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05/09/2003
La chronique de Gérard Dreyfus : Athlétisme : l’Afrique recule

(MFI) Il ne faudrait surtout pas se fier à quelques impressions furtives laissées par les hommes et les femmes en vert venus d’Ethiopie. Les 9èmes championnats du monde d’athlétisme qui se sont déroulés au Stade de France, à Saint-Denis, ont marqué une régression de l’Afrique par rapport aux deux épreuves qui leur sont comparables, les Championnats précédents d’Edmonton, en 2001, et les Jeux Olympiques de Sydney, une année plus tôt.

A Sydney, les Africains avaient remporté 29 médailles (8 or, 9 argent et 12 bronze) ; à Edmonton 25 médailles (10 or, 9 argent et 6 bronze) ; à Saint-Denis le total est passé à 22 médailles (11 or, 6 argent et 5 de bronze). Comme d’habitude, ces médailles ont été obtenues dans les courses de demi-fond et de fond, à l’exception des deux titres au saut en hauteur des Sud-Africains Hestrie Clete, chez les femmes, et Jacques Freitag, chez les hommes ; ainsi que des médailles d’argent pour la Camerounaise Françoise Mbango-Etone au triple saut et du Sud-Africain Okkert Brits à la perche.
Les Africains, outre la hauteur, ont remporté le 800 m, le 1 500 m, le 5 000 m, le 10 000 m et le marathon ; les Africaines, outre la hauteur, le 800 m, le 5 000 m, le 10 000 m et le marathon. Le Marocain Hicham El Guerrouj et l’Ethiopien Kenenisa Bekele ont été les plus en vue avec chacun deux médailles, une d’or et une d’argent. Les deux hommes qui rêvaient de réaliser le doublé ont été départagés sur 5 000 m au sprint par le junior kenyan Eliud Kipchoge, le plus bel espoir avec l’Ethiopien – qui a devancé sur 10 000 m l’icône Haïlé Gébrésélassié – de l’athlétisme africain. Si les lauréats méritent, sans réserve naturellement, tous les applaudissements, que dire de l’ensemble de la participation sinon qu’elle fut médiocre et somme toute décevante. Outre ceux qui sont montés sur le podium, on n’a enregistré que 25 finalistes chez les hommes (places de 4 à 8) et tout juste 7 chez les femmes. Ces chiffres sont les plus significatifs. A maintenant une année du rendez-vous olympique d’Athènes, il n’y a pas de quoi pavoiser.
Les causes de ce recul sont multiples. La plus visible est incontestablement la disparition presque totale du Nigeria. Le pays le plus peuplé du continent est absent des podiums comme il l’a été et à Sydney, et à Edmonton. Où sont passés les sprinters de ce pays ? Deji Aliu, plutôt en vue avant la compétition, n’a fait que de la figuration sur 100 m, Emedolu terminant également huitième de la finale du 200 m. Etrangement, les deux meilleurs sprinters sont venus de la lointaine île Maurice, Stéphane Buckland, 5ème du 200 m, et Eric Milazar, 7ème du 400 m. Le Ghana qui possédait également des hommes rapides n’en a plus, Eric Nkansah s’est arrêté en demi-finale du 100 m. Deuxième échec, masqué par les deux titres (5 000 m masculin et marathon féminin) conquis lors de la dernière journée, celui du Kenya. Jusque là fleuron de l’Afrique qui court, le Kenya paye les incohérences de sa fédération. Elle a laissé partir Stephen Cherono au Qatar, prendre la nationalité de ce petit pays quelques semaines avant les championnats. La suite on la connaît : Cherono devenu d’un coup de baguette magique Saaeed Shaheen Saïf a remporté le 3 000 m steeple, chasse gardée depuis toujours des coureurs au maillot rouge et vert. Le Kenya a, en quelque sorte, vendu son âme pour une poignée de dollars. Mais il y a longtemps que les billets verts ont fait tourner bien des têtes dans ce pays béni de l’athlétisme. Ce qui n’est bien évidemment pas le cas de l’Ethiopie devenue désormais première nation d’Afrique. Il y a parmi les coureurs venus des hauts plateaux une entente, une solidarité, une fierté collective qui font plaisir à voir. Battu sur 10 000 m par son jeune compatriote Kenenisa Bekele, Haïlé Gébrésélassié souriait comme s’il avait franchi la ligne en vainqueur. Il semblait tout heureux d’avoir passé le témoin au grand espoir du fond mondial. Il déposait son titre en héritage sur les épaules du nouveau venu comme l’avaient fait, avant lui, Abebe Bikila et Miruts Yfter. Les mentalités ne sont pas les mêmes.
Huit pays ont remporté au moins une médaille : l’Ethiopie est montée trois fois sur la plus haute marche du podium, l’Afrique du Sud, le Kenya et le Maroc deux fois, l’Algérie et le Mozambique une fois. Le Cameroun a remporté une médaille d’argent et le Sénégal une médaille de bronze. Non l’athlétisme africain, dans sa globalité réductrice, n’existe pas plus qu’il n’existe un football africain. Chaque pays a ses propres caractéristiques. Souvent l’athlétisme national repose sur une ou deux exceptions, vitrine derrière laquelle il n’y a pas grand chose à voir et aucune relève. De grandes nations du continent continuent de se désintéresser totalement de l’athlétisme ; il suffit de regarder les résultats des Mondiaux. Nul n’est dupe même lorsqu’ils font parfois semblant. Le constat s’impose : l’athlétisme en Afrique régresse.



Gérard Dreyfus

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