Entraîneurs nationaux : exceptions africaines
(MFI) C’est la règle dans le football africain : toutes les grandes sélections continentales ont coutume de faire appel à un entraîneur expatrié. Mais il existe quelques exceptions. Certains entraîneurs africains ont fait mieux que leurs homologues européens ou sud-américains. Profils de quelques coaches africains bien cotés.
Cecil Jones Attuquayefio (Ghana) : l’homme des défis
(MFI) Attuquayefio a fait partie de la célèbre équipe des Black Stars, dans les années 1960. Il est membre de l’équipe lauréate de la CAN 1965 à Tunis, victorieuse contre le pays hôte. Le joueur avait du caractère, parvenant à se faire une place dans un groupe de joueurs très doués comme les Osei Kofi, puis les Ibrahim Sunday et Malik Jabir. Il est d’ailleurs parmi les joueurs ayant disputé le plus grand nombre de matches en CAN en trois éditions (1965, 1968 et 1970). Très tôt, il s’engage dans la carrière d’entraîneur et en 1985, il est entraîneur national adjoint. Alors qu’il est coach des Hearts of Oak de 1998 à 2001, il mène le club d’Accra à la victoire en Ligue africaine des champions en 2000. Il est alors promu sélectionneur national et fait le choix, pour la Coupe du monde, d’utiliser des joueurs locaux au lieu des professionnels. Une mauvaise option qui lui coûte sa place. Il prend la direction du Bénin qui entend participer à sa première CAN. Cette fois, pari gagné par le coach ghanéen. Mais pour des problèmes financiers qui l’opposent à la fédération béninoise, il retrouve son pays et le Hearts of Oak, club avec lequel il décrochera la première Coupe de la Confédération.
Jean-Paul Akono (Cameroun) : le titre olympique de Sydney 2000
(MFI) Excellent footballeur des années 1970 au Canon de Yaoundé, Akono a évolué à plusieurs postes. Il est l’un des quelques entraîneurs camerounais à avoir réussi un résultat probant : un titre olympique, acquis sous sa direction par les Lions Indomptables à Sydney en 2000. Ce succès le propulse au rang d’entraîneur national, puisque ce trophée avait été acquis avec une équipe mixte, composée d’espoirs et de titulaires de la sélection A. Mais à la suite d’une défaite contre l’Angola lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2002, il est remercié. Le Tchad, qui entend relancer sa sélection, l’appelle alors et lui demande de qualifier l’équipe pour la CAN 2004. Akono n’y parvient pas. Il retourne au bercail où il retrouve « sa » sélection olympique. Mais faute de pouvoir obtenir un visa, il ne pourra se rendre aux JO d’Athènes. Le Cameroun ne défendra pas son titre, il est éliminé par le Mali. Jean-Paul Akono, formé en Allemagne, attend une occasion de rebondir.
Badou Zaki (Maroc) : il a rendu sa fierté à la sélection
(MFI) Dans un récent article, un journal marocain l’a considéré comme l’un des 100 Marocains les plus appréciés dans son pays. C’est que l’homme a redoré le blason de la sélection nationale de football. Le football marocain, presque abonné à la qualification en Coupe du monde, n’avait pas obtenu son visa pour l’édition de 2002 en Asie. Le Portugais Humberto Coelho, à qui la mission avait été confiée, avait échoué. Pour lui trouver un remplaçant, les dirigeants marocains ne sont pas allés chercher loin. La tâche de qualifier la sélection pour la CAN 2004 est alors dévolue à Zaki. Cet excellent gardien de but des années 1980, membre de la sélection marocaine qui avait été la première équipe africaine à atteindre le second tour lors du Mondial 1986, n’avait pourtant pas d’états de service particulièrement brillants. En tant qu’entraîneur, il n’avait pas remporté de titre notable avec les clubs qu’il avait dirigés. Mais en sélection, il se révèle fédérateur. Grâce à son prestige, il réussit à ramener les joueurs qui avaient boudé la sélection. Et à la surprise générale, il conduit son équipe en finale de la CAN 2004. Une équipe composée de beaucoup de jeunes joueurs au jeu créatif et plaisant. Le Maroc venait de trouver son entraîneur national. Ce pays avait pourtant, dans le passé, souvent fait appel à des étrangers pour cette fonction. A 46 ans, l’ancien joueur du Wydad de Casablanca et du Real de Majorque fait partie des nouveaux entraîneurs africains qui montent.
Christian Chukwu (Nigeria) : un entraîneur soutenu par un chef d’Etat
(MFI) Dans un pays où les entraîneurs nationaux ne restent à leur poste que le temps d’une rose, Christian Chukwu est en fonction depuis près de trois ans, puisqu’il a été nommé en août 2002. Le fait est exceptionnel, surtout pour un enfant du pays. En règle générale, le Nigeria fait appel à des expatriés pour entraîner sa sélection nationale. Mais dans cette catégorie, le fantasque Clemens Westerhoff est le dernier à avoir donné satisfaction avec le succès continental de 1994 doublé d’une qualification pour le Mondial américain. Depuis, les entraîneurs européens qui se sont succédé n’ont pas obtenu de résultats probants avec les Super Eagles. Chukwu (qui signifie fils de Dieu en langue ibo) possède, en quelque sorte, un brevet de légitimité. Il a été, en 1980 à l’âge de 30 ans, le capitaine de la première sélection du Nigeria lauréate de la CAN. Les débuts de sélectionneur national de Chukwu ont lieu avec la sélection kenyane en 1999. L’ancien joueur d’Enugu Rangers, nommé coach adjoint, prend les choses en main dans son pays après le Mondial 2002. En 2004, il conduit la sélection en demi-finale de la CAN. Un résultat jugé peu flatteur par le président de la fédération. Mais le président de la République Obasanjo juge, lui, que l’entraîneur est « à la hauteur de la tâche ». C’est ainsi que Chukwu est toujours en place.
Stephen Keshi (Nigeria) : le football togolais lui est déjà reconnaissant
(MFI) L’ancien capitaine de la sélection du Nigeria, qui a brandi le trophée continental en 1994 à Tunis, a eu le temps d’apprendre son nouveau métier. Depuis qu’il a quitté la sélection en tant que joueur, au lendemain de la Coupe du monde 1994, il est resté dans l’encadrement. Comme adjoint, mais aussi comme le « grand frère » dont le mental inspirait beaucoup de joueurs. Après un poste d’entraîneur adjoint du Nigeria lors de la CAN 2004, il est sollicité en avril de la même année par le Togo, intéressé à reconstruire une sélection. Un an après, le Togo lui est déjà reconnaissant du travail accompli. Il a redonné confiance à la sélection et remobilisé les joueurs. A quelques encablures de la fin des matches éliminatoires de la Coupe du monde et de la Coupe d’Afrique des nations, l’ancien joueur de Lokeren et Anderlecht (Belgique) puis du RC Strasbourg peut être fier de son œuvre. Le Togo est en compétition avec le Sénégal et la Zambie pour une place en Coupe du monde 2006. Quant à la qualification pour la CAN de la même année, elle est presque acquise pour le jeune entraîneur.
Yéo Martial (Côte d’Ivoire) : l’homme de la victoire à la CAN 92
(MFI) Entre Yéo Martial et le football ivoirien, c’est un perpétuel recommencement. Actuellement directeur technique national, il avait déjà occupé ce poste auparavant. De même, il a été appelé à plusieurs reprises à la fonction de sélectionneur national. C’est l’éternel recours pour les uns, le « dépanneur » pour les mauvaises langues, de la fédération ivoirienne. Entraîneur adjoint en 1986 à l’âge de 37 ans, il est promu entraîneur national en 1988, avant d’être remercié pour cause d’élimination prématurée à la phase finale de la CAN. Mais deux ans après, c’est le retour pour cet homme qui connaît bien la maison et ses pensionnaires : il a été entraîneur des sélections cadets et juniors. En 1992, c’est l’année de gloire du football ivoirien qui décroche à Dakar le trophée de la Coupe d’Afrique des nations. Martial est sur le banc de touche. Cet entraîneur, formé en France et en Allemagne, est celui qui a obtenu « les meilleurs résultats, entraîneurs nationaux et étrangers confondus. » Louange signée Ousseynou Deing, un ancien président de le fédération ivoirienne de football.
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