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26/09/2003
La chronique de Gérard Dreyfus :
On en parle et c’est l’essentiel


(MFI) Quatre mois avant le coup d’envoi de la 24ème Coupe d’Afrique des Nations, la CAF a procédé à la répartition, par tirage au sort, des seize protagonistes de l’épreuve. Et, comme de coutume, chacun, concerné ou non, a avancé ses pronostics. C’est la loi du genre, rien à redire. Sinon que cette fois, plus que jamais, il paraît redoutablement dangereux de vouloir faire reposer ses assurances sur des certitudes qui n’en sont pas.

La CAF lorsqu’elle désigne ses têtes de série, lorsqu’elle distribue les qualifiés en quatre chapeaux, base son classement sur des résultats qui remontent au minimum à deux années. Elles valorisent ceux de la dernière édition en leur accordant un coefficient 3; ceux de l’avant-dernière ont un coefficient 2 et ceux qui datent de six années ont un coefficient simple. Ainsi une équipe qui ne s’est guère mise en évidence depuis 2000 peut, fort bien, apparaître comme un client plus sérieux qu’une formation qui s’est distinguée dans les dernières éliminatoires sans n’avoir jamais rien fait auparavant.

Un palmarès lointain ne fait pas une force du présent

Régulièrement présent en phase finale, le Maroc n’y a jamais exercé la moindre influence, y passant souvent inaperçu. Mais les Lions de l’Atlas bénéficient de leur aura de mondialistes. L’Afrique du Sud, auteur d’un magnifique coup de force en 1996 n’a depuis cessé de reculer, lentement mais sûrement. L’Algérie, depuis 1990, a oublié ses vertus de base. On pourrait citer plusieurs autres noms de pays qui jouissent d’une réputation en vertu d’un passé déjà lointain et non pas de leur qualité présente. Qui peut dire ce que vaut le Nigeria, lequel n’arrive pas à tirer un trait sur une génération qui a connu ses heures triomphantes de 1993 à 1996 ?
L’Egypte qui possède probablement le meilleur championnat national n’arrive pas à composer une sélection nationale réellement percutante. Le Sénégal qui vit sur son nuage depuis sa merveilleuse campagne asiatique sait que désormais elle est l’équipe à battre.
La Tunisie a payé pour savoir, voilà dix ans. Battue devant son public par le Mali, elle avait été recalée dès le premier tour (à l’époque les groupes étaient composés de trois et non pas quatre équipes). En fait, tout est possible. Personne n’est au-dessus du lot. Sur un face-à-face tout le monde à sa chance. Le Rwanda l’a compris, en éliminant le Ghana, tout comme le Bénin qui s’est offert la peau de la Zambie. Si le Ghana et la Zambie – le premier ancien vainqueur, et le deuxième ancien finaliste (la dernière fois à Tunis en 1994) – avaient figuré dans la liste des seize finalistes, nul doute qu’ils auraient rallié des suffrages sur leur dos. Dans ces conditions, leurs bourreaux peuvent-ils être tenus pour quantité dérisoire ?
L’équipe de l’Armée Patriotique Rwandaise ne vient-elle pas de se qualifier pour les demi-finales de la Coupe des vainqueurs de Coupe en écartant l’Ashanti Kotoko de Kumasi ? Quant au Cameroun, ce sont les joueurs qui décideront si une troisième victoire d’affilée constitue ou non un défi qui vaut de déployer toute son énergie. Franchement tout est possible…et son contraire.


Une équation à paramètres multiples

La première donnée de base de toutes ces équipes, c’est la composition des formations qui seront alignées. Beaucoup reposent sur les joueurs professionnels qui sont loin d’avoir toujours égalé sur les terres africaines leur rendement sur les pelouses européennes. Nombre d’entre eux viennent à la Coupe d’Afrique du bout des lèvres, de peur d’une blessure ou de perdre leur place au sein d’un effectif, dans leur club, abondamment fourni. Qui va à la chasse…on connaît la chanson. S’ajoute que, cette année, la CAN risque de ne pas connaître un rayonnement majeur. Il n’y a aucune autre épreuve à brève échéance, sinon les éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial 2006, objectifs essentiels pour les leaders du football africain. En fait, il ne servira à rien de se défoncer en Tunisie, car les vrais enjeux seront pour plus tard.
A se demander d’ailleurs si les entraîneurs et responsables des équipes ne devraient pas mettre à profit la compétition pour tester quelques espoirs, quitte à laisser certains pros dans leurs championnats. Ils répugnent à le faire car ils se croient obligés de vaincre. Ecoutez-les bien, les uns et les autres : nous avons une bonne équipe, nous respectons nos adversaires, et nous sommes confiants. Certains s’avouent même très confiants. D’autres partent sur le programme minimum : passer le premier tour.


C’est la Tunisie qui a le plus à perdre

En fait, on voit bien quatre équipes déterminées : les trois qui participent pour la première fois au festin des rois : le Bénin, le Rwanda et le Zimbabwe. La quatrième, c’est le Kenya qui, pour avoir été présent à quatre reprises en phase finale, n’a jamais remporté le moindre match, et qui cherche à se défaire de son étiquette d’éternel figurant. On a beau prendre la mesure des uns et des autres, on n’arrive pas à déchiffrer cette CAN à venir. D’autant moins qu’il est un paramètre qui peut avoir un rôle important, et que personne ne maîtrise : le temps. Froid, vent, pluie. Tout est possible. Les terrains risquent d’être gras, la température inférieure à dix-huit – vingt degrés. Des conditions climatiques totalement différentes de celles du Mali en 2002. Il faudra que les joueurs s’adaptent. Ceux qui descendront du Nord seront sans doute moins mal à l’aise que ceux qui monteront du Sud. Donnée, par conséquent, à ne pas oublier.
Dans ces conditions, on comprend que la 24ème Coupe d’Afrique des Nations demeure une grande inconnue. C’est finalement le pays-hôte qui a le plus à perdre dans le défi qu’il s’est lancé : aucun doute quant à la qualité de l’organisation. La Tunisie est un des pays du continent qui offre les meilleures garanties. Mais, trois mois après le coup de sifflet final, la Tunisie aura à défendre son dossier devant le comité exécutif de la FIFA qui aura à désigner le nom du pays africain qui abritera la Coupe du monde en 2010. Un bon parcours de la sélection nationale, des installations sans faille, une mise en images de qualité et… la Tunisie renforcerait ses atouts. Les enjeux sont importants. Et le jeu ne sera pas simplement alibi.


Gérard Dreyfus

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