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23/06/2003
La chronique de Gérard Dreyfus : SOS football français

(MFI) Plus de trois cents joueurs en fin de contrat, des transferts particulièrement au ralenti, des clubs qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de saison. Le football français est victime tout à la fois de la récession des droits de télévision et de l’inflation des salaires.

Tout est parti des années télé. Rien n’était trop beau pour réclamer chaque année davantage aux chaînes de télévision devenues véritables vaches à lait des clubs. Toujours plus était le leitmotiv. Comment pouvait-on imaginer que le plus perdrait sa barre verticale pour devenir un moins ? Il fallait être Cassandre. Ceux qui levaient le doigt en disant que cette course effrénée vers l’avant allait se heurter à un mur étaient rejetés comme de vilains oiseaux de mauvais augure.
Et pourtant, ils avaient raison. Il suffisait de tourner le regard vers les super grands d’Europe, prétendument les plus solides, les mieux gérés (Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne) pour se rendre compte que chacun était affecté. David Beckham a signé à Madrid pour le tiers de ce que, deux ans plus tôt, le Real avait donné à la Juventus pour obtenir la venue de Zinedine Zidane. Beaucoup de clubs n’arrivent plus à faire face à leurs obligations. Les salaires ont augmenté de manière considérable tandis que les recettes s’époumonaient. En France, de la période où le nombre de contrats en Ligue 1 était limité, on est passé à une phase sans limite. Plus de trente joueurs sous contrat par club, sans compter les joueurs du centre de formation ; de plus en plus de membres dans l’encadrement technique ; et des effectifs administratifs en augmentation sensible.


Des surprises désagréables

On en était venu à dépenser sans se soucier de savoir si l’intendance financière suivrait. La gestion des clubs était devenu totalement folle, une extraordinaire fuite en avant. Avec des salaires complètement démesurés, hors normes. Des salaires qu’il faut aujourd’hui honorer jusqu’à leur terme. Et c’est bien là le problème majeur du moment. Qui explique l’extrême tiédeur, sinon l’atonie, du marché des transferts. Calme presque plat. On le sait, certains mouvements ne se feront que dans le mois qui suivra le coup d’envoi de la saison nouvelle.
Parti comme il l’est, le mouvement de départ des meilleurs joueurs français devrait s’accentuer même si, à l’étranger, la situation n’est pas non plus des plus brillantes. Mais les Italiens, les Espagnols et les Anglais n’ont pas un organisme chargé du contrôle rigoureux de la gestion des clubs comme la DCNG française. Sinon, il y aurait chez eux aussi de désagréables surprises.
Les responsables des clubs français aimeraient bien que les règles en vigueur dans le pays soient étendues aux autres pays de l’Union européenne, chacun étant alors logé à peu près à la même enseigne. La situation des uns et des autres relève désormais de plus en plus de la précarité : les clubs qui espèrent continuer à percevoir la manne télé tout en sachant qu’elle continuera de se tarir ; les joueurs jamais ennemis de leur intérêt personnel comme tous les acteurs de ce petit monde qui n’a pas vu arriver la crise.
Certes le public n’a jamais été aussi nombreux dans les stades pour les matches de la Ligue 1, mais les audiences télévision sont en recul. Peut-être parce que les équipes françaises ne sont plus compétitives dans les compétitions européennes. Même l’équipe de France n’arrive plus à enflammer le public. Le triomphe de 1998, le titre européen de 2000 sont des souvenirs qui commencent à prendre de l’âge. L’heure est à la morosité.


Le joueur africain est un bon produit d’exportation

Et les joueurs africains, sont-ils menacés dans leurs emplois ? Pas vraiment. Peu importe la nationalité pourvu que le joueur ait du talent. Quels sont les joueurs qui ont été les plus en vue la saison passée ? : le Congolais Shabani Nonda ou l’Ivoirien Didier Drogba, plus quelques autres qui ont largement fait leur part du boulot, en y mêlant efficacité et séduction. Globalement le joueur africain est plutôt un bon produit d’exportation, présentant un attractif rapport qualité-prix, même si les tarifs ont bien augmenté. Il y a longtemps que cela ne fait plus de doute pour personne ; l’Espagne ne lui a pas largement ouvert ses frontières, pas plus que l’Italie d’ailleurs, mais elles ne pourront pas échapper au mouvement.
Le football français ne va pas bien. Ses clubs, ayant recouvré la liberté, sont retombés dans leurs vieilles errances, dépenser plus que ce qu’ils ont, tablant sur des recettes qui se sont réduites. Un observateur, parmi d’autres, soulignait récemment que le football français était entré dans une phase d’austérité. Par obligation. Toute la question est de savoir si la bulle football, en France comme en Europe, n’est pas en train de se dégonfler au rythme des valeurs technologiques, en l’an 2000 à la bourse de New York, qui entraîna un vent de panique sur l’ensemble des places financières de la planète. Phénomène de société depuis une petite vingtaine d’années, le football va peut-être redevenir ce qu’il était avant : d’abord l’affaire des amoureux du sport.


Gérard Dreyfus

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