Chauvinisme et insécurité dans les stades d’Afrique
(MFI) Le continent africain n’est pas épargné par les manifestations de violences à l’occasion des rencontres sportives. En voici quelques illustrations.
Bamako récidive
Le 27 mars 2005 à Bamako, à quelques secondes de la fin de la rencontre Mali-Togo, alors que l’équipe togolaise vient de marquer un deuxième but qui lui donne la victoire (1-2), des supporters maliens envahissent la pelouse. La rencontre, qui se tient dans le cadre des qualifications communes au Mondial 2006 (zone Afrique) et à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2006, se termine dans la confusion. S’ensuit une folie destructrice qui va déferler sur le centre-ville : des vandales mettent à sac la capitale malienne, érigeant des barricades dans les rues, incendiant notamment des véhicules et des établissements hôteliers.
Les supporters de Bamako ont réédité leur coup de folie d’il y a cinq ans. Le 28 mai 2000 au stade Modibo Keita, lors d’un match de Coupe d’Afrique des clubs champions entre le Djoliba et l’Espérance de Tunis, le match fut interrompu car le public avait envahi l’aire de jeu. Les arbitres furent agressés et molestés.
Surulere, triste réputation
Surulere est un quartier populaire de Lagos où se trouve le grand stade de la capitale économique nigériane. Beaucoup d’équipes africaines ont vécu des moments difficiles dans cette enceinte inaugurée en 1973 à l’occasion des Jeux africains. Même les services de sécurité pactisent parfois avec les responsables des vexations que subissent les équipes visiteuses.
Le 30 avril 1983, lors du match Stationery Stores de Lagos–Asec d’Abidjan en Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, le score est de 0-0 après 55 minutes de jeu. Soudain, des supporters nigérians font irruption sur la pelouse et s’en prennent aux Ivoiriens. Ils affirment avoir vu le gardien abidjanais recourir à des pratiques occultes en tentant d’enterrer un objet avant de l’avaler. Les autres joueurs ivoiriens sont pris à partie. La rencontre est interrompue. Deux semaines après cette parodie de match, la CAF, encore peu sévère à l’époque, suspend le club de Lagos pour seulement deux ans. La réputation de Surulere est restée, même si son public est désormais plus calme grâce à la présence des caméras de la télévision, ce qui n’était pas le cas dans les années 1970-1980. Il est vrai aussi que la fédération nigériane « décentralise » certains matches dans d’autres villes du pays.
Bouaké et Conakry, la houleuse demi-finale de 1976
« La tragédie de Bouaké », « La guerre de Conakry ». Comment peut-on qualifier ainsi des rencontres de football ? En réalité, avec ces titres, les presses guinéenne et ivoirienne n’avaient pas forcé le trait. Les deux rencontres entre le Hafia de Conakry et l’ASEC d’Abidjan furent disputées dans une ambiance exécrable, tant à Bouaké qu’à Conakry. Ce duel, il est vrai, intervient dans un contexte particulier où les relations politiques entre la Guinée de Sékou Touré et la Côte d’Ivoire de Houphouët-Boigny sont au plus mal. A Bouaké comme à Conakry, des foules conditionnées placent les deux équipes dans des conditions psychologiques déplorables. Les Guinéens disent avoir subi vexations, insultes et agressivité menaçante du public de Bouaké. Côté ivoirien, Fraternité Matin, le quotidien officiel, écrit : « Il faut saluer le courage de la délégation ivoirienne qui avait accepté d’aller jouer dans l’enfer de Conakry. » Les Guinéens, dominés à Bouaké sur la marque de 3 buts à 0, prennent leur revanche à domicile par 5 à 0 dans cette demi-finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions.
Le Caire, un stade en ébullition
La capitale égyptienne est l’un des endroits les plus difficiles pour les équipes visiteuses. Mais pas seulement elles ! Le Caire est, en effet, le siége de deux formations rivales (Al Ahli et Zamalek), or il est parfois arrivé que des supporters de l’une des deux formations soutiennent l’adversaire de « l’ennemi intime », fut-elle une équipe étrangère.
Il faut être psychologiquement fort pour ne pas être déstabilisé dans l’antre des Pharaons. Le 27 février 1993, l’Égypte est à une victoire de la qualification pour le dernier tour de la Coupe du monde 1994 aux États-Unis. En 1990, l’équipe était au Mondial italien et veut rééditer le coup. Son adversaire du jour est le Zimbabwe, que les Égyptiens battent 2 buts à 1. Mais leurs supporters ne sont pas satisfaits. Ils s’acharnent sur les pauvres Zimbabwéens. Jets de pierres, agression des juges de touche et de l’entraîneur zimbabwéen. Le public irascible et excité du Caire va le regretter. La FIFA sanctionne l’Égypte. Le match est à rejouer à …Lyon. Malgré leurs 6 000 partisans qui se déplacent en France, les Égyptiens échouent et sont éliminés. Par la faute d’un public trop chauvin.
Kouassi Guesdet
L’argent du football malien : les primes revues à la hausse
(MFI) L’argent n’a pas réglé les problèmes de la sélection nationale du Mali, éliminée à la fois des prochaines Coupe du monde et Coupe d’Afrique des nations. Les primes des joueurs avaient pourtant été revues à la hausse. La prime de sélection était passée de 500 000 à 750 000 francs CFA et la victoire acquise à l’extérieur procurait à chaque joueur 1 250 000 francs CFA. En même temps, le Mali avait recruté l’entraîneur français Pierre Lechantre pour un salaire mensuel de 13 millions de francs CFA, pris en charge par l’État et l’équipementier franco-malien Malamine Koné. L’argent consacré au sport malien a considérablement augmenté en cinq ans, entre 2001 et 2005. Dans le budget de l’État, il est passé de 3 milliards à 7, 5 milliards de francs CFA, soit une progression de 150%.
K.G.
Décentralisation pour la sélection nationale du Nigeria
(MFI) Les grandes villes nigérianes entrent en compétition pour accueillir les matches de la sélection nationale. La fédération a décidé de faire appel à des candidatures pour abriter les matches des Super Eagles. Le dernier match contre le Gabon, en éliminatoires de la Coupe du monde, a eu lieu fin mars à Port Harcourt. Cette ville tient encore la corde pour le prochain match contre l’Angola en Juin. Elle a la faveur d'une partie des internationaux nigérians qui estiment qu’ils y sont bien soutenus par les supporters, au contraire de Lagos où ils sont sous pression. Les villes de Calabar et de Kaduna sont aussi sur les rangs.
En Afrique subsaharienne, rares sont les pays africains en mesure de faire jouer une rencontre dans une localité autre que la capitale en raison de l’absence d’infrastructures adéquates. Même les grands pays de football comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire tiennent les grandes rencontres sur un seul terrain, celui de la capitale. Le champion africain de la décentralisation des matches est sans doute l'Algérie, en mesure de programmer ses rencontres à Alger, Annaba ou Oran.
K.G.
|