L’Afrique et les Jeux olympiques (1)
Du 13 au 29 août prochains auront lieu les Jeux olympiques à Athènes. Nous rappelons, dans une série de trois chroniques, les faits marquants de la participation africaine à ces joutes depuis Helsinki 1952. C’est à cette date qu’y participent, pour la première fois, d’autres pays africains que l’Afrique du Sud et l’Egypte.
Helsinki 1952 et Melbourne 1956 :
les premiers pays africains rejoignent les pionniers sud-africain et égyptien
L’Afrique du Sud raciste participe aux Jeux olympiques dès 1908 et jusqu’en 1960. Ensuite, elle ne sera plus conviée aux Jeux à cause de sa politique d’apartheid. Elle enlève 54 médailles (dont 15 titres) durant cette période. L’autre pays africain pionnier est l’Egypte, présente à partir de 1912 à Stockholm avec un seul athlète. La participation des pays africains ne sera vraiment significative qu’à partir de 1956 aux JO de Helsinki. En plus de l’Afrique du Sud et de l’Egypte, trois pays africains y font leurs débuts. Il s’agit du Ghana, du Kenya et du Nigeria. Quatre ans plus tard à Melbourne, l’Ouganda, l’Ethiopie et le Liberia s’ajoutent à ce groupe de pays. Il faut noter cependant le forfait de l’Egypte pour des raisons politiques. La nationalisation du canal de Suez par Nasser n’est pas du goût des gouvernements britanniques et français qui décident de représailles contre l’Egypte, laquelle n’envoie pas ses athlètes dans la métropole australienne
Rome 1960 : un marathonien éthiopien nommé Abebe Bikila crée l’événement
De 1958 à 1960, la vague des indépendances s’étend sur l’Afrique. De nombreux pays adhèrent au CIO (comité international olympique), une condition pour prendre part aux JO. Conséquence : douze pays sont présents à Rome en 1960. Pour la première fois, des pays d’Afrique – en dehors de l’Afrique du Sud blanche – remportent des médailles. D’ailleurs, la vedette des JO est un Ethiopien jusque là inconnu, Abebe Bikila, qui a la particularité de courir pieds nus et qui remporte le marathon devant le Marocain Radhi. Des Africains remportent des accessits dans d’autres disciplines. Le Ghanéen Clement Quartey et l’Egyptien Abdel Moneim El Gaindi obtiennent respectivement, en boxe, une médaille d’argent et de bronze. Un lutteur égyptien du nom de Eid Ossma est médaillé d’argent.
Tokyo 1964 : les pays d’Afrique noire francophone font leur entrée aux J O
Le nombre de pays africains s’accroît considérablement puisque vingt-trois sont présents à Tokyo. Les pays de l’Afrique noire francophone sont les novices du continent. Le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Mali, le Sénégal et le Tchad font leurs grands débuts. L’athlétisme et la boxe sont les deux disciplines où les Africains remportent des succès. L’Ethiopien Bikila confirme son titre acquis quatre ans plus tôt sur le marathon. Deux autres Africains sont médaillés dans la première discipline olympique : le Tunisien Mohamed Gammoudi, 2ème sur 10 000 m et le Kenyan Wilson Kiprugut, 3ème sur 800 m. En boxe, trois Africains obtiennent le bronze : Blay (Ghana), Mayegy (Nigeria) et Gallia (Tunisie).
Mexico 1968 : la mainmise africaine sur le fond et le demi-fond
Dans la capitale mexicaine, vingt quatre pays africains représentent le continent. Une représentation de qualité car les spécialistes africains du fond et du demi-fond vont faire une véritable razzia sur ces épreuves. Du 800 m au marathon, les Africains dominent dans 11 épreuves sur 18. Il est vrai que l’altitude de Mexico a donné des ailes aux Kenyans et aux Ethiopiens qui évoluent dans les mêmes conditions chez eux. Le Kenyan Kipchoge Keino est l’une des vedettes de Mexico avec son titre olympique sur 1 500 m et sa médaille d’argent sur 5 000 m. Le Tunisien Gammoudi, champion olympique du 5 000 m et médaillé de bronze sur 10 000 n’est pas loin de l’égaler. Bikila a trouvé un successeur avec Mamo Wolde, lauréat au marathon et 2ème sur 10 000 m. Naftali Temu (Ethiopie) est aussi champion du 10 000 m. Le Kenyan Amos Biwott décroche le titre sur 3 000 m steeple. Le Cameroun, pour sa première participation, a un médaillé olympique avec Joseph Bessala qui enlève une médaille d’argent.
Kouassi Guesdet
Jeux Olympiques 2004 : Athènes assuré
En plus de l’assurance déjà souscrite par les organisateurs des JO, le Comité international olympique vient d’en souscrire une pour couvrir, à hauteur de 143 millions d'euros, les « risques inhérents » à l'organisation des Jeux. Inhérents et pas rassurants…Au lendemain des attentats de Madrid, le 11 mars, qui avaient fait 191 morts et plus de 1 900 blessés, Athènes a officiellement demandé l'aide de l'Otan pour assurer la sécurité des Jeux. Le plan devrait être prêt en mai. Il viendra s’ajouter au dispositif énorme déjà mis en place auparavant (680 millions d’euros de budget, le triple de celui de Sydney !). C'est la première fois que le CIO souscrit ce type d'assurance qui couvre tous types de catastrophe naturelle.« Contracter une police d'assurance pour couvrir les risques liés à ses propres activités est une pratique courante et prudente adoptée par toute organisation moderne », a expliqué le président du CIO, Jacques Rogge, pour tenter d’amortir l’impact d’une telle annonce. Elle reste de toute façon symptomatique de ce qu’est devenu le sport spectacle, victime de ses excès et de son succès. Les Jeux de Turin 2006 (hiver), de Pékin 2008 (été) et Vancouver 2010 seront d’ailleurs couverts par le même type de contrat. Avec tous ces risques et la présence de plusieurs polices européennes, américaines et israéliennes, la grande fête du sport risque de tourner à la grande psychose.
Football : Thierry Henry, joueur de l’année en Angleterre
Thierry Henry, l’attaquant d’Arsenal, a été nommé joueur de l’année, le soir même où son club s’est assuré du titre national sur le terrain de Tottenham. C’est la seconde fois que l’Antillais reçoit cette récompense, qui ne compense évidemment pas sa non nomination au Ballon d’Or de France Football qu’il aurait peut être mérité en 2003, à la place du Tchèque Pavl Nedved. L’attaquant de l’équipe de France est suivi des anglais Franck Lampard, Steven Gerrard, Alan Shearer, puis par le Nigérian Jay-Jay Okocha et l’autre français, d’origine sénégalaise, Patrick Vieira. Henry est le troisième joueur a être désigné deux fois « joueur de l’année » en Angleterre mais le seul à l’avoir gagné deux années de suite. « Je suis vraiment très chanceux de jouer dans une équipe pareille », a déclaré Henry. Patrick Vieira a tenu à féliciter son coéquipier pour ses accomplissements et son rôle dans le succès d’Arsenal : « Thierry va dire que le football est un sport collectif, mais il a été fantastique lors des deux derniers matchs » (il avait réalisé un quadruplé mi-avril). En tête du classement des buteurs des meilleurs championnats européens avec 29 buts (au 27 avril), il reste maintenant à Henry à remporter le Soulier d’Or avant de défendre le titre continental de l’équipe de France, au Portugal, à partir du 12 juin.
Athlétisme : Marion Jones dans la tourmente
Quatrième d'un 200 m (première défaite sur le demi-tour de piste depuis 1997) mi-avril, à Wallnut, battue cet hiver sur 60 m : Marion Jones n'est plus l’invincible sprinteuse d’avant son congé maternité. Et les soupçons de dopage se précisent. Une première affaire avait éclaté durant l'hiver 2002/2003. Elle et son compagnon Tim Montgomery avaient été surpris en train de s'entraîner avec Charlie Francis, l'ancien entraîneur de Ben Johnson (le sprinteur canadien privé de son titre olympique de Séoul (1988) pour dopage), qu’ils avaient abandonné sous de multiples pressions. La nouvelle affaire est bien plus gênante. La justice américaine a ouvert une enquête sur le laboratoire californien BALCO qui distribuait des stéroïdes à des athlètes de haut niveau, ce qui a conduit à l'inculpation de son patron Victor Conte et de trois autres personnes. Entendue fin novembre par le grand jury chargé de l'enquête, Marion Jones passe progressivement de la qualité de témoin à celle de suspect. Le New York Times vient de révéler l'existence d'un chèque de 7 350 dollars fait une semaine avant le début des JO 2000, qui aurait été adressé à Victor Conte depuis son compte en banque. Son nom apparaît aussi dans une liste de 27 sportifs cités dans le mémo d'un enquêteur fédéral comme ayant reçu de la tétrahydrogestrinone (THG) de ce même laboratoire. L’étau se resserre.
Football : l’Euro portugais déjà bénéficiaire
C’est formidable ! Encore un miracle de la télévision (selon le rapport officiel, les deux tiers des recettes sont assurées par les droits télés), le championnat d’Europe de football 2004 n’a pas encore commencé (coup d’envoi le 12 juin) qu’on sait déjà qu’il sera bénéficiaire. C’est en tout cas ce qu’a affirmé l’Union Européenne de Football lors de son dernier congrès à Chypre. Ses financiers ont même une vue très précise puisqu’ils ont annoncé un bénéfice de 510 millions d’euros. Les pays participants se partageront 128 millions, 128 autres seront alloués aux frais de gestion divers et 256 autres au programme de développement de l’UEFA. Rappelons qu’en juin 2003, les clubs ayant participé à la Champion’s League s’étaient partagé 518 millions d’euros. Bref, le football européen se porte bien même si ses meilleurs clubs croulent pour beaucoup sous les dettes. Où est l’erreur ?
Matthias Rimane
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