accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Sport Liste des articles

05/04/2001

Football : assez de CAF…ouillages

(MFI) Les incidents qui ont marqué, le 24 mars dernier à Addis-Abeba, la dernière journée des matches de poule de la Coupe d’Afrique des nations juniors sont suffisamment graves pour nous inciter aujourd’hui à tirer la sonnette d’alarme.

La recrudescence de la violence dans les stades, alors qu’on avait enregistré une embellie depuis cinq ou six ans, est une évidence. D’autant plus inquiétante qu’elle s’est produite, à plusieurs reprises, devant les responsables de la Confédération africaine de football (CAF), sans que des sanctions exemplaires aient été prises.
Le premier choc remonte au 28 mai 2000 où, en raison de l’envahissement de la pelouse du stade Modibo Keita à Bamako, le match retour des huitièmes de finale de la Ligue des champions entre le Djoliba et l’Espérance de Tunis est arrêté avant son terme. De sérieux incidents émaillent la rentrée aux vestiaires des arbitres. Moins d’un mois plus tard, coup d’envoi des éliminatoires de la Coupe du monde, la rencontre entre la Libye et le Cameroun se déroule sous le jet incessant de projectiles de toutes sortes. Le 9 juillet, drame à Harare, treize morts à la suite de bousculades après la défaite, chez lui, du Zimbabwe devant l’Afrique du Sud. Le 25 novembre, finale à Johannesbourg du championnat d’Afrique féminin : match arrêté à la soixante douzième minute pour, là encore, envahissement du terrain alors que les Sud-Africaines sont dominées par les Nigérianes. Le 17 décembre à Accra, nouveaux incidents à l’occasion de la finale retour de la Ligue des champions qui oppose les Hearts of Oak et l’Espérance de Tunis. En cherchant bien, on n’aurait pas de mal à citer bien d’autres cas, dans des compétitions nationales.

Au moins six cas extrêmement graves depuis un an

La cote d’alerte a été atteinte à l’occasion de la CAN juniors où la CAF n’a pas hésité à changer ses propres règlements en cours de compétition, récompensant les Ethiopiens organisateurs de l’événement – en leur ouvrant notamment la porte du championnat du monde de la catégorie –, pourtant premiers responsables des incidents ayant contraint les officiels à arrêter la rencontre Cameroun-Egypte. Pouvait-on reprocher aux jeunes Camerounais et Egyptiens de ne pas se livrer à fond alors que les résultats précédents les avaient placés en tête de leur poule et qu’un résultat nul qualifiait les deux équipes ? Si de telles circonstances, concernant une équipe africaine, s’étaient produites à l’occasion d’une phase finale de Coupe du monde, personne n’aurait trouvé à redire. Les autorités du football africain ont préféré condamner les joueurs plutôt que le pays organisateur incapable d’assurer la sécurité dans son stade.
C’est bien là tout le problème. La CAF, sérieusement ébranlée il y a trois ans par les élections présidentielles de la Fédération internationale (Fifa), a choisi depuis de restaurer la paix et le consensus dans une famille forte de cinquante deux enfants. En fermant les yeux sur le comportement de certains garnements en mal d’auto-discipline et de savoir-vivre. Non, les joueurs ne sont pas tous coupables, non, les arbitres ne sont pas les ennemis, ni les joueurs, ni de certains pays, scénario que cherchent à accréditer les dirigeants qui n’acceptent pas d’endosser leurs propres responsabilités. A Addis-Abeba, la CAF a infligé une sanction d’une année de suspension au défenseur égyptien Mohamed Abdallah El Ghobashy, coupable d’avoir craché sur l’arbitre féminine du match Ethiopie-Afrique du Sud, peine sévère mais justifiée. Après l’envahissement du terrain pendant la rencontre Cameroun-Egypte, elle n’a donné qu’une amende de 2 000 dollars à la Fédération éthiopienne (chaque année, comme ses semblables, la Fédération de ce pays reçoit 250 000 dollars de la Fifa !).

Des sanctions a minima

Le football africain est en train de retomber dans des comportements qu’on croyait appartenir au passé. Certains les expliquent par la crise économique endémique qui accable le continent, par le nombre sans cesse grandissant de jeunes chômeurs en proie à la désespérance. En réalité, c’est que dans un monde de compétition de plus en plus sévère, où seuls les plus débrouillards parviennent à tirer leur épingle du jeu, plus personne n’accepte l’idée de défaite. Et que les vaincus n’hésitent pas à descendre sur les terrains pour faire un mauvais sort à ceux qu’ils désignent comme les coupables des échecs de leur équipe. Si la prévention ne suffit plus, seules les sanctions parviendront à annihiler la recrudescence de violence dans les stades. L’heure n’est pas aux cafouillages, pas davantage qu’à un consensus émollient. Il est temps de restaurer une certaine autorité afin de mieux protéger le jeu et les joueurs.

Gérard Dreyfus





retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia