Un objectif lui était fixé : ce titre de champion d’Afrique qui s’est toujours refusé à elle, en 1965 comme en 1996 (battue en finale par le Ghana, la première fois, par l’Afrique du Sud, la deuxième).
Roger Lemerre s’est remis au travail dans un pays et un football qu’il avait côtoyés il y a une petite vingtaine d’années (Espérance de Tunis 85-86), a rebâti une sélection dont il espère faire une machine à gagner. A ce jour, son équipe a disputé cinq rencontres, n’en a perdu aucune, a concédé deux fois le nul face à l’Egypte et au Ghana et remporté trois succès aux dépens de la Suède, du Cameroun et du Sénégal, chaque fois par le plus petit des scores. Il a suivi les matches de championnat, supervisé les joueurs évoluant en Europe, testé de nouveaux entrants. Dans quelques semaines, il dirigera deux stages, d’abord une semaine au nord de la Tunisie, ensuite deux semaines en moyenne altitude, à Crans Montana en Suisse. Sans les joueurs expatriés. Ils ont connu une longue saison ; ils entameront la préparation d’une nouvelle saison avec leurs clubs. Leur présence lors de ces deux stages n’est pas indispensable, d’autant moins que les « professionnels » ne sont pas majoritaires en Tunisie, que l’équipe peut fonctionner sans eux, que les clubs viennent encore de réaliser un sans faute en Coupes d’Afrique, que l’incorporation de quelques uns pose moins de difficultés que celle de tout un groupe. On peut lui faire confiance : son équipe sera fin prête au début de l’année prochaine. Bien évidemment, il est très intéressant de suivre ce parcours atypique. Roger Lemerre est l’un des entraîneurs les plus titrés à avoir jamais déposé son sac sur le sol africain. A l’heure où nombre d’entraîneurs d’équipes nationales se demandent pourquoi ils devraient passer leur temps en Afrique alors que leurs joueurs sont en Europe, l’expérience Lemerre pourrait bien remettre quelques idées en place.
Quand certains entraîneurs étrangers laissent entendre qu’ils sont plus à même de négocier la libération des joueurs avec leurs clubs, on peut se demander quel langage ils parlent. Un entraîneur est là pour travailler, pour améliorer la qualité du football dans le pays où il a choisi de s’établir, pour dénicher de nouveaux talents. Monsieur Lemerre travaille. Son équipe sera la plus affûtée en janvier 2004, c’est une certitude. Chez elle, elle sera difficile à battre.


Gérard Dreyfus

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