L’Afrique et les championnats du monde d’athlétisme
(MFI) Les 10èmes championnats du monde d’athlétisme ont lieu du 5 au 14 août prochain a Helsinki. Coup d’œil sur la participation des Africains lors des précédentes éditions.
Palmarès : le Kenya leader et ses suivants
(MFI) En neuf éditions des Championnats du monde d’athlétisme, les Africains totalisent 152 médailles qui se répartissent de la manière suivante : 57 d’or, 53 d’argent et 42 de bronze. Quinze pays africains ont au moins été une fois sur un des trois podiums. Le Kenya a remporté à lui seul plus du tiers des médailles : 53 (21 titres), l’Ethiopie est en deuxième position avec ses 10 podiums en or. Puis suivent le Maroc (9 or), l’Algérie (6 or) l’Afrique du Sud (4 or) et le Mozambique (3 or). Les autres pays ayant au moins remporté un titre sont : la Namibie (1 or, 3 argent), la Zambie (1 or), le Sénégal (1 or, 1 bronze), la Somalie (1 or). Des pays figurent dans le palmarès avec des accessits : le Nigeria (2 argent, 3 bronze), Djibouti (2 argent), Cameroun (2 argent), Burundi (1 argent, 1 bronze) et Ouganda (1 argent). L’originalité de ce palmarès est que pour certains pays, il est le fait d’un seul athlète : cas du Mozambique (Maria Mutola), de la Namibie (Frankie Fredericks), de la Zambie (Samuel Matete), du Sénégal (Amy Mbacké Thiam), du Cameroun (Françoise Mbango) de Djibouti (Ahmed Saleh) et de l’Ouganda (David Kamoga).
Les champions africains : Gebrselassié, El Guerrouj, Mutola, les plus grands
Quelques Africains font partie des figures de légende des Championnats du monde. En premier lieu, l’Ethiopien Gebrselassié avec ses sept podiums. Il est le premier Africain à aligner quatre victoires consécutives, performance réalisée sur sa distance favorite du 10 000 m (1993,1995, 1997 et 1999). Puis, il a passé le flambeau, se classant 3ème puis 2ème lors des deux derniers championnats. A ce palmarès, il faut ajouter sa médaille d’argent sur 5 000 m en 1993. L’autre grand est le Marocain Hicham El Guerrouj avec ses cinq podiums dont ses quatre victoires d’affilée (série en cours) sur 1 500 m de 1997 à 2003. Lors des derniers championnats, le Marocain avait enrichi son palmarès avec une médaille d’argent sur 5 000 m. L’Algérien Nourredine Morceli (1 500 m) et le Kenyan Moses Kiptanui (3 000 m steeple) avec chacun trois victoires d’affilée (1991, 1993 et 1995), deux athlètes qui ont aujourd’hui remisé les pointes, figurent parmi ceux qui ont marqué les Championnats. Chez les féminines, c’est la Mozambicaine Maria Mutola qui a le palmarès le plus consistant avec ses trois titres sur 800 m en dix ans (1993, 2001 et 2003) et deux accessits (2ème en 1999 et 3ème en 1997). A noter aussi, quelques athlètes qui ont remporté à deux reprises le même titre : Billy Konchellah (800 m/Kenya), Ismael Kirui (5 000 m/Kenya), Hassiba Boulmerka (1 500 m dames/Algérie), Nezha Bidouane (400 m dames/Maroc), et Hestrie Cloete (hauteur dames/Afrique du Sud).
Les disciplines africaines : du 800 au 10 000 m
Le demi-fond et le fond sont les domaines où les Africains se sont le plus illustrés. Chez les hommes, sur 1 500, 5 000, 10 000 et 3 000 m steeple, les athlètes africains ont gagné l’essentiel des podiums. Plus de 3 médailles sur 5 ont été gagnées par un athlète africain. Ils ont trusté 31 titres sur les 36 attribués depuis le début des Championnats en 1983. Huit titres en 9 championnats ont été le fait d’athlètes africains dans les épreuves du 1 500, 5 000 et 10 000 m. Sur le 3 000 steeple, les Kenyans ont remporté six des neuf titres. Le dernier titre attribué en 2003 à Paris est revenu à un Qatari d’origine Kenyane, Stephane Cherono alias Shaheen Saif Saaeed. Le 800 m aurait pu aussi être monopolisé par les kenyans. Car lors des 9 championnats, si le dernier champion du monde africain est l’Algérien Said Guerni Djabir, les Kenyans ont remporté trois fois le titre (1987, 1991 et 1993) ; et par trois fois (1995, 1997 et 1999), un Danois d’origine kenyane, en l’occurrence Wilson Kipketer, s’est imposé.
Le point faible des Africains : le sprint et les concours
Vingt et une médailles sur 153, c’est la proportion de podiums africains sur le sprint et les concours. Huit fois seulement, des Africains ont gagné une médaille dans les concours. Il s’agit surtout de Sud-Africains (médaille d’or pour le lanceur de javelot Marius Corbett en 1997, deux médailles d’or pour la sauteuse Hestrie Cloete en 2001 et 2003, une pour le sauteur Jacques Freitag en 2003 et une médaille d’argent en 2003 pour le perchiste Okkert Brits). Les autres médailles ont été remportées par le Nigérian Ajayi Agbebaku (bronze en triple saut en 1983) et la Camerounaise Françoise Mbango (argent en triple saut 2001 et 2003). Sur le sprint court, le seul Africain de niveau mondial a été pendant longtemps le Namibien Frankie Fredericks (1 médaille d’or en 1993 et trois d’argent en 1991, 1995 et 1997) avant l’arrivée du Nigérian Francis Obikwelu (bronze sur le 200 m en 1999) devenu depuis…Portugais. Sur le sprint long, les Africains n’ont récolté que des accessits sur le 400 m : 2 médaillés d’argent à dix ans d’intervalle avec le Nigérian Innocent Egbunike (1987) et l’Ougandais David Kamoga (1997), et une de bronze avec le regretté Kenyan Samson Kitur (1993). Chez les féminines, c’est le désert. Sprint long et sprint court confondus, il n y a qu’une seule athlète qui relève le défi. Il s’agit de la Sénégalaise Amy Mbacké Thiam (400 m), championne du monde en 2001 et médaillée de bronze deux ans plus tard.
Kouassi Guesdet
Athlétisme : Doucouré favori du 110m haies au Mondial
En établissant un nouveau record de France du 110 m haies (12”97), lors des derniers championnats de France, Ladji Doucouré s’est positionné parmi les grands favoris du prochain Mondial. A seulement 22 ans, le Français d’origine africaine (père malien, mère sénégalaise) détient désormais le septième temps de l’histoire, à 6 dixièmes du record du monde co-détenu par le Britannique Colin Jackson et le champion olympique Chinois Liu Xiang (12”91), qui sera son adversaire N° 1 à Helsinki. « C’est quelqu’un de très intelligent qui depuis les cadets a toujours manifesté de la curiosité quand on parle de technique », explique son entraîneur Renaud Longuèvre. La progression de Doucouré a été fulgurante, puisqu’il s’est spécialisé sur les haies il y a seulement deux saisons. Avant, celui que l’on surnommait le « petit Ladji » en raison d’une morphologie longtemps fluette, faisait du décathlon. Après un titre de champion du monde juniors, l’année 2004 fut celle de la révélation avec une finale olympique dans laquelle il tint longtemps tête à Liu Wiang avant de chuter. Déjà sacré champion d’Europe en salle du 60 mètres haies à Madrid, il démontre avec son record de France qu’il pourrait, cette fois, être capable de devancer celui qu’il battait régulièrement dans les catégories de jeunes.
Athlétisme : Isinbayeva, la Bubka au féminin
Même méthode, même classe, même façon de calculer. La Russe Yelena Isinbayeva, qui a battu le record du monde du saut à la perche dames en franchissant une barre à 4,95 m, mi juillet à Madrid, est bien la Bubka de la perche féminine. A 23 ans, elle vient de battre son quinzième record du monde amélioré de neuf centimètres lors des seize derniers mois. Cette fois, après Lausanne, où elle avait déjà battu son record, elle a dérogé à son habitude de faire grimper la barre, comme jadis l’Ukrainien, centimètre par centimètre, expliquant ne pas avoir voulu sauter à 4,94 m en raison du souvenir de l’échec à Athènes (où elle remporta tout de même le titre olympique) à cette hauteur. Ecrasant la discipline depuis plusieurs années, la Russe se trouve aujourd’hui à seulement cinq petits centimètres des cinq mètres, barre aussi mythique pour les femmes que les six mètres l’étaient pour les hommes. Elle s’y rendra sans doute à son rythme, ménageant le suspens et son compte en banque (elle touche 50 000 dollars de bonus à chaque record battu), comme Bubka, qui a battu trente cinq fois son record, le faisait si bien. La suite ? « Je ne sais pas jusqu’où je peux aller... 5,10 m ou 5,15 m peut être. Je ne connais pas mon potentiel ».
Dopage : la fin de l’affaire Balco
(MFI) Ça fait râler Dick Pound, le patron de l’agence mondiale antidopage, mais il n’y aura pas de procès Balco. En voie de règlement sur le plan juridique après l’arrangement à l’amiable entre les inculpés, dont Victor Conte, le fondateur du laboratoire soupçonné d’avoir fourni des stéroïdes aux sportifs, et le Parquet américain, l’affaire doit maintenant trouver son épilogue sportif. L’accord conclu met en lumière la culpabilité des inculpés, qui avaient instauré un « self-service » du dopage. A disposition pour les sportifs-clients, la THG (un mélange de testostérone et d’épitestostérone donnant un stéroïde indécelable), des hormones de croissance, des stéroïdes, de l’érythropoïétine (EPO) et de la modafinil. Les sentences seront définitives après la comparution des inculpés devant le juge du Tribunal de San Francisco, le 18 octobre prochain. Le plus célèbre des quatre, Victor Conte, coupable de « distribution illégale de produits dopants et blanchiment d’argent », devrait alors être condamné à quatre mois de prison ferme, quatre mois d’assignation à résidence et deux ans de liberté surveillée. Pour les sportifs mis en cause, l’affaire ne s’arrête pas là. Sauf pour Marion Jones, accusée par Conte d’avoir utilisé ses services mais que la justice n’a jamais pu confondre par manque de preuves. Son compagnon, Tim Montgomery, lui aussi au cœur de l’affaire, attend dans les semaines à venir la décision du tribunal arbitral du sport qui pourrait aller jusqu’à une suspension à vie. La sprinteuse Chryste Gaines vient également d’être entendue par le TAS et risque la même sanction. Rappelons que le Britannique Dwain Chambers avait été le premier à tomber en prenant deux ans de suspension en février 2004, suivi en mai par la championne du monde déchue du 100 m et du 200 m des Mondiaux 2003, Kelli White.
Boxe : Hopkins ne battra pas le légendaire Joe Louis
(MFI) Il rêvait de battre le record de longévité détenu par le légendaire poids lourd Joe Louis qui a conservé sa ceinture de champion du monde pendant onze ans et deux cent cinquante quatre jours. Battu aux points le 17 juillet dernier, Bernard Hopkins compte désormais un palmarès de 46 victoires, dont 32 par KO, 3 défaites et un nul depuis ses débuts professionnels en 1988. Mais il n’entrera jamais dans la légende. Il n’était pourtant pas très loin de son but. Depuis sa première couronne (IBF) remportée en avril 1995, Hopkins était considéré comme l’indiscutable numéro 1 de la catégorie, lui qui n’avait plus connu la défaite depuis son duel face à son compatriote Roy Jones Jr en mai 1993. Mais, à 40 ans, « l’Exécuteur » a cédé face à la jeunesse de Taylor (26 ans). « Je pense que j’aurais dû bénéficier d’une décision unanime. Je l’ai touché deux fois. A partir de la cinquième ou sixième reprise, je pense l’avoir dominé. La seule chose que je n’ai pas réussi à faire, c’est le mettre KO », a regretté Hopkins. Taylor devrait accorder, selon les termes du contrat, une revanche à Hopkins, qui défendait ses ceintures pour la 21e fois. Mais comme Hopkins avait indiqué qu’il prendrait sa retraite le mois de ses 41 ans, en janvier 2006, quel que soit le résultat de ce combat, son règne semble bel et bien terminé.
Matthias Rimane
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