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03/10/2003
La chronique de Gérard Dreyfus :
Toujours plus = moins !


(MFI) Le continent africain a soif de reconnaissance, plus encore que de compassion. Ceux qui n’ont pas compris ce désir d’existence aux yeux des autres n’ont probablement pas compris grand chose à l’Afrique. Et les combats du continent laissé-pour-compte dans le domaine du sport illustrent mieux que n’importe quel autre cette quête.

Cette semaine, ils sont cinq pays à avoir déposé officiellement leur dossier de candidature à l’organisation de la Coupe du monde de football 2010. C’est acquis. En 2010, pour la première fois, 80 ans après la création de l’épreuve, la compétition se déroulera en Afrique. Cela a été une bataille interminable, difficile, presque aussi dure, et plus longue encore, que celle qui a vu le continent déterrer la hache de guerre contre l’apartheid. Le dernier avatar s’est produit lorsque le choix de la FIFA s’est porté sur l’Allemagne plutôt que sur l’Afrique du Sud pour le rendez-vous de 2006. Cela s’était joué à une voix, celle du représentant de l’Océanie, mystérieusement disparu à l’heure du vote décisif. Il était simplement reparti chez lui.
Les Jeux Africains – 8èmes du nom – qui se tiennent pendant deux semaines à Abuja participent de cette même aspiration à exister, à vivre à côté mais à égalité des autres continents.
Ce n’est pourtant pas faire injure à l’Afrique que de lui dire que sa boulimie ne la rend pas plus crédible. Si vous jetez un coup d’œil sur le site internet du comité d’organisation, vous serez frappés : Abuja se flatte d’additionner les « plus ».
Plus grand nombre de pays représentés : 53. Ils sont tous là, ce qui n’était jamais arrivé lors des Jeux précédents ;
Plus grand nombre de sports : 22 y compris les échecs
Plus grand nombre d’athlètes en compétition ;
Comme si cette succession de « plus » suffisait à garantir la réussite et le succès des Jeux.
Des Jeux qui avaient mûri dans la tête de Pierre de Coubertin dès 1920, mais impossibles à mettre en place sous la colonisation, pour des raisons évidentes.
Finalement ils sont nés en 1965, à Brazzaville, comme une célébration populaire des Indépendances. Et ils ont eu une vie chaotique. Prévus pour avoir lieu tous les quatre ans, ils ne parviendront à tenir cette fréquence, cahin-caha, qu’à partir de 1987. Victimes des conflits politiques, du manque d’argent et de leur épaississement au fil des éditions. Dix sports à l’origine, plus de 20 aujourd’hui, dont certains, comme le base-ball, presque pas pratiqués en Afrique. Déjà que les confédérations sportives ont du mal à tenir un calendrier annuel à jour, on imagine le défi invraisemblable que représentent de tels Jeux.
En réalité ils se sont autodétruits à vouloir sans cesse battre des records, dans l’indifférence quasi-générale, à l’exception du pays organisateur qui à la veille des épreuves finit toujours par regretter d’avoir voulu être pays-hôte. Les retombées sont très minces, les ennuis permanents. Le Nigeria qui, pour la seconde fois, trente ans après, accueille l’épreuve, a bien failli renoncer, faute d’argent.
La fin justifie les moyens, mais quand les moyens ne sont pas là le château de cartes s’effondre. Le manque de moyens ajouté à la démesure de tels Jeux rendent l’avenir de ce rassemblement sportif bien incertain. On le sait, les Jeux d’Abuja sont des Jeux nigérians, avec des spectateurs nigérians qui viennent applaudir leurs athlètes et leurs médaillés. Pas vraiment des Jeux Africains. Comme le disait pertinemment le président de la fédération tunisienne de football en plaidant pour une candidature commune Tunisie-Libye à l’organisation de la Coupe du monde de football: elle permettrait d’éviter à l’Afrique des dépenses irréalistes et un gaspillage qui est un des fléaux de notre planète…
Requête, soit dit en passant, balayée d’un revers de main par la FIFA.


Gérard Dreyfus

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