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17/02/2006
Football : passions d’Afrique

(MFI) Et si le football était le principal facteur d’unité de l’Afrique qui, tous les deux ans, s’enfièvre pour les compétitions de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN) ? Le football qui, depuis un peu plus de deux décennies, constitue l’une des rares fenêtres par lesquelles on porte un regard positif sur l’Afrique…

Roger Milla (Cameroun), George Weah (ballon d’or et joueur de l’année 1995, ancien attaquant de pointe du Milan AC en Italie et… candidat aux élections présidentielles dans son pays, la Sierra Leone), Samuel Eto’o Fils (3ème joueur mondial en 2005 et goléador du FC Barcelone depuis 2004), Dider Drogba (Chelsea, en Angleterre), Michaël Essien (Chelsea)…, autant de noms qui font tressaillir de joie les férus du ballon rond. Et deviennent des légendes vivantes dans leurs pays d’origine. Un tournant a sans doute été pris en 1998, lors de la Coupe du monde organisée en France, qui a vu cinq nations africaines en compétition pour la première fois.
En Afrique, le football est le sport-roi. Cela fait plus de quatre décennies que son hégémonie est établie. Parmi les gloires du passé, il faut évoquer dans les années 60 le Mozambicain Eusébio, surnommé « la Panthère noire », dont une statue orne encore le club portugais qui l’avait accueilli, le Benfica de Lisbonne, ou encore en France le Malien Salif Kéita, un des rares sportifs à avoir réussi sa conversion dans la politique et les affaires. La figure de Roger Milla s’impose dans la période récente : l’avant-centre des Lions indomptables du Cameroun a effectué une carrière glorieuse en France avant d’exploser lors de la Coupe du monde de football en 1990, en Italie.

Les débordements de la passion

La suprématie et la popularité de ce sport s’expliquent, d’une part, par le nombre de ses pratiquants et surtout de ses fans, et d’autre part, par la passion et les enjeux qui l’entourent. De ce fait, le football est un refuge du nationalisme. Les prouesses, mais aussi les contre-performances des équipes nationales, donnent très souvent lieu à des discours à forts accents nationalistes, mais aussi xénophobes, et peuvent déclencher les passions. Au début des années 1980, des centaines de Camerounais établis depuis de nombreuses années à Libreville, avaient été expulsés du Gabon à la suite de heurts entre supporters gabonais et camerounais, l’affaire jetant pendant longtemps un coup de froid dans les relations diplomatiques entre les deux pays d’Afrique centrale.
Même chose en 1996, où à la suite d’un match de la Coupe d’Afrique des clubs champions entre deux formations vedettes, l’Asec d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et l’Ashanti Kotoko de Koumassi (Ghana), des affrontements graves s’étaient produits entre les Ivoiriens et les Ghanéens : en Côte d’Ivoire notamment, les supporters s’en étaient pris violemment aux ressortissants ghanéens vivant depuis plusieurs années dans le pays. En 2005 encore, lors d’un match disputé à Bamako, après la défaite de leur équipe nationale face au Togo, des centaines de supporters maliens ont molesté des ressortissants togolais et se sont livrés à des saccages dans la capitale. Et en 1994, les mauvais résultats des Lions indomptables du Cameroun – dont l’entraîneur était français – à la Coupe du monde avaient suscité une vague de sentiments anti-français dans le pays, et réveillé des critiques endormies contre une France jugée responsable « de tous les déboires politiques et économiques du Cameroun depuis la fin des années 1950 ». Des supporters déçus avaient scandé les noms de Um Nyobé, Ernest Ouandié, Félix Moumié, leaders nationalistes camerounais…

L’enjeu politique et économique

Les pouvoirs publics, pour leur part, utilisent volontiers le football comme thème de mobilisation. Au Cameroun, les victoires fréquentes de l’équipe nationale – cinq participations à la phase finale de la Coupe du monde – sont exploitées par le chef de l’Etat, qui invite avec constance ses concitoyens à suivre l’exemple des Lions indomptables pour contribuer au développement du pays… Parmi d’autres, les Super Eagles du Nigeria, 8ede finalistes à la World Cup 94, ou les Lions de la Téranga au Sénégal, occupent une place de choix dans le dispositif de propagande des autorités. Lesquelles peuvent avoir la dent dure : en 2000, en Côte d’Ivoire, le général Robert Gueï envoie les joueurs de l’équipe nationale dans un camp militaire après leur contre-performance en Coupe d’Afrique, reproduisant à distance le geste, en 1974, du président zaïrois Mobutu, jetant en prison les 22 joueurs de l’équipe nationale.
La bonne tenue dans le football mondial des Sénégalais, Camerounais ou Nigérians contraste avec la faible structuration du milieu du football sur le continent, où les instances dirigeantes sont abondamment critiquées : amateurisme, corruption, absence d’une politique de promotion des talents, dans une pénurie généralisée d’infrastructures. La situation pousse parfois la FIFA (Fédération internationale de football association), à brandir des menaces de sanction, et parfois à passer à l’acte. Quelques pays tirent tout de même leur épingle du jeu. Au Maroc, en Tunisie, en Egypte, et dans une moindre mesure en Algérie, le milieu du football est mieux structuré et l’on tend vers le professionnalisme. Les résultats suivent : les clubs issus de ces championnats dominent les compétitions africaines depuis quelques années.
L’enjeu économique est considérable : chaque organisation par le pays hôte de la Coupe d’Afrique des nations de football est l’occasion d’investissements massifs, non seulement dans les infrastructures d’accueil des compétitions, mais aussi dans les équipements urbains (routes, télécommunications…) et permet de « doper » le secteur touristique : la CAN 2002 au Mali a été un grand chantier d’Alpha Oumar Konaré avant la fin de son mandat ; il a permis notamment de dynamiser un secteur hôtelier jusqu’alors très insuffisant. Au plan sportif, la CAN sert de test de grande ampleur pour l’équipe nationale, comme on l’a vérifié en 2004 avec la Tunisie qui, depuis, a amélioré significativement ses performances au plan international.

Gervais Nitcheu

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