Tunisie, sélection africaine numéro 1 en 2004
Après les échecs de 1965 et 1996, 2004 a été enfin l’année de gloire de la sélection tunisienne avec son succès en Coupe d’Afrique des nations. Les Tunisiens avaient bien préparé la compétition en recrutant l’entraîneur français Roger Lemerre. Celui-ci avait mis sur pied une équipe équilibrée, composée à la fois de joueurs évoluant dans le championnat national et à l’étranger. En homme averti, l’entraîneur avait misé davantage sur le collectif que sur des individualités dont aucune ne se détachait vraiment du lot. La Tunisie est sans doute le pays d’Afrique qui, avec le Maroc, possède les meilleures capacités à organiser la CAN. La seule fausse note aura été l’attitude de son public qui a sifflé les hymnes nationaux des sélections adverses.
Enyimba, club africain au sommet en 2004
L’équipe nigériane Enyimba restera dans l’histoire des compétitions de clubs comme la seconde à remporter deux années d’affilée le trophée le plus couru. Il y a trois ans, rares étaient ceux qui avaient entendu le nom de cette formation créée à la fin des années 1970. Pour ses deux premières participations, elle parvient à ses fins. Un exploit sans précédent dans les compétitions africaines. Le paradoxe ou l’originalité d’Enyimba est que l’équipe a changé quatre fois d’entraîneur lors de ces cinq dernières saisons. Le club a pourtant remporté au cours de cette période sept trophées nationaux et continentaux. Les deux titres africains ont été gagnés sous la direction de deux entraîneurs locaux : Kadira Ikhana en 2003 et Okey Ermodi en 2004. Mis à part un joueur venu du Bénin voisin, le club nigérian n’a aligné que des joueurs locaux.
Didier Drogba, la naissance d’une étoile en 2004
Le joueur africain de l’année 2004 est sans conteste l’attaquant Didier Drogba. L’Ivoirien, connu seulement en France avant d’être transféré à Marseille, a occupé une place centrale dans la planète football avec sa saison remarquable sous les couleurs de l’Olympique de Marseille. Dans le club le plus populaire de France, Drogba s’est révélé en marquant une quarantaine de buts, toutes compétitions confondues. Il a même donné naissance à un phénomène appelé par les médias et les supporters du club « Droga dépendance ». C’est dire que toute l’équipe se repose sur le joueur ivoirien. Il a été à la base de l’étonnant parcours de l’OM parvenu en finale de la Coupe de l’UEFA après avoir sorti des équipes de très haut niveau comme Liverpool ou l’Inter de Milan. Acquis une saison auparavant pour 6 millions d’euros au club de Guingamp, Drogba a été cédé au club anglais Chelsea FC pour une somme estimée entre 35 et 40 millions d’euros. Pour ce gros chèque, l’Ivoirien qui s’était épris de Marseille est parti en Angleterre pour une « raison d’Etat », selon le mot de Pape Diouf, son ex-agent et néo-dirigeant de l’OM.
Emmanuel Adebayor, la révélation de 2004
Avec son 1,90 m, et pour ceux qui ne le connaissent pas, l’attaquant togolais de l’AS Monaco fait sans doute penser à un basketteur. Arrivé en France il y a cinq ans, à l’âge de 15 ans, Adebayor s’est révélé avec son club, finaliste malheureux de la dernière finale de la ligue des champions. Au Togo, le jeune international est l’idole de tout un peuple. Il a redonné espoir et confiance à la sélection. Il est le jeune leader des Eperviers qui occupent la première place de leur groupe en éliminatoires de la CAN et de la Coupe du monde, ex aequo avec le Sénégal et la Zambie. Il a surtout montré la voie en inscrivant cinq buts lors de ces matches. Dans son pays, on le compare déjà aux grands attaquants togolais de l’après indépendance comme Karimou Djibrill, professionnel à Monaco dans les années 1950-1960, de Franck Fiawoo, joueur de l’OM quelques années plus tard, ou encore le regretté Edmond Apithy dit Kaolo, décédé en 1972, quelques mois après avoir été l’une des grandes attractions de la CAN 1972 au Cameroun.
Kouassi Guesdet
La voix de l’Afrique inaudible dans la lutte contre le racisme dans le football
De nombreux observateurs ont remarqué l’absence de la voix de l’Afrique dans le concert de ceux qui ont décidé de combattre le racisme dans le football. Le pitoyable spectacle offert par certains supporters espagnols invectivant les joueurs noirs de la sélection d’Angleterre en novembre dernier a Madrid a mobilisé l’Union européenne de football (UEFA) et la FIFA. Cette dernière vient d’ailleurs de prendre des sanctions contre la fédération espagnole de football. La voix de l’Afrique, dont les fils sont souvent victimes de ces pseudo-supporters sur les terrains d’Europe, notamment (dans les ex-pays de l’Est, est inaudible. Qu’est devenue la profession de foi de la CAF et de son président dans un discours jugé excellent par nombre de délégués lors de la conférence de la FIFA) contre le racisme tenue en juillet 2001 à Buenos Aires ? La CAF avait proposé à la Fifa la création d’un observatoire du racisme dans les stades. Si l’on remonte dans l’histoire du football africain, on note quand même que la CAF avait été à l’avant-garde de la lutte contre la discrimination dans le football. Lors de la 1ère édition de la CAN en 1957, elle avait refusé la participation d’une équipe sud-africaine à la compétition au motif qu’elle n’était pas multiraciale. Les partisans de l’apartheid ne voulaient pas en entendre parler. En 1976, la CAF dirigée alors par l’Ethiopien Tessema avait demandé et obtenu de la FIFA l’exclusion de l’Afrique du Sud, coupable de discrimination dans le football. Cette sanction n’a été levée qu’en 1992, avec la fin de l’apartheid et la consécration de la nation arc-en-ciel de Nelson Mandela.
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