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31/10/2003
La chronique de Gérard Dreyfus :
Tous les coups ne sont plus permis


(MFI) Il y a d’abord eu les naturalisations que rien ne justifiait, sinon qu’elles servaient à ne pas comptabiliser les footballeurs africains comme des étrangers, alors qu’il existait des quotas. Il y a eu ensuite les sélections fictives, destinées à interdire à ces mêmes joueurs de défendre les couleurs de leur pays d’origine. Désormais ce temps est révolu. La FIFA a choisi de modifier ses règlements en pensant prioritairement à l’Afrique.
L’arrêt Bosmann avait bouleversé l’organisation du sport professionnel, au premier chef le football. L’arrêt Malaja, il y a quelques mois, garantissait la libre circulation non seulement aux ressortissants des pays européens non membres de l’Union européenne, mais aussi à ceux des pays ACP – Afrique-Caraïbes-Pacifique – pareillement membres associés. Au total, une centaine d’Etats. En clair, l’Europe du sport devenait un champ d’activité à peu près ouvert à tous, à l’exception des Américains du Nord, du Centre et du Sud, et des Asiatiques.


La fin de pratiques inavouables

La décision prise à Doha, au Qatar, par le comité exécutif de la Fédération internationale de football est au moins aussi importante que les deux précédentes. Elle va mettre fin à des pratiques pas toujours bien avouables.
Un joueur qui aura été sélectionné dans l’équipe cadette, junior ou espoir de son pays de résidence pourra, s’il le désire et pour peu qu’il ait la double nationalité, être sélectionné dans l’équipe nationale du pays dont il est originaire. C’est un incontestable succès pour l’Afrique qui militait depuis longtemps en faveur de cette mesure. On venait piller ses ressources, sans espoir de retour. En quelque sorte, on retenait les joueurs à l’insu de leur plein gré.
Pendant plusieurs décennies, des clubs, avec la complicité des fédérations, ont usé de subterfuges pour faire sélectionner leurs joueurs africains dans l’une ou l’autre des équipes de jeunes. Non pas parce qu’ils le méritaient, mais parce que cette sélection leur fermait la porte de l’autre sélection, celle de leur pays d’Afrique. Une simple apparition de quelques minutes et le tour était joué. Fini ces incessants et interminables voyages, comme ils les appelaient, Europe-Afrique.


Un comportement de colon

Des abus, et pire, des abus de confiance, il y en a eu. Beaucoup même. Le président de la FIFA a montré du doigt trois pays : France, Belgique, Grande-Bretagne. Essentiellement les pays ayant un passé colonial. Un cas vient immédiatement à l’esprit : celui de Roger Boli, le frère de Basile, titulaire indiscutable dans la défense centrale de l’équipe de France. Roger, attaquant de poche, avait en France des adversaires plus forts que lui. Il n’était pas dénué de qualités, mais il s’en trouvait de meilleurs à son poste, tout simplement. En revanche, il aurait pu faire les beaux jours de l’équipe de Côte d’Ivoire, connaître avec elle l’aboutissement de toute une carrière : la grande compétition internationale, vécue par tous comme une consécration. Peut-être aurait-il remporté avec ses camarades la Coupe d’Afrique des Nations en 1992.
Berné et même floué. Pour quelques secondes en équipe espoir. Roger Boli, victime d’une invraisemblable pression, n’avait quasiment aucun moyen d’y résister. Partagé probablement entre le rêve de suivre les traces de son frère et une réalité qui n’avait rien d’inavouable. Il s’en est toujours mordu les doigts et c’est l’unique regret de sa carrière. Qui lui restera toute sa vie.
D’autres joueurs ont été plus ou moins victimes d’une forme de chantage. In fine la menace de ne plus jouer, de ne plus trouver de club. Dans ce monde-là, monsieur, tous les coups sont permis, y compris les coups les plus bas, indignes de ceux qui en ont été trop longtemps les instigateurs.
Pendant des années et des années tout le monde a fermé les yeux sur ces agissements d’une autre époque. La FIFA a compris qu’il y avait une profonde injustice qui pénalisait d’abord les joueurs. Mais… Oui, il y a un mais ! Les professionnels débarquant sur la scène africaine occupent à peu près toutes les places dans leurs sélections nationales. Le phénomène va encore s’amplifier, laissant le football local dans une inquiétante déshérence. Chaque médaille a son revers.


Gérard Dreyfus

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