L’Afrique et les Jeux Olympiques (3 et fin)
Séoul 1988 : les Africains renouent avec les Jeux
(MFI) Du 13 au 29 août prochains auront lieu les Jeux olympiques d’Athènes. Retour sur les faits saillants qui ont marqué la participation africaine à ce grand rendez-vous quadriennal. Suite et fin de l’aventure des athlètes du continent avec les quatre dernières éditions (1988, 1992, 1996 et 2000).
A Séoul, le boycottage n’est plus à l’ordre du jour. L’Afrique est présente presque dans son ensemble avec une quarantaine de délégations. Seule l’Ethiopie est absente parmi les pays africains capables de jouer un rôle dans les JO. En athlétisme, Le Kenya domine le fond et le demi-fond avec les succès de Paul Ereng sur 800 m, John Ngugi sur 5 000 m, Julius Kariuki sur 3 000 m steeple et Peter Rono sur 1 500 m. Un autre Kenyan ,Douglas Wakiihuri est 2ème au marathon suivi du Djiboutien Ahmed Saleh, 3ème. Mais la grande sensation, côté africain, est sans doute celle créée par le Marocain Brahim Boutayeb, peu connu et lauréat du 10 000 m. Il éclipse son compatriote Said Aouita qui n’avait pourtant pas connu de défaite pendant trois ans et qui doit se contenter du bronze au 800 m. Le Sénégal va inscrire son nom pour la première fois dans le classement des médailles olympiques avec le bronze remporté sur 400 m haies par Elhadj Amadou Dia Ba. Le regretté Kenyan Robert Wangila s’approprie l’or en boxe (une première pour un Africain ) en poids welter. Autre fait marquant des Jeux, la nette victoire en football de la Zambie sur l’Italie par le score sans appel de 4 buts à 0.
Barcelone 1992 : le retour de l’Afrique du Sud
Les Jeux de Barcelone sont marqués par le retour de l’Afrique du Sud longtemps mise au ban de la communauté internationale. La dernière participation sud-africaine remontait en 1960 . Dix ans plus tard, en 1970, les pays africains avaient obtenu son exclusion à cause de sa politique d’apartheid, interrompant ainsi une participation qui avait commencé en 1908 et qui avait vu ce pays remporter quinze titres olympiques dans différentes disciplines. L’épreuve du 10 000 m dames dont la première place se dispute entre l’Ethiopienne Derartu Tulu et la Sud-Africaine blanche Elana Mayer symbolise l’esprit arc en ciel prôné par Nelson Mandela. Par rapport à Séoul, l’Afrique baisse d’un ton. Son bilan est de 23 médailles dont 5 titres de champion olympique. Ils sont la propriété de l’étonnante Hassiba Boulmerka, 2e Africaine et Arabe, championne olympique sur 1 500 m huit ans après la victoire à Los Angeles de la Marocaine El Moutawakil. De l’Ethiopienne Tulu sur 10 000 m, du Kenyan Birir sur 3 000 m steeple, du Marocain Skah sur 10 000 m et d’un autre Kenyan Tanui sur 800 m. Représentant d’un pays nouvellement indépendant, Le Namibien Frankie Fredericks remporte 2 médailles d’argent sur 100 et 200 m. C’est la première fois qu’un Africain monte sur une marche du podium sur le sprint court dans l’histoire des JO.
Atlanta 1996 : le football africain s’illustre avec le Nigeria
L’Afrique retrouve des couleurs à Atlanta. Par rapport à Barcelone , elle totalise un plus grand nombre de médailles (34) dont 11 titres. La médaille d’or de l’équipe olympique de football du Nigeria est la plus remarquée. Elle a été obtenue au prix d’un parcours remarquable où les Ouest-Africains ont battu deux des plus célèbres équipes : le Brésil et l’Argentine. Mais ces Jeux annoncent le véritable retour de l’Afrique du Sud qui réalise la meilleure opération africaine avec ses trois titres dont deux en natation par la spécialiste des 100 et 200 m brasse Penelope Heyns. Le marathonien noir Josia Thugwane est aussi le premier Noir sud-africain à gagner un titre olympique. Les Kenyans ne réussissent pas de grandes performances : sept accessits mais un seul titre avec la victoire « habituelle » sur le 3 000 m steeple signée cette fois Joseph Keter. L’Algérien Nourredine Morceli mérite enfin d’obtenir pour l’ensemble de son œuvre son premier titre olympique (1 500 m), quatre ans après sa « sœur » Boulmerka. Mais la vedette lui est ravie par son compatriote, Hocine Soltani, champion olympique en boxe chez les poids légers. Autre athlète en première ligne, le Burundais Venuste Niyongabo, champion sur 5 000 m qui donne à son pays son premier titre dans l’histoire des J.O.
Sydney 2000 : L’Ethiopie décroche le gros lot
Les Africains ne sont guère à leur avantage. S’ils parviennent presque au même total de médailles que quatre ans auparavant, on note une érosion des titres de champion qui ne sont cette fois que neuf. Ce sont les Jeux de l’Ethiopie qui obtient quatre médailles d’or avec Wolde Million (5 000 m), Haile Gebrselassié (10 000 m), Abera Gezahgne (marathon hommes) et Derartu Tulu (10 000 m dames). Les Ethiopiens avec quatre autres accessits détiennent à eux seuls presque le quart des médailles africaines. La grande déception de la compétition d’athlétisme est le Marocain Hichem El Guerrouj qui domine royalement les éliminatoires du 1 500 m et qui est défait par le jeune prodige kenyan Noah Ngeny en finale. La Mozambicaine Maria Mutola ne manque pas cette fois le rendez-vous des JO et son premier titre olympique sur 800 m. Le Cameroun réédite l’exploit du Nigeria dans le tournoi masculin de football. Enfin , la surprise des surprises est la victoire de l’Algérienne Nouria Merah-Benida sur 5 000 m dames. Très peu connue, elle donne un titre olympique à son pays pour la troisième fois consécutive.
Kouassi Guesdet
JO 2004 : forfaits en cascade chez les basketteurs américains
(MFI) Les rodomontades de l’après mondial 2002, où ils ne terminèrent que sixième, sont déjà loin. La situation internationale et les menaces terroristes ont eu raison du patriotisme déjà fragile des basketteurs américains. Après Shaquille O’Neal, Kevin Garnett, Jason Kidd, Tracy McGrady, Vince Carter et quelques autres, les tout nouveaux champions NBA de Detroit, Ben Wallace et Richard Hamilton, ont annoncé qu’ils resteraient chez eux en août. Une cascade de refus qui fait très mauvais effet dans la patrie de Georges Bush… « Je comprends les joueurs mais il y en a en ce moment qui consentent à des sacrifices bien plus grands », a déclaré le coach américain Larry Brown, faisant référence aux GI’s morts en Irak. Il pourra compter tout de même sur Lebron James, Tim Duncan, Allen Iverson et Jermaine O’Neal. Mais est-ce que cela sera suffisant pour conserver le titre olympique qu’ils détiennent depuis 1992 ? C’est loin d’être sûr. Argentins, Yougoslaves, Lituaniens et Espagnols risquent de les faire souffrir. Les États-Unis n’ont plus la marge de naguère.
JO 2004 : des contrôles antidopage plus sévères
(MFI) L’Agence mondiale antidopage (AMA) a indiqué que, pour la première fois, elle mènerait des tests de contrôle antidopage sur des athlètes qualifiés pour les JO d’Athènes avant même leur arrivée sur les sites. « Le CIO va mener tous les tests dans le village olympique et l’AMA va diriger les tests hors des sites olympiques », a déclaré Dick pound, le président de l’AMA lors d’une conférence de presse. L’AMA s’est vu confier par le Comité international olympique (CIO) le mandat de contrôler les athlètes qui préféreraient s’entraîner ailleurs qu’aux JO d’Athènes pendant la durée des Jeux. En vertu du code mondial antidopage, entré en vigueur le 1er janvier dernier, les fédérations sportives ont le devoir d’informer l’AMA du lieu où se trouvent leurs athlètes. Toutes les fédérations internationales des disciplines inscrites aux Jeux ont adopté le code, à l’exception de celle de cyclisme, l’UCI, qui a promis de le faire après le Tour de France, selon l’AMA. L’Agence mondiale enverra comme à Sydney en 2000 et à Salt Lake City en 2002 une équipe d’observateurs indépendants chargés de vérifier que « les procédures de contrôle antidopage sont réalistes, de façon juste et adéquate ».
JO 2004 : le budget du gouvernement explose
(MFI) Il fallait s’y attendre. Le ministre grec de l’Économie, Georges Alogoskoufis, a annoncé, devant le parlement, que le dépassement du budget olympique public consacré aux JO serait de 1,4 milliard d’euros. Il a affirmé que le budget avait été maintenu « de manière fictive » à 4,6 milliards par le précédent gouvernement socialiste. Le budget « va peut-être atteindre les 6 milliards », a lancé M. Alogoskoufis, imputant la différence aux surcoûts de nombreux ouvrages, mais aussi à l’inclusion nécessaire de lignes de crédit qui n’avaient pas été prises en compte, comme le versement de primes aux policiers. Le gouvernement estimait jusque là le surcoût à environ 1 milliard d’euros, alors que le bilan financier exact des ouvrages olympiques est toujours en cours et ne sera conclu qu’à la fin des Jeux, selon le ministère de la culture. Creusant ce différentiel, les fonds consacrés à la sécurité ont connu une tendance à la hausse (de 650 millions d’euros à la mi-mai, le chiffre est actuellement d’un milliard). Vu l’ampleur de l’addition olympique, M. Alogoskoufis avait déjà souligné début juin qu’il n’y aurait pas « tant d’enthousiasme » si Athènes devait se porter candidate aujourd’hui. Son homologue des Travaux publics, Georges Souffias, s’était auparavant demandé au Parlement « s’il aurait fallu nous impliquer dans l’organisation des Jeux ». Dans un entretien au quotidien belge. Le soir, le président du CIO Jacques Rogge avait pour sa part jugé que les Grecs n’avaient « à s’en prendre qu’à eux-mêmes ». L’ex-ministre socialiste chargé de la préparation olympique grecque, Evangelos Venizelas, avait riposté en soutenant que « les exigences pour l’ampleur des installations olympiques sont venues des fédérations internationales et du CIO ». Accusés par la nouvelle équipe conservatrice d’être à l’origine de cette dérive budgétaire, les socialistes répliquent en reprochant au gouvernement d’ouvrir le débat pour préparer le terrain à une cure d’austérité.
Dopage : Carl Lewis attaque le patron de l’agence mondiale
(MFI) Dick Pound s’en fiche sans doute totalement. Mais après le cycliste Lance Armstrong ou le patron de la FIFA Sepp Blatter, c’est au tour de Carl Lewis de monter au créneau contre le président de l’AMA pour prendre la défense des athlètes américains suspendus les uns après les autres pour dopage. L’ancien sprinter américain accuse, un peu puérilement il faut dire, le Canadien de se venger de l’affaire Ben Johnson, qui fut privé de son titre olympique sur 100 m lors des Jeux de Séoul après avoir été contrôlé positif. « Souvenez-vous que l’affaire est arrivée alors que Pound était membre du comité exécutif du Comité international olympique (CIO), a rappelé Lewis lors d’une conférence de presse à New York. Je pense que ce n’est pas très correct de sa part de nous faire la morale. Les athlètes américains sont fatigués de tout ce que peut dire Dick Pound. » Pour ce dernier, le scandale Balco, du nom d’un laboratoire de San Francisco (Californie) créateur de la tétrahydrogestrinone (THG), un stéroïde anabolisant de synthèse, confirme seulement ce qu’il prétendait depuis des années à propos du dopage aux États-Unis. « Je n’en veux pas particulièrement aux Américains, mais je doit dire que les USA ont été particulièrement lents à reconnaître qu’ils avaient un problème. La plupart des gens en dehors des États-Unis voient que les USA pointent tout le monde du doigt, sauf eux-mêmes. » Rappelons que, si l’AMA joue son rôle en faisant pression sur les instances nationales, c’est le Congrès Américain qui pousse actuellement l’agence antidopage américaine à faire tomber les têtes…
Mathias Rimane
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