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02/04/2004
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La chronique de Gérard Dreyfus :
Côte d’Ivoire : la charge des Eléphants
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(MFI) Championne d’Afrique, depuis son sacre du 14 février, la Tunisie a bien mal étrenné sa couronne six semaines plus tard en s’inclinant sur le terrain de ses exploits face aux Éléphants de Côte d’Ivoire. Deux buts du Marseillais Didier Drogba, un dans chaque mi-temps, ont permis aux Ivoiriens de confirmer ce que l’on subodorait depuis quelque temps déjà : l’équipe nouvellement confiée à Henri Michel est à la fois une des plus spectaculaires techniquement et une des plus percutantes du continent. Peut-être même la meilleure d’Afrique.
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Les absents n’ont pas toujours tort
Nous étions quelques uns à la savoir, à le dire et à l’écrire : il y aurait un grand absent à la CAN 2004, la Côte d’Ivoire. Le suivi de ses joueurs dans leurs clubs respectifs ne pouvait donner lieu à aucune équivoque. Il y avait un talent fou dans tous les compartiments du jeu, devant, derrière et au milieu, une constellation unique de joueurs presque tous titulaires dans des clubs de première division en Europe.
Et pourtant, dans un groupe qui ne réunissait que trois pays – Afrique du Sud, Burundi et Côte d’Ivoire –, cette dernière avait échoué après avoir concédé d’entrée un nul aux Bafana Bafana. Nous étions le 8 septembre 2002, au moment où la tempête commençait à gronder dans le pays. Inutile de dire qu’en ces temps de braise, l’équipe de football était bien loin des préoccupations d’un pays au bord de la guerre civile. D’entrée de jeu les Eléphants s’étaient mis en porte à faux ; ils allaient courir derrière une qualification qui s’était dérobée dès la première sortie…
Leur absence, après une présence sans discontinuer en phase finale de 1984 à 2002, était donc, d’une part la conséquence d’une situation dramatique dans le pays, d’autre part de l’éclosion tardive de leurs meilleurs éléments par rapport au coup d’envoi de la phase éliminatoire. Ce n’est que l’année dernière, avec un peu d’expérience, que les joueurs se sont véritablement imposés dans leurs clubs respectifs. Les Ivoiriens ont donc raté la dernière CAN. Mais ils n’ont pas perdu de temps. Leur succès au stade de Radès, emmenés par un Drogba tonitruant, est de ceux qui forcent le respect. Même si les Tunisiens n’ont peut-être pas encore complètement digéré leur titre… En tout cas le spectacle fourni par les deux formations a presque été digne de la finale de la mi-février.
Une machine infernale
Sur le papier la formation ivoirienne est très très forte avec son duo d’attaque explosif, Didier Drogba-Aruna Dindané. Le premier ploie sous les louanges depuis qu’il est devenu le fer de lance de l’attaque marseillaise ; le deuxième a été voilà quelques semaines honoré du titre de meilleur joueur du championnat de Belgique. Au milieu, les artistes et les hommes de devoir ne manquent pas entre un Tchiressoua Guel retrouvé (il est le seul à opérer en deuxième division), un Bonaventure Kalou qui s’est imposé à Auxerre après avoir longtemps évolué aux Pays-Bas, un Didier Zokora ou un Gilles Yapi Yapo, nouvelle recrue de Nates. Derrière, l’ancein Cyrille Domoraud tient la baraque, solidement entouré par Abdoulaye Meïté, Kouassi Blaise ou Habib Kolo Touré. Et puis il y a, dans les buts cette récente découverte, Gérard Gnanhouan qui a bousculé les titulaires à Sochaux et qui a eu des réflexes étonnants à Tunis. Ils sont bons, souvent très bons, solidaires et, techniquement, superbes. Une maestria comme on n’en avait pas vu depuis longtemps sur le continent.
Ambitions éléphantesques
Cette première sortie de l’année en Tunisie s’inscrit tout naturellement dans la perspective immédiate des premiers matches éliminatoires de la Coupe du monde 2006. La Côte d’Ivoire est tombée dans un groupe très relevé avec, notamment, les Lions Indomptables et les Pharaons, plus quelques déplacements qui ne seront pas des parties de plaisir à Cotonou, Tripoli et Khartoum. Pourtant, sur ce qu’on a vu en Tunisie, la Côte d’Ivoire peut légitimement se parer de l’étiquette de favori. A Henri Michel de maîtriser ses troupes et de les préparer psychologiquement à leurs futures batailles.
Début juillet on aura une idée plus précise des ambitions éléphantesques. La Côte d’Ivoire aura alors disputé trois rencontres, la première à Abidjan contre la Libye et les deux suivantes au Caire et à Yaoundé. Mido-Drogba puis Eto’o-Drogba… il va y avoir du sport ! Et n’en déplaise à Dame Nature, les Éléphants pourraient bien se révéler félins.
Gérard Dreyfus
Les sélectionnés pour le match en Tunisie
Gardiens de but : Jean-Jacques Tizié (Espérance Tunis), Gérard Gnanhouan (Sochaux).
Défenseurs : Cyril Domoraud (Espanol Barcelone), Blaise Kouassi (Guingamp), Abdoulaye Méïté (Marseille), Lezou Doba (Lokeren), Habib Kolo Touré (Arsenal), Olivier Tébily (Birmingham), Etienne Arthur Boka (Beveren).
Milieux de terrain : Tchiressoua Guel (FC Lorient, D2), Gilles Yapi Yapo (Nantes), Didier Zokora (Genk), Romaric N'Dri Koffi (Beveren), Serge Dié (Metz), Bonaventure Kalou (Auxerre), Gauthier Akalé Kanga (Auxerre).
Attaquants : Didier Drogba (Marseille), Aruna Dindane (Anderlecht), Dagui Bakari (Lens), Aruna Koné (Roda JC Kerkrade).
Le programme de la Côte d’Ivoire pour les éliminatoires jumelées CAN/CM 2006
04-06-04 : Côte d’Ivoire-Libye
18-06-04 : Egypte-Côte d’Ivoire
02-07-04 : Cameroun-Côte d’Ivoire
03-09-04 : Côte d’Ivoire-Soudan
08-10-04 : Bénin-Côte d’Ivoire
25-03-05 : Côte d’Ivoire-Bénin
03-06-05 : Libye-Côte d’Ivoire
17-06-05 : Côte d’Ivoire-Egypte
02-09-05 : Côte d’Ivoire-Cameroun
07-10-05 : Soudan-Côte d’Ivoire
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